Surveillance du trouble du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) au Québec en contexte de pandémie de la COVID 19

Faits saillants

Ce rapport examine les répercussions de la pandémie de coronavirus 2019 (COVID‑19) sur les indicateurs de surveillance du trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) en utilisant les données du Système intégré de surveillance des maladies chroniques du Québec (SISMACQ). Les estimations sont obtenues à partir d’un suivi de cohorte transversale, allant du 1er avril 2017 au 31 mars 2023, pour toutes les personnes âgées de 24 ans et moins admissibles au régime public d'assurance maladie du Québec.

  • Les résultats montrent une augmentation des diagnostics du TDAH chez les personnes âgées de 24 ans et moins pendant la période pandémique (avril 2020 à mars 2023) en comparaison à la période prépandémique (avril 2017 à mars 2020). La pandémie et les mesures sanitaires mises en place ont probablement accentué les facteurs de stress, les comportements d’hyperactivité, d’impulsivité et d’inattention, et la reconnaissance de ces comportements comme étant associés au TDAH contribuant ainsi à cette hausse des diagnostics.
  • Au deuxième trimestre de 2020, la prévalence du TDAH diagnostiqué a chuté, passant de 1,4 % avant la pandémie à 1,1 % après son début, probablement en raison d’un accès réduit aux services de santé. Elle a ensuite augmenté pour atteindre un pic de 1,8 % au quatrième trimestre de 2021, possiblement en raison de l’accumulation de retards ou d’une augmentation réelle des cas, avant de redescendre sans toutefois revenir au niveau observé avant la pandémie.
  • Les traitements médicamenteux pour TDAH ont été peu affectés. Les prescriptions de médicaments pour TDAH sont restées relativement stables malgré une légère baisse au début de la pandémie (deuxième trimestre 2020).
  • Le suivi du TDAH s’est centré sur les soins de premières lignes. Les omnipraticiens demeurent ceux qui posent le premier diagnostic de TDAH et leur rôle a augmenté pendant la pandémie alors que les consultations chez les pédiatres et psychiatres ont en revanche diminué.
  • L’analyse comparative entre la période prépandémique et la période pandémique indique une réduction des hospitalisations et des visites aux urgences pendant la pandémie. Plusieurs facteurs pourraient expliquer ces variations, dont la priorisation des soins, la crainte de contracter la COVID‑19, ainsi que les mesures de sécurité telles que la distanciation physique et le confinement qui ont pu limiter l’accès aux soins d’urgence durant la pandémie.

Notre étude souligne l’importance de poursuivre la surveillance des répercussions de la COVID‑19 sur les personnes ayant le TDAH en vue d’adapter les stratégies de prise en charge en période de crise sanitaire. Elle ouvre de nombreuses perspectives pour de futures recherches. Toutefois, des analyses supplémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre, entre autres, l’influence à long terme de la pandémie de COVID‑19 et des mesures instaurées sur les indicateurs de surveillance du TDAH.