Soluté concentré d’insuline à 16 unités par millilitre

Pierre-André Dubé, B. Pharm., M. Sc., C. Clin. Tox
Pharmacien-toxicologue, Institut national de santé publique du Québec

Le traitement de la toxicité associée aux bloqueurs des canaux calciques ou aux bêtabloquants au moyen d’insuline à forte dose en perfusion intraveineuse continue (1 à 10 unités/kg/h) comporte certains risques. Puisque la concentration finale du soluté d’insuline pour les autres indications médicales est généralement de 1 unité/ml, cette dernière pourrait amener des volumes liquidiens très importants. À cette concentration, un patient de 100 kg nécessiterait une perfusion de 1 000 ml/h pour obtenir 10 unités/kg/h. De plus, l’insuline est souvent employée après une réplétion volumique importante (cristalloïdes) et plusieurs autres traitements (réplétions de calcium et de potassium, amines sympathomimétiques). La somme de tous ces volumes administrés au patient augmente les risques de causer une surcharge volémique. Certains auteurs ont alors proposé un soluté concentré d’insuline à 10 unités/ml en vue de son utilisation comme antidote(1). Toutefois, l’Institute for Safe Medication Practices (ISMP) déconseille les multiples de 10 de médicaments considérés comme à haut risque en raison du risque d’erreurs de dosage, et l’insuline fait partie de ces médicaments. Selon une récente étude réalisée par Laskey et ses collaborateurs (2016), un soluté concentré d’insuline à 16 unités/ml (soit 800 unités dans 50 ml de NaCl à 0,9 %) placé dans un sac en polychlorure de vinyle (PVC) reste stable jusqu’à 14 jours à température ambiante ou au réfrigérateur(2), ce qui respecte également la norme USP 797. Afin de respecter les recommandations de l’ISMP et d’éviter les multiples changements de solutés, Laskey et ses collaborateurs proposent l’utilisation d’un soluté avec un volume final minimal de 250 ml, par exemple 4 000 unités (40 ml) d’insuline régulière dans 210 ml de NaCl à 0,9 %, pour une concentration finale de 16 unités d’insuline/ml. Certes, le protocole du Centre antipoison du Québec sur l’utilisation et l’administration de l’insuline à forte dose a été adapté suivant la publication de ces nouvelles données.

Références

  1. Olson K. Poisoning and Drug Overdose, Sixth Edition. McGraw Hill Professional; 2011. 832 p.
  2. Laskey D, Vadlapatla R, Hart K. Stability of high-dose insulin in normal saline bags for treatment of calcium channel blocker and beta blocker overdose. Clin Toxicol. 2016 July:19;0(0):1–4.