Élargissement du Programme québécois de dépistage du cancer du sein aux 40‑49 ans – Portrait épidémiologique et anticipation des changements
Ce rapport d’évaluation de programme porte sur l’élargissement de la population cible du Programme québécois de dépistage du cancer du sein (PQDCS) aux femmes âgées de 40 à 49 ans. Il vise à décrire l’épidémiologie du cancer du sein parmi les 40-49 ans du Québec et anticiper, au mieux, les répercussions de cet élargissement sur la performance du programme et sur les excédents de dépistages, prises en charge et préjudices qu’il entraînera, le tout, à travers les bases de données médico-administratives disponibles.
Messages clés
- Les femmes du Québec âgées de 40 à 49 ans reçoivent plus souvent qu’avant un diagnostic de cancer du sein (augmentation de l’incidence de 0,7 % par année parmi les 40-44 ans et de 0,6 % par année parmi les 45-49 ans de 2013 à 2022).
- En revanche, les femmes du Québec âgées de 40 à 49 ans décèdent moins qu’avant du cancer du sein (réduction de 2,9 % par année parmi les 40-44 ans et de 2,6 % par année parmi les 45-49 ans de 2013 à 2022).
- Il est difficile de quantifier combien de décès par cancer du sein seraient prévenus par l’élargissement du Programme québécois de dépistage du cancer du sein (PQDCS) aux 40 49 ans. Les modélisations du groupe de travail des services de prévention des États-Unis (U.S. Preventive Services Task Force), publiées en 2024, concluaient qu’une cohorte de 1 000 femmes dépistées de 40 à 74 ans, plutôt que de 50 à 74 ans, préviendrait 1,3 décès par cancer du sein de plus.
- Si l’on élargissait le PQDCS aux quarantenaires, le quart des nouvelles participantes auraient un résultat anormal dès leur premier dépistage.
- Ceci représente de 40 000 à 90 000 dépistages supplémentaires qualifiés d’anormal avec rappel de la femme pour investigation, dont 7 000 à 15 000 allant jusqu’à la biopsie, et ce, sur une période d’environ 30 mois d’opération du programme.
- En 2023, les plateaux techniques et ressources du réseau de la santé peinaient déjà à répondre à la demande d’investigation des mammographies anormales du PQDCS entraînant le non-respect des cibles fixées pour les délais diagnostiques; l’enjeu étant particulièrement criant pour les investigations requérant une biopsie.
- Le risque de cumuler une ou plusieurs expériences de rappel sans détection de cancer du sein au fil des 15 ou 18 cycles de dépistage d’un programme ciblant les 45 74 ans ou les 40 74 ans, couplé à une perspective de délais d’investigation s’allongeant davantage, pourraient compromettre la balance entre les bénéfices et les préjudices d’un PQDCS élargi.
- Avant d’entreprendre l’élargissement du programme aux quarantenaires, il serait judicieux de mieux comprendre et résoudre la problématique des taux de rappel notoirement élevés au PQDCS.
- Le bien-fondé des programmes populationnels de dépistage repose sur une balance bénéfices-préjudices favorables. Plus les femmes ciblées sont jeunes, moins la balance est convaincante, sans seuil d’âge précis où tirer la ligne.
- L’assurance-qualité des programmes populationnels de dépistage sert de vigie contre toute déroute de cette balance bénéfices-préjudices.
- Rendre accessible à l’équipe d’évaluation du PQDCS les caractéristiques des tumeurs détectées (stade, grade, marqueurs tumoraux) pour développer des indicateurs plus fins sur l’efficacité ultime du programme bonifierait l’assurance-qualité d’un PQDCS élargi.