Proposition d’un programme pour la surveillance intégrée de la maladie de Lyme et des autres maladies transmises par la tique Ixodes scapularis au Québec : mise à jour 2015

La maladie de Lyme est émergente au Québec et connaît une importante progression depuis 2011. Elle est causée par la bactérie Borrelia burgdorferi et peut se transmettre par une piqûre de la tique Ixodes scapularis infectée. Cent vingt-cinq (125) cas ont été déclarés au Québec en 2014, dont un peu plus de la moitié avait acquis leur infection au Québec.

En 2014, l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) a publié l’avis scientifique « Proposition d’un programme de surveillance intégré pour la maladie de Lyme et les autres maladies transmises par la tique Ixodes scapularis au Québec », suite à un mandat obtenu du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS). L’objectif principal de ce programme était de soutenir l’analyse de risque de la maladie chez l’humain par la détermination de zones où la maladie est émergente.

En 2015, l’INSPQ a été mandaté à nouveau par le MSSS pour réaliser une mise à jour de l’avis scientifique. Celle-ci visait spécifiquement les définitions de zones à risque et de zones endémiques, la cartographie du risque et les recommandations de surveillance et autres interventions en santé publique pour le Québec.

Pour réaliser la mise à jour des définitions de zones à risque et endémiques et actualiser la carte de risque d’acquisition de la maladie de Lyme, une démarche de consultation a été réalisée auprès des représentants du MSSS, des directions de santé publique (DSP) des régions où l’établissement d’Ixodes scapularis a été documenté et des régions limitrophes, ainsi que du Groupe d’experts sur les maladies transmises par les tiques de l’INSPQ. La démarche s’est réalisée en trois phases de consultation. La première visait à documenter les besoins en termes de cartographie du risque; la seconde visait à identifier les avantages et les inconvénients des différents critères pour représenter les zones à risque et endémiques, et la troisième visait à interroger à nouveau les représentants des DSP pour statuer sur les définitions et sur la représentation cartographique du risque au niveau provincial. Les recommandations de santé publique ont aussi été abordées pendant la démarche de consultation.

Tout au long de cette démarche, une collecte et une analyse des données de surveillance humaine et acarologique ont été réalisées pour constituer la base de données utile à la production de la carte de risque. Les données de surveillance qui ont été retenues pour la cartographie étaient 1) celles des cas humains déclarés à la santé publique et considérés comme ayant acquis l’infection au Québec entre les années 2003 et 2014, 2) celles de la surveillance acarologique active réalisée au cours des années 2010-2012 et 2014 ainsi que celles de la surveillance passive (variables évaluées : soumissions multiples et soumissions de nymphes) entre les années 2009 et 2014.

La démarche de consultation a permis à l’INSPQ de proposer cinq niveaux (inconnu, possible, faible, modéré, élevé) pour définir le risque d’acquisition de la maladie de Lyme au Québec par municipalité. Une municipalité à risque inconnu est un endroit où la présence de tique est inconnue, étant donné l’absence d’information provenant des variables évaluées de la surveillance passive et de la surveillance active. Une municipalité à risque possible est un endroit où la présence de populations de tiques installées dans l’environnement est présumée, étant donné les résultats des variables évaluées de la surveillance passive (soumissions multiples ou de nymphe). Une municipalité à risque possible peut aussi être un endroit où des activités de surveillance active ont été réalisées et qu’elles n'ont pas permis de recueillir de tiques malgré la présence de caractéristiques environnementales favorables à leur établissement. Une municipalité à risque faible est un endroit où au moins une tique a été identifiée par des activités de surveillance active confirmant la présence de tiques. Une municipalité à risque modéré est un endroit où les trois stades de la tique (larve, nymphe, adulte) ont été identifiés par des activités de surveillance active et où au moins une nymphe était infectée par la bactérie. Une municipalité à risque modéré peut aussi être un endroit où au moins trois cas de maladie de Lyme acquis au Québec ont été confirmés depuis 2003. Une municipalité à risque élevé est un endroit où les trois stades de la tique ont été identifiés par des activités de surveillance active, et où la bactérie a été détectée chez plus de 20 % des tiques testées, dont au moins une nymphe. Un minimum de 90 tiques doit être testé par année pour obtenir un taux d’infection fiable.

En compilant les données recueillies, 12 régions sociosanitaires (RSS) présentaient au moins une municipalité avec un niveau de risque connu (variant entre possible et élevé). Parmi celles-ci, 9 d’entre-elles avaient des municipalités à risque possible et faible uniquement. Les RSS de la Mauricie et Centre-du-Québec et de la Montérégie avaient des municipalités dont le risque variait de possible à modéré, alors que la région de l’Estrie avait des municipalités dont le risque variait entre possible et élevé.

La démarche de consultation a aussi permis de formuler des recommandations de santé publique en termes de surveillance et de communication pour l’année 2015 selon les cinq niveaux de risque d’acquisition de la maladie de Lyme.

Tout d’abord, l’INSPQ recommande que les activités de surveillance basées sur la déclaration des cas humains se poursuivent sur l’ensemble de la province en 2015. À des fins d’application de la définition nosologique, l’INSPQ recommande que les municipalités où le risque est modéré ou élevé correspondent aux zones où la maladie est endémique, telle que présentée dans cette même définition.

L’INSPQ propose que les activités de surveillance acarologique active se poursuivent en 2015 dans les RSS où l’établissement d’Ixodes scapularis a été documenté et dans les régions limitrophes (Montérégie, Laurentides, Lanaudière, Laval, Chaudière-Appalaches, Montréal, Outaouais, Estrie, Mauricie et Centre-du-Québec et Capitale-Nationale) en poursuivant l’objectif de documenter prioritairement les municipalités où le risque est inconnu, possible ou faible.

L’INSPQ suggère également que le programme de surveillance passive se poursuive sur l’ensemble du territoire québécois en 2015. Toutefois, dans un contexte de contraintes organisationnelles et budgétaires, il est proposé de maintenir l’arrêt de la surveillance passive dans les secteurs à risque modéré et élevé où des consignes spécifiques ont déjà été proposées par les organisations de santé publique.

Par ailleurs, l’INSPQ propose de poursuivre l’intégration des données de surveillance acarologique et humaine à des fins de cartographie du risque en 2015 pour favoriser le suivi de l’évolution du risque de la maladie et pour orienter les interventions préventives pour le Québec.

Finalement, l’INSPQ recommande que des communications aux professionnels de la santé et au public soient réalisées partout au Québec en augmentant l’intensité dans les secteurs où le risque est faible, modéré ou élevé et suggère qu’une sensibilisation soit réalisée auprès des gestionnaires de parcs publics dans ces mêmes secteurs.

Type de publication
ISBN (électronique)
978-2-550-74827-4
Notice Santécom
Date de publication