Théorie et méthodologie

La méta-analyse : bien plus que le simple calcul d’un effet combiné!

La méta-analyse est une démarche statistique qui permet de synthétiser quantitativement, par le calcul d’un effet combiné (ou poolé), les résultats d’études indépendantes ayant trait à une question de recherche bien précise. Cette synthèse des résultats est subséquente à une revue systématique et implique une méthodologie rigoureuse qui a pour but, entre autres, d’assurer l’impartialité de la synthèse et sa reproductibilité. Si elle est utilisée de manière appropriée, la méta-analyse permet une évaluation plus objective de la littérature comparativement à la revue narrative traditionnelle1. Elle permet de tirer des conclusions significatives à partir de l’ensemble des données publiées, se faisant ainsi un outil puissant pour soutenir la prise de décision, notamment pour la santé publique.

En soi, le calcul d’un effet combiné est relativement simple. La mise en commun des données de plusieurs études permet d’augmenter la puissance statistique, générant ainsi un effet combiné généralement plus précis, et qui peut sembler plus fiable. Toutefois, une telle synthèse statistique a une tendance inhérente à simplifier la complexité des devis et des méthodes utilisées dans les études sélectionnées. Un certain nombre de conditions doivent donc être remplies ou évalués avant que les données puissent être quantitativement combinées, sans quoi l’effet combiné estimé sera biaisé et les conclusions en découlant possiblement inexactes2-5.

À partir d’un exemple tiré de la littérature scientifique, les lignes qui suivent mettent en évidence certaines considérations méthodologiques en lien avec l’interprétation et la synthèse des résultats de différentes études. Plus précisément, ces considérations sont mises en évidence par la critique d’une publication de Pieters et al.6, dans laquelle les auteurs ont systématiquement revu et méta-analysé 29 études épidémiologiques portant sur l’association entre l’exposition à la pollution atmosphérique particulaire et la variabilité de fréquence cardiaque. La variabilité de fréquence cardiaque est un marqueur physiologique de l’altération du système nerveux autonome, postulé comme étant un des principaux mécanismes par lequel la pollution de l’air pourrait occasionner des évènements cardiovasculaires aigus, tels que l’infarctus du myocarde7-10. Soulignons que les considérations discutées ci-dessous ne sont pas spécifiques à la méta-analyse des études épidémiologiques de la pollution de l’air; elles peuvent s’appliquer à d’autres types d’effets sanitaires et d’autres types d’exposition de nature environnementale ou autre.