Rayonnements non ionisants

Expositions aux champs magnétiques résidentiels au Québec

En 1979, les chercheurs Wertheimer et Leeper ont suggéré que certaines expositions résidentielles aux champs magnétiques de 60 Hertz (CM) puissent augmenter le risque de leucémie chez l’enfant. Une vingtaine d’études épidémiologiques ont suivi. Les plus récentes ont porté sur un grand nombre de cas et ont évalué l’exposition des enfants à partir de mesures de champs magnétiques ambiants dans les résidences ou de dosimètres portés par les enfants. Les études les plus importantes offrent peu ou pas d’indication de risque accru de cancer chez les enfants. Une analyse groupée, par Ahlbom et collègues, des données primaires de neuf études entreprises en Europe, en Amérique du Nord et en Nouvelle-Zélande et portant sur 3 203 cas de leucémie et 10 338 témoins a conclu à l’absence d’une association entre la leucémie et un CM résidentiel de 0,1 µT à 0,4 µT, par rapport au groupe de référence dont l’exposition était inférieure à 0,1 µT. Par contre, cette même analyse a montré qu’un niveau de CM résidentiel supérieur à 0,4 µT était associé à un risque relatif de 2,00 (IC 95 % 1,27- 3,13), bien que des biais de sélection pouvaient expliquer une partie de cette augmentation. Les champs magnétiques au-delà de 0,4 µT étaient rares : seulement 0,8 % des sujets de l’étude étaient exposés à un champ résidentiel moyen, égal ou supérieur à ce niveau, ou 0,7 % en excluant les sujets du Québec. C’est cette étude qui a amené le Centre International de Recherche sur le Cancer (IARC) en 2001 à classer ces champs dans la catégorie «peut-être cancérogène pour l’homme». En pratique, il s’agit de la catégorie la plus faible utilisée par l’IARC. Ces résultats ne sont pas appuyés par les résultats des études de longue durée réalisées chez l’animal; celles-ci n’ont pas montré d’effet cancérogène pour des expositions chroniques de 1 000 µT; 2 000 µT et 5 000 µT.

Dans l’éventualité où des champs magnétiques au-delà de 0,4 µT comporteraient un risque pour la santé, sommes-nous en mesure d’estimer la proportion de la population québécoise exposée à ce niveau et d’identifier les sources prédominantes responsables de ces champs? Pour répondre à cette question, nous présentons un bilan des études d’expositions réalisées au Québec, incluant de nouvelles données issues de l’étude canadienne de McBride et al.