8 juillet 2012

Hypersensibilité au rayonnement non ionisant

Publication

La multiplication des applications technologiques faisant appel aux radiofréquences, plus spécialement celles du secteur des télécommunications, confronte les spécialistes du milieu de la santé à une problématique singulière, soit l’hypersensibilité aux champs électromagnétiques (CEM). En effet, un nombre croissant d’individus affirment éprouver des symptômes de diverses natures (mal de tête, étourdissements, perte de mémoire, trouble du sommeil, palpitations cardiaques, etc.) lorsqu’ils sont exposés à des sources de rayonnement non ionisant. Alors que certains scientifiques et cliniciens reconnaissent que l’exposition à des CEM de faible intensité (c.-à-d. à des niveaux rencontrés dans la majorité des milieux résidentiels) peut engendrer des effets physiologiques indésirables, d’autres soutiennent que ces effets seraient essentiellement d’origine psychosomatique. Pour leur part, les organisations sanitaires nationales et internationales poursuivent l’étude de ce phénomène clinique en tentant de comprendre les mécanismes impliqués dans la manifestation des maux les plus fréquemment rapportés, tout en préconisant une approche prudente.

Interpelés par cette problématique, deux chercheurs canadiens ont récemment publié une revue de littérature portant sur ce sujet. Ils y relatent un bref historique de l’évolution de cette question, présentent les principales sources d’exposition et les symptômes associés les plus fréquemment rapportés. Bien que les mécanismes physiopathologiques à l’origine de ces symptômes ne soient pas bien compris, les auteurs décrivent deux hypothèses couramment citées dans la littérature, soit : 1) une hypersensibilité au CEM d’abord occasionnée par la bioaccumulation de toxines ou TILT (Toxicant Induced Loss of Tolerance) et 2) un dérèglement de la catécholamine (une classe d’hormones impliquée dans la régulation du système nerveux central) engendré par l’exposition au CEM. Les auteurs présentent également les impacts de nature psychosociale potentiellement engendrés par ce type d’exposition ainsi qu’une liste d’éléments que la communauté scientifique devrait prendre en considération pour mieux comprendre cette problématique (la relation dose-réponse, la variabilité des atteintes individuelles, les déterminants physiologiques et environnementaux, la composante psychologique, etc.).

Les auteurs concluent leur analyse en mentionnant qu’en dépit des questionnements soulevés par ce type d’hypersensibilité, les obligations éthiques en lien avec la pratique médicale incitent les intervenants du milieu de la santé à se pencher sur cette problématique et à mettre en œuvre des stratégies pour améliorer la qualité de vie des personnes souffrant de cette affection. [PP]

Source :

Stephen J. Genuisa et Christopher T. Lippb (2012) Electromagnetic hypersensitivity: Fact or fiction?, Science of The Total Environment, 414 (1) 103 - 112. www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0048969711012733