20 mai 2013

Analyse des impacts potentiels des émissions de plomb provenant des activités de l’aéroport de Saint-Hubert sur la santé de la population vivant à proximité

Publication

En juin 2012, deux publications ont attiré l’attention de la Directrice de santé publique de la Montérégie. Un rapport de Santé Canada indiquait que les activités d’aviation contribuaient à l’émission d’une quantité non négligeable de plomb atmosphérique et des chercheurs américains mettaient en évidence la contribution du plomb contenu dans l’essence d’aviation (avgas) sur les concentrations sanguines de plomb chez les enfants. Ces résultats ainsi que des demandes provenant des citoyens de Neuville et de la mairesse de Longueuil ont incité la Direction de santé publique (DSP) à réaliser une analyse de risque pour évaluer la pertinence de procéder à des plombémies chez les personnes (plus particulièrement les enfants) vivant à proximité de l’aéroport de Saint-Hubert.

Les données de la littérature récente semblent indiquer que le plomb peut causer des effets sur la santé même à de faibles doses d’exposition. Les scientifiques questionnent actuellement l’existence d’un seuil sans danger, particulièrement en ce qui concerne la neurotoxicité pour le développement. Les enfants en bas âge constituent le groupe le plus vulnérable.

Au Québec, il existe peu de données sur les concentrations sanguines de plomb chez les enfants et, à notre connaissance, il n’existe pas de données sur les niveaux environnementaux de plomb à proximité d’un aéroport, à l’exception d’une mesure dans l’air prise sur le site de l’aéroport de Saint-Hubert. En absence de portrait environnemental exhaustif et de données biologiques en lien avec l’aéroport de Saint-Hubert, l’exposition a été estimée essentiellement à partir de données disponibles dans la littérature. Les résultats de deux études menées sur les sites et dans les voisinages de deux aéroports montrent que les concentrations environnementales moyennes de plomb se situent en dessous des normes américaines et québécoises. Étant donné que le niveau d’activité d’aviation dans ces deux aéroports est du même ordre de grandeur que celui rapporté à l’aéroport de Saint-Hubert, il est donc vraisemblable qu’à proximité de ce dernier, les concentrations de plomb dans les différents milieux (air, sol et poussières) soient également très faibles. Concernant l’analyse des données biologiques, il est raisonnable de penser que la contribution du plomb issu des activités d’aviation soit limitée. Lorsque la variation de plombémie attendue est rapportée à l’effet critique retenu (diminution du quotient intellectuel (QI) chez les enfants), l’augmentation du plomb sanguin imputable aux activités aéroportuaires serait comprise entre 0,04 et 0,06 μg/dl et se reflèterait par une baisse de QI de 0,04 à 0,06 point chez les enfants vivant à proximité de l’aéroport. Cette amplitude de baisse du QI serait difficile à mettre en évidence tant au niveau individuel que populationnel et ne serait probablement pas reliée à des effets cliniquement observables.

À la lumière de cette analyse, les données ne semblent pas militer pas en faveur de mesures biologiques de plomb chez les enfants résidant à proximité de l’aéroport de Saint-Hubert.

Pour accéder au rapport :

extranet.santemonteregie.qc.ca/depot/document/3489/Eval-risque-plomb.pdf