Évaluation du Programme expérimental sur le jeu pathologique - Rapport 6 : Monitorage évaluatif – Entrevues initiales auprès des décideurs et des coordonnateurs - Juillet-novembre 2001
En novembre 2000, l'Institut recevait du ministère de la Santé et des Services sociaux le mandat d'évaluer plusieurs aspects du Programme expérimental sur le jeu pathologique. Il dévoilait hier, lors d'une journée consacrée au jeu pathologique, les sept premiers rapports d'évaluation de ce programme :
- Rapport 1 : Présentation générale de l'évaluation du Programme expérimental sur le jeu pathologique
- Rapport 3 : Revue critique de la littérature portant sur les évaluations d'interventions préventives
- Rapport 4 : Cadre théorique de la participation aux jeux de hasard et d'argent et du développement de problème de jeu - Rapport préliminaire
- Rapport 6 : Monitorage évaluatif – Entrevues initiales auprès des décideurs et des coordonnateurs
- Rapport 7 : Monitorage évaluatif – Indicateurs d'implantation / Données rétrospectives
- Rapport 8 : Le point de vue des usagers
- Rapport 9 : Les lignes téléphoniques dédiées aux jeux de hasard et d'argent
D'ici mars 2004, l'Institut prévoit publier une quinzaine de rapports dans le cadre de l'accomplissement de ce mandat.
Résumé
Le présent document fait partie du rapport d'évaluation du programme expérimental sur le jeu pathologique. Il touche un des volets du monitorage qualitatif du programme qui est le processus d'adaptation du programme dans les premiers mois de son implantation. Il repose spécifiquement sur l'analyse d'une série d'entrevues réalisées de juillet à novembre 2001 auprès des directeurs ou coordonnateurs cliniques des 23 organismes de traitement des quatre sites-pilotes choisis dans le programme provincial :
- Montréal,Laval et Montérégie,
- Québec et Chaudière-Appalaches,
- Outaouais,
- Bas-St-Laurent—Gaspésie-Îles-dela- Madeleine.
Ces entrevues visaient principalement à voir comment ces instances réagissaient à la proposition de programme de traitement venant du Centre québécois d'excellence sur la prévention et le traitement du jeu (CQEPTJ) et à examiner ce qu'ils mettaient ou avaient l'intention de mettre en oeuvre sur le terrain, dans leur environnement et avec leur expérience spécifiques. L'analyse du matériel de ces entrevues, en comparaison avec le modèle du CQEPTJ, nous permet de voir comment le «nbsp;programme implanténbsp;» précise, renouvelle, se démarque ou s'oppose à ce dernier. Elle permet finalement d'identifier les zones de robustesse et de faiblesse du programme, de porter un premier jugement sur sa vraisemblance, sa capacité de produire les résultats souhaités.
La comparaison entre ce que les entrevues révèlent de l'implantation et ce que le CQEPTJ proposait, repose sur la démarche méthodologique d'appariement à un modèle. Les résultats sont présentés en fonction de quatre grands processus d'implantation du programme : la délimitation de la clientèle, la transition de la clientèle, l'actualisation du traitement, la consolidation du traitement.
La délimitation de la clientèle, c'est-à-dire la définition de son éligibilité et par la suite sa sélection, est au centre de la dynamique entre l'offre et la demande de services. Elle a tendance à être plus systématique pour les organismes qui ont une forte pression de la demande, ont fait le choix d'une orientation de groupe pour le traitement et n'ont pas de points de services dispersés sur leur territoire. À l'encontre du programme proposé, mais pour répondre aux besoins prioritaires des clients, il se fait une sélection bien avant le processus formel d'évaluation prévu.
Le processus de transition de la clientèle prend une place plus importante, imprévue à l'origine. Une clientèle à multiples problématiques très présente, une demande importante, la présence d'un réseau de services disponibles et la volonté de réduire les abandons, suggèrent à une majorité d'organismes la création de mécanismes de transition (rencontres et groupes d'accueil, d'orientation, d'engagement, de motivation, de soutien) qui cherchent à mieux préparer les clients au traitement. Le danger d'«nbsp;écrémagenbsp;» de la clientèle est toutefois soulevé.
La réalisation du programme proposé, sur le plan du traitement proprement dit, est vécue de deux manières, soit comme l'utilisation d'un noyau de programme à améliorer, soit comme l'intégration d'un outil à un programme plus large. Dans les deux cas, l'ordonnancement du programme proposé est revu pour travailler au besoin les conséquences financières, familiales, conjugales et occupationnelles du jeu, ses dimensions émotives et l'urgence de faire face aux rechutes, avant de passer à l'aspect plus rationnel du volet cognitif des conceptions erronées sur le jeu. Le travail de consolidation des acquis du traitement, peu développé dans le programme proposé, en est à sa conceptualisation et est orienté par les besoins des clients. Il y a de nombreuses tentatives d'intégration des proches à différentes étapes du traitement. Dans une implantation faite d'expériences, d'initiatives et d'innovations, la question de savoir si le programme mis en oeuvre peut vraisemblablement produire les effets escomptés reste ouverte puisque les cibles et les résultats n'ont jamais fait l'objet d'une délibération, ni d'un consensus minimal entre les principaux intéressés (promoteurs, concepteurs, gestionnaires, intervenants et usagers du programme). Les premiers résultats d'implantation devraient être l'occasion d'avancer dans la précision de ces objectifs et des pratiques thérapeutiques qui les accompagnent.