Exploration du phénomène de stigmatisation au regard des activités de surveillance de l'état de santé de la population
L’étiquetage social constitue un risque inhérent en santé publique : la nature des actions de l’institution et un contexte de rareté des ressources (humaines et financières) sont au nombre des conditions qui y sont sous-jacentes.
D’une part, la santé publique, qui recourt à une approche populationnelle, a pour finalité l’amélioration de l’état de santé de l’ensemble de la population. Un objectif d’envergure qui passe, entre autres, par la réduction des inégalités de santé et de bien-être au sein de la société, par le biais d’actions pouvant contrer les effets des facteurs de risque touchant notamment les groupes les plus vulnérables de la population (LSP, art. 8).
D’un autre côté, la santé publique, face à des impératifs d’utilité, se doit de « maximiser l’efficacité des interventions de prévention, de protection et de promotion de la santé, et [d’]éviter de gaspiller des ressources auprès de larges pans d’une population non concernés par une problématique donnée de santé publique » (Massé 2003 : 244).
Dans un tel contexte, nul doute que l’approche par découpage de la population en « groupes à risque » ou « groupes cibles » s’avère une condition nécessaire à la réalisation du mandat de santé publique. Toutefois, aussi efficace soit-elle, une telle approche peut également entraîner des coûts sociaux, telle la stigmatisation de certains groupes d’individus ciblés pour intervention; souvent les plus vulnérables.
Ce court texte veut permettre de mieux comprendre les mécanismes du processus de stigmatisation ainsi que ses conséquences sociales sur les groupes et les individus qui en sont affectés. En outre, le risque d’étiquetage social constitue une préoccupation importante des professionnels de surveillance; aussi, ce phénomène sera-t-il exploré au regard des pratiques de surveillance, accompagné de propositions de pistes de solution.