2 décembre 2010

Bronzage artificiel : un enjeu en prévention des cancers de la peau

Publication

En 2009, le Centre international de recherche sur le cancer de l’Organisation mondiale de la santé classait les ultraviolets artificiels dans le groupe des agents carcinogènes pour l’homme, au même titre que la cigarette et l’arsenic. La position de l’organisme s’appuyait sur un solide examen d’études épidémiologiques et d’études portant sur le mécanisme de génotoxicité induite par les rayons ultraviolets (UV) artificiels. Déjà, de nombreux pays dont la France, l’Autriche, la Finlande et la Grande-Bretagne ont resserré les règles entourant l’utilisation des lits de bronzage et plus particulièrement en interdisant leur accès aux moins de 18 ans. Aux États-Unis, cette intervention est d’ailleurs fortement recommandée par Fischer et James dans un texte publié dans le prestigieux New England Journal of Medicine (363 (10) sept 2 2010).

Pour bien comprendre les enjeux sanitaires liés à l’exposition aux dispositifs de bronzage, le rapport produit par l’Institut national du cancer, une agence française chargée de coordonner la lutte contre le cancer, est un ouvrage d’un grand intérêt. Intitulé Installation de bronzage UV. État des lieux des connaissances sur les risques de cancer rassemble les données scientifiques sur le sujet en réponse à une demande de la Direction générale de la santé. Le document devait faire le point sur trois aspects spécifiques, soit : évaluer le risque de cancer associé à la pratique du bronzage par UV artificiels; proposer une évolution des mesures de prévention françaises, notamment sur la réglementation; suggérer la création d’outils permettant une meilleure application des mesures existantes.

La section sur l’état des connaissances des effets du rayonnement UV artificiel brosse un portrait des nombreux effets biologiques sur la peau, sur l’œil, sur les défenses immunitaires, sur la structure chimique de l’ADN (photogénotoxicité), sur la genèse des cancers (photocancérogénèse) et sur le vieillissement photo-induit. Les facteurs de risque individuels des cancers cutanés (phototype, c’est-à-dire la teinte de la peau, la couleur des cheveux et la présence de taches de rousseur) sont par la suite examinés. Enfin, les auteurs du document mettent en évidence ce qu’on connaît des mécanismes de la génotoxicité induite par les UV et sur ceux liés à la carcinogenèse par les UV. Les connaissances à développer sur les effets biologiques des UV et sur la quantification du risque de cancer sont également identifiées.

Enfin, les études épidémiologiques analysées dans ce document, en particulier une étude menée en Islande où l’usage des UV est particulièrement répandu, confirment le lien entre le risque de mélanome et l’exposition aux UV artificiels. [CL]

Pour consulter le rapport : www.e-cancer.fr, rubrique prévention.

La situation au Canada

Selon les données du National Sun Survey mené en 2006 auprès de 7 000 Canadiens sur leurs habitudes d’exposition aux UV, on observe que près de 30 % des jeunes femmes âgées de 16 à 24 ans avaient utilisé des équipements de bronzage artificiel au cours de 12 derniers mois. Cette proportion étant plus élevée que pour les autres groupes d’âge de même sexe et que chez les garçons.  Source: Société canadienne du cancer. National Sun Survey. Highlights Reports. July 10, 2008

Par ailleurs, comme l’indique la Société canadienne du cancer, les taux d’incidence du cancer du mélanome (la forme la plus fatale de cancer de la peau) augmentent d’année en année à un rythme de 1,8 % chez les hommes et de 1,0 % chez les femmes. On ne peut toutefois imputer avec certitude le risque attribuable à l’exposition aux UV artificiels.

Référence supplémentaire : site Web de l’Association canadienne de dermatologie
www.dermatology.ca/french/bronzageartificiel/index.html