2 décembre 2010

État de situation dans l’Arctique canadien

Publication

Le Programme de lutte contre les contaminants dans le Nord (PLCN ou NCP en anglais) a été mis en place en 1991 en réponse aux préoccupations sans cesse grandissantes quant à l’exposition des populations à des contaminants présents dans leur nourriture traditionnelle. Ce programme affecte des fonds à la recherche dans plusieurs secteurs, dont celui de la santé humaine. C’est dans ce contexte que le Canadian Arctic Human Health Assessment réalise depuis le début du programme, en association avec le Circumpolar Arctic Monitoring and Assessment Programme (AMAP), des études sur l’imprégnation humaine et ses effets sur la santé, sur les habitudes alimentaires et sur la façon de communiquer du risque. Les populations concernées vivent au Nunavik, au Nunavut, à Inuvialuit et au Nunatsiavut.

L’ampleur du programme s’explique par l’aspect exceptionnel de la situation dans le Nord en raison :

  • de l’importance accordée à l’alimentation traditionnelle de la population pour des raisons sociales, économiques, nutritionnelles, spirituelles, psychologiques et culturelles;
  • de l’apport élevé en contaminants occasionné par la consommation des aliments traditionnels;
  • des risques de changements du mode alimentaire sur le statut nutritionnel.

Le contexte auquel sont confrontées les populations et les autorités de santé publique vivant dans l’Arctique est donc très complexe et étant donné l’offre alimentaire, elle ne peut être dénouée par la diffusion d’un avis de santé ou par des propositions de substituts.

L’article intitulé « Environmental contaminants and human health in the Canadian Arctic » publié dans Science of the Total Environment (Donaldson et al., 408 2010 : 5165-5234) synthétise les résultats de la troisième phase du programme (2002-2008), dont les objectifs visaient à :

  • fournir des données sur les changements dans les concentrations de contaminants des populations;
  • identifier les contaminants émergents;
  • discuter des effets sur la santé liés à l’exposition à ces contaminants;
  • présenter les principaux enjeux liés à la communication du risque dans ce contexte;
  • proposer des avenues de recherche et de surveillance à partir des lacunes identifiées dans les connaissances.

Les principaux résultats indiquent que globalement, les bénéfices nutritionnels et culturels de l’alimentation traditionnelle sont substantiels. Toutefois, les enquêtes alimentaires révèlent une diminution de la consommation de nourriture traditionnelle.

On observe par ailleurs une diminution significative de l’exposition à la plupart des contaminants dans le sang maternel depuis les dix dernières années au sein des régions étudiées. Par contre, les Inuits ont encore les concentrations les plus élevées pour la plupart des composés organiques persistants (POPs) et des métaux parmi les groupes étudiés. Les populations de l’Est ont des concentrations en BPC et en mercure qui excèdent les recommandations de Santé Canada, et ce, malgré une diminution observée depuis la phase précédente du programme. Des études supplémentaires et des activités de surveillance sont nécessaires afin de mesurer les tendances et les effets des contaminants émergents sur la santé.

Les études sur le développement des enfants ont montré des effets subtils possibles en lien avec l’exposition prénatale aux métaux lourds et quelques-uns des composés organiques persistants sur la fonction immunitaire et le neurodéveloppement. Par ailleurs, de nouvelles données suggèrent d’importants effets bénéfiques de quelques nutriments provenant des aliments traditionnels.

Les études sur la communication du risque depuis les débuts du programme ont conduit à considérer la gestion du risque en intégrant les risques et les bénéfices dans les messages en les incorporant à d’autres messages santé et surtout en considérant le point de vue des experts régionaux et de la communauté. [CL]