Synthèse de publications scientifiques récentes

Formation, information et pratiques des médecins généralistes en santé environnementale

Les risques pour la santé qui sont associés à la dégradation des conditions environnementales font quotidiennement la manchette des médias, sensibilisant médecins et patients (et la population dans son ensemble) à ces enjeux, faisant naître de nombreuses interrogations de part et d’autre. Au Québec comme en France, les médecins généralistes agissent auprès de leurs patients comme clinicien et souvent comme acteur de prévention des risques sanitaires liés à l’exposition environnementale.

Quelles sont les préoccupations des patients adressées à leur médecin généraliste? Quelles sont les réponses fournies par ces derniers? Ces médecins sont-ils préparés à leur répondre adéquatement? Comment eux-mêmes perçoivent-ils ces problématiques souvent émergentes?

Dans son édition d’avril 2012, l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES) répond à plusieurs de ces questions. Faisant suite aux résultats obtenus lors du Baromètre médecin de 2010, l’article de Ménard, Léon et Benmarhnia, présente plus spécifiquement les résultats obtenus par sondage téléphonique du volet santé et environnement obtenus auprès de 752 médecins généralistes français. En voici les points saillants.

Le manganèse dans l’eau potable et les performances scolaires chez des enfants bangladais

Le manganèse est un élément essentiel à la santé, impliqué dans la formation et le développement des os, la constitution de diverses métalloenzymes et le métabolisme des acides aminés, des glucides et du cholestérol. Le manganèse dans l’eau est principalement connu pour ses caractéristiques organoleptiques : il peut tacher les vêtements et les appareils domestiques, en plus de donner mauvais goût à l’eau.

Le manganèse est reconnu comme une substance neurotoxique à des concentrations importantes dans l’air, effet constaté principalement chez les travailleurs exposés. On a longtemps considéré que le manganèse ingéré était sans danger pour la santé (jusqu’à 11 mg/jour chez l’adulte). Or, depuis quelques années, certaines études ont associé des effets neurotoxiques subtils chez les enfants d’âge scolaire à l’exposition au manganèse dans l’eau potable à des concentrations entre 0,3 et 0,4 mg/litre.

Que faut-il améliorer dans la surveillance des zoonoses au Québec?

Collaboratrice :
Florence Danner, Agente d'information Mon climat, ma santé à la Direction de la santé environnementale et de la toxicologie, équipe des changements climatiques.

Virus du Nil occidental, maladie de Lyme, rage du raton laveur… durant la dernière décennie, plusieurs zoonoses ont émergé au Québec ou au Canada. Comment relever les défis posés par les zoonoses dans le contexte des changements climatiques?

La Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal, dans le cadre d’un mandat de l’Institut national de santé publique du Québec, a effectué en 2011 une consultation auprès d’experts sur l’état de la surveillance des zoonoses au Québec dans ce contexte en mutation. Publié en octobre 2012, le rapport issu de la consultation dresse un portrait de la situation et met en exergue les points à améliorer dans le contexte des changements climatiques. Il repose principalement sur une approche qualitative avec un…

Étude sur la qualité de l’air intérieur d’une vingtaine de services de garde à l’enfance situés à Montréal

Au Canada, comme dans la plupart des pays industrialisés, et ce, en grande partie en raison de l’arrivée des femmes sur le marché du travail, la proportion d’enfants qui fréquentent les services de garde à l’enfance (SGE) a nettement augmenté. À Montréal, en 2008, plus de 210 000 enfants fréquentaient des centres de la petite enfance (CPE) et des garderies privées. Pour les enfants, une mauvaise qualité de l’air intérieur (QAI) dans ces établissements représente un risque potentiel de développer certains problèmes de santé, principalement des atteintes du système respiratoire. Malgré le fait que la QAI dans les SGE peut affecter la santé respiratoire des enfants, peu d’études ont porté sur ce sujet.

Validité et utilisation de l’indice UV

L’Indice UV est une mesure simple de l’intensité du rayonnement ultraviolet (UV) qui atteint la surface terrestre, de même qu’un indicateur de risque de lésions cutanées. En 2002, cet indice est devenu également un outil de sensibilisation aux rayons UV utilisé à travers le monde, incluant le Canada (la figure 1 illustre cet indice tel qu’il est utilisé au Québec).

Cet indice est d’abord représenté sous une forme numérique (chiffres de 0 à 11+). Il est aussi accompagné d’une appréciation de l’intensité du rayonnement puis d’un message de protection. Plus la valeur de l’Indice est élevée, plus le risque de lésions cutanées et oculaires est grand et moins il faut de temps pour que ces lésions apparaissent. D’un pays à l’autre, les messages de protection varient, mais l’échelle qui lie l’indice à la description est la même (voir figure 1). Une valeur de 3 a été considérée comme la valeur seuil à partir de laquelle des messages de protection devraient être transmis à la population.

Plombémie chez les enfants et proximité des aéroports

Alors que le plomb a été retiré de l’essence au Canada et aux États-Unis depuis plusieurs années, le carburant destiné aux petits avions à pistons, le AVGAZ, fait l’objet d’une exception, et peut contenir jusqu’à 0,56 gramme par litre de plomb. En raison de la toxicité connue du plomb, cette situation soulève des préoccupations de santé publique pour les populations avoisinant les aéroports qui accueillent ce type d’appareils. C’est sur cette question que s’est penchée une équipe de chercheurs de l’Université Duke, en Caroline du Nord (Miranda et al. 2011).

Plus spécifiquement, ces chercheurs ont cherché à savoir si le fait de vivre à proximité de petits aéroports pouvait entraîner une augmentation de la plombémie chez les jeunes enfants. L’existence dans cet État d’un programme systématique de surveillance de la plombémie des jeunes enfants représentait un avantage appréciable, en raison de la très grande puissance statistique en découlant, pour réaliser une telle étude.

Symptômes physiques non-spécifiques chez la population générale liés à l’exposition aux radiofréquences

Une variété de symptômes physiques non spécifiques (SPNS) tels que l’apparition de rougeurs, de picotements, d’étourdissements, des sensations de brûlure au visage, de fatigue, de difficulté de concentration, de nausées, des palpitations cardiaques et des problèmes digestifs sont parmi les problèmes les plus souvent mentionnés comme étant en lien avec l’exposition aux RF. Selon la littérature, la prévalence de ces symptômes se situerait entre 3,5 et 10 % au sein de la population générale (Baliatsas, 2012). Toutefois, il y a peu d’évidences scientifiques supportant une relation causale entre l’exposition aux CEM à faible intensité (sous les valeurs établies par la Commission internationale de protection contre les rayonnements non ionisants) et ces effets. L’Organisation mondiale de la santé précise que bien que ces symptômes soient réels, il n’existe pas de base scientifique permettant d’établir un lien entre ces derniers et l’exposition (OMS, 2005).

Récemment, des…

Rejets accidentels de matières dangereuse résultant d'aléas naturels : un portrait de la situation aux États-Unis

Quel trait particulier ont en commun les ouragans Katrina et Ike, qui ont ravagé le Sud américain en 2005 et 2008 respectivement ainsi que le séisme et le tsunami qui eux, ont dévasté le Japon en 2011? Ces aléas naturels ont été à l’origine d’accidents technologiques qui ont entraîné le rejet de matières dangereuses dans l’environnement. Ces situations sont aussi connues sous le nom de « natech », une contraction des mots anglais natural hazards et technological disasters.

La manifestation d’un aléa naturel d’origine hydrométéorologique (précipitations, ouragans, foudre, inondations …) ou géologique (mouvement de terrain, séisme …) peut entraîner, par effet domino, plusieurs autres aléas, y compris ceux de nature technologique. Cette séquence d’incidents peut avoir pour effet le rejet accidentel de matières dangereuses et entraîner des impacts environnementaux, sanitaires et sociaux variés à court, moyen et long termes, de même que des conséquences socioéconomiques importantes dans les régions touchées.

Évaluation des impacts sur l’environnement – un guide complet pour les professionnels

L’évaluation des impacts sur l’environnement est un processus relativement récent qui a vu le jour aux États-Unis à la fin des années 1960. Son implantation dans les pays francophones a été plus tardive et des pays tel que le Canada et la France y ont joué un rôle de pionnier. Au Québec, l’évaluation et l’examen des impacts sur l’environnement de projets majeurs sont encadrés par la Loi sur la qualité de l’environnement (L.R.Q., chapitre Q-2). Les conseillers en santé environnementale des différentes directions régionales de santé publique sont souvent appelés à prendre part à ce processus et doivent parfois réagir dans un délai très court.

Peu de documentation générale portant sur ce type d’évaluation est disponible en français. Pour pallier à cette lacune, l’Institut de l’énergie et de l’environnement de la Francophonie a produit un livre destiné d’abord à la formation des étudiants universitaires intéressés par l’évaluation des impacts sur l’environnement. Il s’adresse également à toute personne impliquée dans un processus d’évaluation d’un projet en développement, tel qu’un professionnel de l’évaluation des impacts sur l’environnement, un maître d’ouvrage, un décideur, un membre d’une organisation ou un membre du public.

Risque de mortalité non-accidentelle et cardiovasculaire au Canada associé à l’exposition à long terme aux particules fines

Les particules sont omniprésentes dans l’air. Elles sont constituées d’un mélange de matières solides et de gouttelettes liquides de composition et de taille variables. L’exposition à court et à long terme aux particules en suspension dans l’air cause des effets néfastes sur la santé. De nombreuses études épidémiologiques ont mis en évidence un lien entre les niveaux atmosphériques de particules et la survenue ou l’aggravation de pathologies cardio-respiratoires1. L’exposition aux particules fines de diamètre inférieur à 2,5 micromètres (PM2,5) a entre autres été associée à la mortalité cardiovasculaire et mêmes à des causes de mortalité plus spécifiques telles que la cardiopathie ischémique1. À ce jour, peu d’études ont investigué les effets de l’exposition à long terme aux PM2,5 sur la mortalité pour certaines causes spécifiques, à partir d’une cohorte. Ceci s’explique, entre autres, par les défis méthodologiques que posent ce type d’étude (complexité à rassembler une large…