Usage de produits de vapotage, d’alcool, de cannabis et de tabac chez les jeunes : étude qualitative auprès d’intervenants dans six régions du Québec

À l’échelle provinciale, la proportion d’adolescents qui consomment des substances psychoactives comme le tabac, l’alcool et le cannabis est en diminution depuis plusieurs années, l’engouement pour la cigarette électronique au cours des dernières années faisant exception à cette tendance. Toutefois, des différences non-négligeables existent entre les régions du Québec en ce qui concerne la proportion de jeunes consommateurs de ces substances psychoactives, en particulier en ce qui concerne la cigarette électronique. 

Afin de mieux comprendre ce qui peut expliquer les écarts entre certaines régions, des intervenants œuvrant au niveau local ou régional auprès des jeunes ont été interrogés. Ceux-ci provenaient de cinq régions du Québec où la proportion de jeunes consommateurs était plus élevée, et de la région de Montréal, où celle-ci était la plus faible au Québec. Ce rapport fait état du point de vue de ces intervenants au sujet de l’usage de substances psychoactives parmi les adolescents de leur région. 

Plusieurs participants des régions où la proportion de jeunes consommateurs est élevée ont parlé des caractéristiques du secteur de l’économie sur lequel repose plusieurs emplois dans leur région : des salaires élevés pour des emplois nécessitant peu de scolarité, des horaires atypiques ou saisonniers entrainant une absence parentale parfois prolongée, et l’accès des adolescents à des emplois payants, qui augmente l’accès financier aux substances psychoactives. 

Dans les régions peu densément peuplées, l’offre limitée de services de loisirs, de sports, et de programmes scolaires à vocation particulière n’aiderait pas les jeunes à développer des intérêts et des passions. Le transport en commun peu développé ne faciliterait pas la participation des jeunes à des activités qui peuvent contribuer à leur développement et leur épanouissement. En milieu scolaire, la mixité des élèves plus jeunes et plus âgés dans les régions peu densément peuplées faciliterait l’initiation précoce à la consommation. 

Des participants ont mentionné que dans certaines régions, l’association entre la consommation d’alcool et certains loisirs comme la chasse, la pêche et la motoneige, mènerait à une banalisation de la consommation d’alcool. De l’avis de certains, cette banalisation dépasse les régions étudiées et s’observe dans la société québécoise en général. Dans la région montréalaise, l’immigration récente et la diversité ethnoculturelle pourraient expliquer la prévalence de l’usage plus faible. 

Les participants ont mentionné le besoin de mieux informer les parents au sujet du vapotage, une pratique récente populaire auprès des jeunes. La banalisation de la consommation d’alcool chez les adultes, et les représentations souvent positives associées à cette substance, ont également été mentionnées comme posant des défis particuliers pour retarder l’initiation précoce et réduire la consommation à risque chez les adolescents.

Auteur(-trice)s
Annie Montreuil
Ph. D., chercheuse établissement, Institut national de santé publique du Québec
ISBN (électronique)
978-2-550-97075-0
Notice Santécom
Date de publication