5 novembre 2009

Pollution atmosphérique et arthrite rhumatoïde

Publication

L’arthrite rhumatoïde est une maladie inflammatoire chronique qui affecte environ 1 % de la population adulte. À ce jour, les facteurs génétiques expliqueraient moins de 50 % de ce risque, suggérant ainsi la contribution d’autres facteurs, notamment environnementaux, dans le développement de la maladie chez ceux qui y sont génétiquement prédisposés. Les matières particulaires présentes dans l’air ayant été clairement associées à des problèmes inflammatoires dans de nombreuses études, des chercheurs de l’Université Harvard (Hart et. al) se sont récemment intéressés au lien entre la pollution de l’air générée par le trafic routier et l’incidence de l’arthrite rhumatoïde. Les résultats de leurs travaux, résumés ci-après, ont été publiés en juillet dernier dans la revue Environmental Health Perspective; 117 (7), 1065-69.

L’étude a été réalisée auprès de 90 297 femmes recrutées parmi les participantes de la Nurses’ Health Study, une étude de cohorte prospective initiée aux États-Unis en 1976. En guise d’indicateur de l’exposition à la pollution de l’air, les chercheurs ont utilisé la distance entre le lieu de résidence de chacune des participantes (en 2000) et la route la plus proche (route principale de type « autoroute inter-états », route principale de type autre que « inter-états » ou route secondaire avec généralement plus de deux voies). Cette distance a été déterminée à l’aide d’un système d’information géographique. Les analyses ont considéré 687 cas incidents d’arthrite rhumatoïde rapportés entre 1976 et 2004.

En tenant compte de facteurs de confusion potentiels tels que l’âge, la race, le tabagisme, l’allaitement, l’indice de masse corporelle, la prise de contraceptifs oraux ou l’hormonothérapie, l’activité physique et le revenu, un risque plus élevé d’incidence d’arthrite rhumatoïde [risque relatif (RR) = 1,31; IC95 % : 0,98-1,74] a été estimé pour les femmes vivant à moins de 50 mètres d’une route en comparaison à celles résidant à 200 m et plus. Ce risque augmente légèrement pour les femmes non fumeuses habitant à moins de 50 m d’une route (RR = 1,62; IC95 % : 1,04-2,52) et ayant un facteur rhuma­toïde négatif (RR = 1,77; IC95 % : 0,93-3,38) ou positif (RR = 1,51; IC95 % : 0,82-2,77). Pour ce qui est des femmes vivant à une distance évaluée entre 50 et 200 m d’une route, aucune augmentation du risque n’a été observée.

Les résultats obtenus suggèrent que l’exposition à la pollution de l’air provenant du trafic routier pourrait être nouvellement identifiée comme facteur de risque environnemental dans le développement de l’arthrite rhumatoïde. Selon les auteurs, il semblerait que ce soit la première fois qu’une telle association soit mise en évidence. [KC]