14 mai 2010

Avis sur les risques liés aux nanomatériaux

Brèves d'actualité

L’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (Afsset) a publié en mars dernier son Évaluation des risques liés aux nanomatériaux pour la population générale et pour l'environnement.

Autrefois confinées dans les laboratoires, les nanoparticules sont désormais présentes dans le monde de l’industrie. On constate une grande diffusion des nanomatériaux manufacturés à travers de nombreux produits de consommation courante et ceux-ci se retrouvent dans plusieurs secteurs dont ceux du cosmétique, de l’hygiène, du textile et du bâtiment. Il existe plus de 1 000 produits dans le monde contenant des nanoparticules dont au moins 246 sur le marché français. Parmi ces produits, se retrouvent entre autres des chaussettes antibactériennes, des laits solaires, du ciment et même des produits alimentaires.

Crédit photo : Istock

Cette situation conduit à s’interroger sur l’exposition des consommateurs et de la population générale à ces nanomatériaux. Plusieurs publications récentes ont mis en évidence la dangerosité potentielle de certains nanomatériaux, notamment les nanotubes de carbone et les nanoparticules de chrome-cobalt, dans des essais sur des modèles animaux et in vitro. Par conséquent, les experts mandatés par l’AFSSET, ne peuvent exclure l’existence d’effets sanitaires sur l’homme ni de conséquences sur l’environnement à la suite d’une exposition à des nanomatériaux.

Les nanomatériaux

Les nanomatériaux sont composés de structures dont au moins une des dimensions varie entre 1 et 100 nanomètres, leur conférant ainsi des propriétés physico-chimiques ou biologiques particulières. Les structures nanométriques permettent d’obtenir de nouveaux matériaux présentant des propriétés mécaniques, électriques, magnétiques, optiques et autres qui se distinguent parfois des propriétés du même matériau à une échelle différente. En raison des nombreuses applications novatrices que laissent entrevoir ces propriétés, les nanomatériaux constituent un domaine de recherche scientifique et une technologie en plein essor.

Source : Afsset

En raison de l’absence de données sur les risques potentiels des nanomatériaux chez l’humain, l’Agence émet quelques mesures souhaitables qui concernent à la fois les nanoparticules manufacturées déjà sur le marché et les futurs nano-produits. Il est d’abord recommandé d’informer les consommateurs sur les produits contenant des nanoparticules pour qu’ils puissent choisir en toute connaissance de cause de consommer ou de ne pas consommer des nano-produits. Cela pourrait se faire, entre autres, par un étiquetage compréhensible par le consommateur, spécifique aux nanomatériaux présents dans le produit. La limitation de l’exposition des consommateurs, de l’environnement et des travailleurs liés à cette industrie est aussi envisagée. Dans ce cas, il pourrait notamment s’agir d’en restreindre l’usage lorsqu’il existe des produits équivalents en termes de fonction, d’efficacité et de coût, et ne contenant pas de nanoparticules. Cela s’appliquerait aussi dans le cas où l’utilité démontrée serait faible sur la base d’une analyse de type bénéfice/risque. Enfin, on souligne l’importance de faire progresser les connaissances sur l’exposition et la dangerosité des nanoparticules.

Pour en savoir plus, vous pouvez également consulter les présentations d’un colloque organisé par la Commission Européenne sur le sujet, tenu en novembre dernier à Bruxelles. [Louis Saint-Laurent, INSPQ]