28 novembre 2014

L’OMS plaide pour une action rapide en matière de changements climatiques

Brèves d'actualité

Pour la première fois, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a réuni près de 300 représentants des États et experts sur la santé et le changement climatique dans le cadre d’une conférence internationale, à Genève. Les discussions qui y ont été tenues, à la fin du mois d’août dernier, doivent permettre de formuler des recommandations en vue des prochains sommets sur le climat, notamment la COP21, qui aura lieu à Paris, en 2015. « Le secteur de la santé doit agir rapidement et de manière résolue afin de promouvoir des stratégies intelligentes en matière de climat », ont averti les experts de la santé et du climat.

L’OMS estime que, chaque année, 250 000 décès supplémentaires pourraient être imputés à la malnutrition, au paludisme, à la diarrhée et au stress lié à la chaleur, entre 2030 et 2050. Les coûts sanitaires directs sont chiffrés entre deux et quatre milliards de dollars par an d’ici 2030.

L’OMS craint une plus grande propagation des maladies infectieuses, comme le paludisme, la dengue ou le choléra, puisque le cycle de transmission de ces maladies est notamment déterminé par la chaleur et l’humidité. Dans son discours en ouverture de conférence, le directeur général de l’OMS, Dr Margaret Chan, mentionnait que « le climat influe également sur l’apparition de nouvelles maladies. Environ 75 % des maladies humaines ont leur origine chez les animaux domestiques ou sauvages. Les variables climatiques, notamment celles qui influent sur la disponibilité des denrées alimentaires et de l’eau ont un impact direct sur les populations d’animaux sauvages, leur concentration et leur incursion dans les zones habitées. Les modifications qui interviennent dans les populations animales sous l’influence du climat peuvent permettre à un agent pathogène présent chez l’animal de franchir la barrière des espèces et d’infecter l’être humain, comme dans le cas du virus Nipah, en Malaisie, et de l’hantavirus, aux États-Unis d’Amérique. Dans ce dernier cas, l’apparition d’une grave maladie respiratoire était liée à une longue période de sécheresse, suivie de fortes pluies, qui avait touché les populations de souris sylvestres. »

Par ailleurs, selon l’OMS, l’accroissement des phénomènes climatiques extrêmes devrait faire de nombreuses victimes. Outre les victimes directes et les déplacements de population qu’ils provoquent, ces événements sont propices au développement de maladies infectieuses, perturbent les services d’approvisionnement en eau et en nourriture et alimentent les conflits. Le stress thermique constitue une des priorités sanitaires de l’OMS pour les prochaines décennies. « Au-delà d’un certain seuil, chaque degré Celsius supplémentaire est susceptible d’accroître la mortalité de 2 à 5 % », indiquent l’OMS et l’Organisation mondiale météorologique (OMM). Les chaleurs extrêmes favorisent également les concentrations en pollen. En effet, l’augmentation des températures et des concentrations de CO2 attribuables aux changements climatiques peuvent entraîner des changements dans la production, la distribution et la dispersion des aéroallergènes, de même que dans le potentiel allergène des pollens. Les changements climatiques sont également responsables de l’allongement de la saison de croissance des plantes.

L’organisme croit toutefois que des mesures d’adaptation pourraient sauver des vies en préparant mieux les communautés à faire face aux effets de la chaleur, des conditions climatiques extrêmes, des maladies infectieuses et de l’insécurité alimentaire. Par exemple, des changements dans les politiques énergétiques et les transports pourraient éviter chaque année des millions de décès attribuables à la pollution de l’air. De tels changements permettraient également de réduire la charge de morbidité associée à la sédentarité et aux accidents de la route.

L’OMS a instauré un bureau commun avec l’OMM afin de coordonner le développement et l’utilisation de services climatologiques pour améliorer la santé publique. [MB]

 

Références :

www.who.int/mediacentre/news/releases/2014/climate-health-risks-action/fr/

www.who.int/dg/speeches/2014/health-climate-conference/fr/

www.actu-environnement.com/ae/news/oms-sante-changement-climatique-effets-sanitaires-dengue-palud-22554.php4