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La redistribution postmortem des xénobiotiques

À la suite du décès d’un individu, la détermination de la concentration sanguine d’un xénobiotique permet au coroner d’évaluer l’incidence qu’a pu avoir celle-ci sur le processus mortel. La problématique principale reliée à l’interprétation de ces résultats cliniques implique un phénomène nommé la redistribution postmortem. Ce phénomène mène à des variations de concentrations sanguines de certains xénobiotiques rendant l’interprétation des résultats relativement complexe. Plusieurs concepts biologiques doivent être tenus en compte afin de définir correctement le phénomène de la redistribution postmortem. Les principes d’homéostasie et de relargage, les caractéristiques physico-chimiques et les principes pharmacocinétiques des xénobiotiques ainsi que les phénomènes agoniques et cadavériques sont des facteurs endogènes impliqués dans le développement du phénomène de la redistribution postmortem. Le type de prélèvement et le délai entre le décès et le moment où sont effectués les prélèvements sont des facteurs exogènes également importants dans le développement du phénomène de la redistribution postmortem. Une revue de la littérature a permis de compiler l’information reliée à la redistribution postmortem pour une trentaine de médicaments et drogues.

Thérapies extracorporelles et toxicologie : trop utilisées ou pas assez? À la recherche de l'évidence

Les techniques d’épuration extracorporelle, telles que l’hémodialyse, permettent d’accroître l’élimination de certains poisons. Néphrologues et médecins d’urgence doivent collaborer dans le traitement des intoxications aiguës pouvant bénéficier de ces techniques. À ce jour, les critères pour décider quels patients en bénéficieront n’ont pas fait l’objet de revues systématiques. Les données probantes se limitent à des rapports de cas, d’articles d’opinion ou d’éditoriaux, desquels il est difficile d’appliquer des critères spécifiques à l’ensemble des patients. Peu d’études randomisées existent. Régulièrement, des discussions ont lieu entre les équipes pour décider s’il est pertinent d’orienter un patient intoxiqué à une substance potentiellement dialysable vers un centre de dialyse. En attendant l’arrivée de publications de haut grade d’évidence sur cette question, le groupe Extracorporeal treatments in poisoning (EXTRIP) a été mis sur pied pour étudier l’état actuel des connaissances. L’objectif de ce groupe de recherche est d’utiliser une méthodologie rigoureuse (GRADE) afin de systématiser l’évidence disponible et, avec des représentants de spécialités concernées, tenter de faire consensus selon la méthode AGREE. Les résultats de leur recherche éclaireront la communauté médicale sur les indications, les contre-indications, la durée et le type de modalités extracorporelles à utiliser dans divers types d’intoxications.

Intérêt des oximes et du dosage de l'activité cholinestérasique dans les intoxications aiguës aux insecticides carbamates

Le présent article a pour objectif de susciter une approche plus rationnelle et scientifique des intoxications aux insecticides carbamates, basée sur la connaissance des mécanismes d’action, des données cinétiques et dynamiques et des stratégies diagnostiques et thérapeutiques adéquates. Il a été rédigé à la lumière d’une revue bibliographique et d’une synthèse des différentes publications faisant ressortir certains points essentiels concernant la toxicité intrinsèque des insecticides carbamates, le recours à un traitement régénérateur à base d’oximes pour la prise en charge des intoxications aiguës et enfin l’intérêt du dosage de l’activité des cholinestérases dans le diagnostic et le suivi biotoxicologiques de ces dernières.

Cas de coroner et intoxications au fentanyl

La Loi sur la recherche des causes et des circonstances des décès prévoit que le coroner intervient dans tous les cas de décès violents ou obscurs qui surviennent au Québec afin de : déterminer les causes et les circonstances du décès tout en recherchant si ce décès aurait pu être évité; protéger les vies humaines en formulant, s’il y a lieu, des recommandations pour prévenir des décès semblables; informer le public sur les causes et les circonstances du décès. D'après les données du Bureau du coroner du Québec, 29 personnes (15 femmes et 14 hommes) sont décédées à la suite d’une intoxication au fentanyl entre 2001 et 2010. Le but de cet article est de discuter des contraintes qu’un coroner doit surmonter dans l’investigation d’un décès à la suite d’une intoxication par un timbre transdermique de fentanyl (TTF) et des recommandations émises par certains coroners dans les dernières années pour prévenir des décès par le TTF.

Aspects analytiques du fentanyl

Le fentanyl est un opioïde synthétique très puissant dont l’utilisation dans un contexte thérapeutique ne requiert que de très faibles doses. On le détecte alors à des concentrations de quelques ng/ml (ou quelques nmol/L). À de telles concentrations, les méthodes de dépistage d’inconnus par GC-MS ne démontrent pas une sensibilité suffisante pour exclure totalement la présence de fentanyl dans un échantillon biologique. Il est donc nécessaire d’utiliser des méthodes directes pour le quantifier, mais également pour le dépister. Même si le fentanyl partage presque toutes les propriétés de la morphine, ses différences structurelles le rendent invisible aux méthodes immunologiques de dépistage visant la morphine. Depuis 2004, le Laboratoire de toxicologie de l’INSPQ offre la quantification (dosage) du fentanyl et de son métabolite (norfentanyl) dans le sang et le plasma.