Portrait des infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) au Québec : année 2014 (et projections 2015)

Avec plus de 29 000 cas déclarés en 2014, les infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) représentent 75 % de l’ensemble des infections recensées dans le fichier des maladies à déclaration obligatoire (MADO).

Principaux constats

  • L’incidence des cas déclarés d’infection à Chlamydia trachomatis et de l’infection gonococcique augmente de manière constante, en particulier chez les jeunes de 15 à 24 ans, hausse qui est plus prononcée chez les jeunes hommes.
    • Cette hausse de cas déclarés pourrait être expliquée en bonne partie par une augmentation du nombre de tests de détection effectués pour ces infections au Québec.
  • La résistance du gonocoque aux antibiotiques utilisés pour le traitement de cette infection pose plusieurs défis, notamment celui d’assurer la surveillance des résistances (et des échecs au traitement pouvant en résulter) et celui d’être en mesure de proposer de nouveaux schémas thérapeutiques, advenant l’extension des résistances.
  • Près de la moitié (47 %) des infections gonococciques chez les hommes sont des infections uniquement rectales ou pharyngées.
  • L’épidémie de syphilis infectieuse, initialement concentrée dans la région de Montréal, touche maintenant la plupart des régions du Québec. La hausse importante observée au cours des dernières années semble maintenant se stabiliser.
  • Une recrudescence de la lymphogranulomatose vénérienne est observée depuis le printemps 2013. Cette hausse s’est d’ailleurs fortement intensifiée en 2014 et 2015.
  • Le taux d’incidence de cas déclarés d'hépatite B s’est stabilisé depuis quelques années au Québec, ce qui souligne l’importance de poursuivre la vaccination contre l’hépatite B, notamment auprès des personnes à risque qui n’ont pas bénéficié du programme en milieu scolaire.
  • Environ 1 100 cas d’hépatite C sont déclarés en 2014, ce nombre venant accroître le bassin de personnes infectées et appuyer l’importance de l’accès au traitement pour prévenir les complications hépatiques.
  • Le nombre annuel de nouveaux diagnostics de VIH diminue. Une tendance à la hausse a été observée entre 2009 et 2013 chez les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HARSAH) de 15 à 24 ans, mais cette augmentation ne semble pas se poursuivre en 2014. Cette tendance doit être interprétée avec prudence puisqu’il s’agit d’un faible nombre de cas.

Populations particulièrement touchées

Puisque certaines ITSS sont beaucoup plus fréquentes au sein de ces populations que dans la population générale, les personnes qui en font partie sont beaucoup plus susceptibles d’être exposées à un partenaire déjà infecté et donc de contracter l’infection. Certains comportements qui posent un plus grand risque de transmission sont plus fréquents chez ces populations (usage de drogues par injection, relations anales et relations sexuelles avec de multiples partenaires). Enfin, des facteurs sociaux et économiques ainsi que des caractéristiques individuelles particulières, notamment l’accès à des ressources et des services, la stigmatisation, l’âge et le genre peuvent influencer à la baisse la capacité et la motivation des populations vulnérables à adopter ou à conserver des comportements sécuritaires ainsi qu’à recourir aux soins préventifs et curatifs recommandés.

  • Chez les jeunes de 15 à 24 ans, l’âge au premier rapport sexuel, le nombre de partenaires sexuels ainsi que l’usage des méthodes de protection n’auraient pas significativement changé au cours des dernières années.
  • Un malaise à discuter de ses activités sexuelles avec un médecin ou une infirmière, la honte de passer des tests ITSS et la crainte de devoir faire face à un résultat réactif constituent des barrières au dépistage des ITSS pour beaucoup de jeunes adultes. L’offre de dépistage en établissement scolaire apparaît restreinte, alors qu’elle pourrait permettre de contourner certaines des difficultés d’accès vécues notamment par les hommes.
  • Les ITSS sont beaucoup plus fréquentes chez les jeunes en difficulté (jeunes de la rue, jeunes hébergés en centre jeunesse) que chez les jeunes dans la population générale.
  • Les UDI sont parmi les personnes les plus touchées par le virus de l’hépatite C et par le VIH. Plusieurs enjeux d’accès au traitement de l'hépatite C concernent particulièrement cette population. Parmi les personnes qui utilisent des drogues par injection (UDI), l’injection de cocaïne ou de crack a diminué au cours des dernières années, alors que l’injection de médicaments opioïdes a augmenté de façon importante. La proportion d’UDI qui déclarent avoir utilisé des seringues déjà utilisées par quelqu’un d’autre est en constante diminution et à son plus bas en 2013.
  • Les hommes gais et autres HARSAH constituent la population la plus touchée par le VIH, la syphilis et la lymphogranulomatose vénérienne; en outre, ils représentent une proportion très importante des cas d’infection gonococcique.
  • Parmi les personnes incarcérées dans des centres de détention de juridiction québécoise, près du tiers de celles qui sont infectées par le VIH et 12 % de celles infectés par le VHC ignorent qu'elles le sont. Parmi celles se sachant infectées par le VHC, une très faible proportion ont rencontré un médecin ou pris des médicaments avant l'incarcération, et moins de 3 % sont traitées en prison. Le tatouage en prison est significativement associé avec le VHC chez les personnes non-UDI.
  • La prévalence du VIH observée lors d’une étude récente auprès des communautés montréalaises originaires d’Afrique subsaharienne et des Caraïbes anglophones était de 1,4 %, soit une prévalence similaire à celle de 1,3 % mise en évidence dans la communauté haïtienne entre 1994-1996, et environ sept fois plus élevée que celle estimée dans la population générale (0,24 %).

Pistes d’action

Les constats issus de la surveillance des ITSS confirment la pertinence de consolider les actions et la mobilisation pour mieux prévenir, dépister et traiter les ITSS. Les actions proposées ici et dans les éditions précédentes du Portrait font écho aux perspectives d’intervention issues du Quatrième rapport national sur l’état de santé de la population du Québec :

  • « Mieux connaître l’épidémiologie des ITSS » afin d’adapter l’intervention aux caractéristiques et aux besoins des personnes touchées ou à risque. Il faut mieux comprendre pour prévenir, dépister ainsi que traiter plus et mieux.
  • « Prévenir plus et mieux » : il faut poursuivre et intensifier les efforts relatifs à la prévention auprès de chacune des populations particulièrement touchées et adapter les stratégies et les approches de prévention aux diverses réalités de ces populations.
  • « Dépister plus et mieux » et « Traiter plus et mieux » : en plus de poursuivre les efforts pour rendre le dépistage plus accessible et acceptable, il serait important de favoriser l’accès des personnes présentant certains facteurs de risque, des personnes infectées et de leurs partenaires à un dépistage précoce et à un traitement efficace, le cas échéant.
  • « Assurer une intervention préventive auprès des personnes infectées et auprès de leurs partenaires sexuels » : il est essentiel que les professionnels de la santé discutent avec leurs patients de l’importance d’aviser leurs partenaires et qu’ils les soutiennent dans cette démarche. Une intervention plus intense et soutenue par un professionnel de santé publique spécifiquement formé à cet effet est également possible pour les cas priorisés par les directions de santé publique.
Note(s)

Veuillez noter que, dans cette publication, les tableaux 3, 4, 6, 7, 8, 9 et 13, ci-joints, ont été modifiés. (9 février 2016)

Type de publication

ISBN (électronique)

978-2-550-74548-8

ISSN (électronique)

2368-7126

Notice Santécom

Date de publication