Vigie des infections respiratoires, des comportements de prévention et suivi des répercussions de la pandémie sur la santé : approche par sondage populationnel auprès des adultes québécois
L'introduction des tests rapides dans la communauté (20 décembre 2021) et les changements dans la stratégie de dépistage (5 janvier 2022) ont affecté les indicateurs de transmission, dont le nombre de cas dans la population générale. En effet, les tests d’amplification d’acides nucléiques (TAAN) ont été restreints à certains groupes spécifiques de la population, tels que les personnes en milieux de soins ou d'hébergement, et les travailleurs de la santé. Ces changements ont limité la capacité de suivi de l’évolution de la pandémie au sein de la population générale, notamment pour l’évolution de l’incidence (journalière/hebdomadaire) des nouveaux cas.
Dans ce contexte, la réalisation de sondages a été proposée comme méthode complémentaire afin de suivre l’évolution des cas incidents de COVID-19 au Québec. Ainsi depuis le 25 avril 2022, l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) mène un sondage auprès de la population des adultes québécois pour suivre l’évolution de la pandémie liée au SRAS-CoV-2, plus spécifiquement l’évolution de l’incidence hebdomadaire des cas de COVID-19. Pour ce faire, deux approches ont été adoptées au début, soit la méthode directe qui référait au nombre d’adultes québécois infectés par le SRAS-CoV-2 et la méthode indirecte (méthode d’amplificateur par réseau ou APR) qui référait à l’ensemble des individus infectés à l’échelle provinciale incluant tous les groupes d’âge (1) (voir le rapport méthodologique initial pour plus de détails(2)). Après une évaluation de l’utilité de la méthode APR sur une période d’une année (avril 2022 à mars 2023), il a été décidé de l’arrêter et d’employer uniquement la méthode directe pour la suite du sondage. Entre autres, la méthode indirecte présentait une corrélation plus faible avec les données de vigie des cas COVID-19 en comparaison avec la méthode directe (incluant ou non l’autodiagnostic).
Par ailleurs, bien que les tests rapides continuent d’être distribués, il n’est pas certain que leur utilisation dans la population générale se poursuivra à un niveau suffisant pour permettre de faire des estimations fiables des cas de COVID-19. En effet, selon les données du sondage réalisé par l’INSPQ (3), 86 % des répondants sondés entre le 4 et le 16 mars 2023 pensaient que « le pire de la crise est derrière nous ».
Cette donnée pourrait être interprétée comme un manque d’intérêt des adultes québécois envers la situation liée à la pandémie et donc il n’est pas exclu qu’une diminution de l’utilisation des tests rapides par la population générale puisse prendre place.
Les données de ce même sondage indiquaient également qu’une personne sur deux pratiquait un test rapide en présence de symptômes d’un rhume, de la grippe ou de la COVID-19 ou s’ils avaient été en contact avec une personne atteinte de la COVID-19 (3). Dans ce contexte, l’approche syndromique (basée sur les symptômes pouvant être attribuables aux infections respiratoires aigües, comme la COVID-19, mais aussi l’influenza et les autres virus respiratoires) sera employée pour suivre les cas d’infections respiratoires chez les adultes au niveau provincial. Cette approche plus large permettra de mieux estimer les modulations de la situation épidémiologique et de mieux suivre la dynamique des infections respiratoires.
Du 21 mars 2020 au 31 mars 2023, d’autres sondages transversaux ont été réalisés par l’INSPQ afin d’évaluer les attitudes et comportements de la population par rapport à la pandémie de la COVID-19 et aux mesures recommandées et, de façon plus générale, sur les conséquences de la pandémie sur les habitudes de vie des adultes québécois. Ces sondages utilisaient des échantillons de répondants recrutés chaque semaine via un panel WEB (échantillon non probabiliste). Par conséquent, aucune estimation des intervalles de confiance n’était possible.
Avec la levée des mesures de confinement, l’accent étant mis sur la responsabilité individuelle dans la prévention de la COVID-19 et des autres virus respiratoires, il est important de poursuivre l’évaluation des comportements et attitudes de la population qui ont une incidence importante sur la dynamique des infections. Il est également important de continuer de faire le suivi de la santé mentale ainsi que des habitudes de vie qui ont été affectées durant la pandémie, laquelle continue d’avoir des répercussions aux niveaux social, économique et de la santé de la population (4). Ces questions seront abordées conjointement avec le sondage sur la vigie des infections respiratoires aigües (SRAS-CoV-2 et autres infections respiratoires aigües). Le regroupement de plusieurs thématiques dans le même sondage a été adopté afin de bénéficier des avantages liés à l’utilisation de la plateforme provinciale Clic Santé, dédiée à la prise de rendez-vous pour la vaccination. Cette plateforme, utilisée comme base de sondage, inclut plus de six millions d’adultes québécois et servira à produire des échantillons probabilistes, ce qui permettra de mesurer l’erreur d’échantillonnage liée aux estimations obtenues et de faire des inférences au sujet de la population cible. Les avantages liés à l’utilisation de la base de sondage Clic Santé, comparativement au panel WEB, ont été détaillés dans un rapport méthodologique précédent (2).
Les objectifs spécifiques de ce projet qui vise la population des adultes québécois sont :
- Suivre l’évolution de l’incidence journalière/hebdomadaire des nouveaux cas d’infections respiratoires aigües (sur la base des symptômes déclarés) et ceux liés au SRAS-CoV-2;
- Examiner les perceptions, attitudes et comportements en lien avec les infections respiratoires aigües et la compréhension des messages du gouvernement;
- Documenter l’acceptabilité et l’adhésion aux mesures recommandées de prévention des infections respiratoires aigües (ex. : isolement, port du masque);
- Évaluer les conséquences actuelles de la pandémie sur la santé physique et mentale.