Influenza aviaire H5N1 – recommandations pour la protection des travailleurs du secteur bovin laitier
Ce document porte sur l’influenza aviaire hautement pathogène A(H5N1) (IAHP H5N1) du clade 2.3.4.4b. Il est destiné aux intervenants du Réseau de santé publique en santé au travail (RSPSAT) qui œuvrent à la prévention des maladies et lésions professionnelles dans l’ensemble des milieux de travail du Québec. Il présente les recommandations intérimaires ayant pour objectif de guider d’éventuelles interventions du RSPSAT auprès des producteurs laitiers en lien avec cet agent pathogène. Ces recommandations seront mises à jour au fil de l’évolution de la situation, selon la littérature scientifique disponible.
Messages clés
- Depuis 2020, l’influenza aviaire hautement pathogène A(H5N1) (IAHP H5N1) du clade 2.3.4.4b a décimé des populations d’oiseaux sauvages et d’élevage à travers le monde, infectant également divers mammifères non humains. En avril 2022, ce virus a été introduit au Québec, affectant les oiseaux sauvages et se propageant rapidement chez la volaille domestique et certains mammifères sauvages. Depuis mars 2024, le virus a été détecté dans plus de 150 troupeaux de bovins laitiers répartis sur au moins 13 États américains, mais aucun cas n’a été signalé au Canada chez le bétail.
- Le virus se transmet rarement des animaux aux humains. Depuis avril 2024, quatre cas de transmission du virus des bovins à l’humain ont été rapportés aux États-Unis, avec des symptômes peu sévères. Cependant, des cas de transmission du virus de ce clade des oiseaux à une douzaine d’humains dans le monde ont provoqué des symptômes sévères chez deux enfants et deux adultes dans la cinquantaine ainsi qu’un décès d’une jeune femme.
- Le lait semble être la principale source de transmission du virus chez les bovins laitiers. Le virus est également détecté, dans une moindre mesure, dans les sécrétions nasales et l’urine. Des animaux infectés mais apparemment sains pourraient également excréter le virus, suggérant un risque de transmission même en l’absence de manifestations cliniques.
- La transmissibilité et la pathogénicité du virus peuvent changer lorsqu’il se propage entre les différentes espèces, augmentant ainsi les possibilités d’adaptations génétiques. Initialement limitée aux oiseaux, la transmission est désormais observée entre mammifères non humains et de ceux-ci aux humains. Bien que le risque de transmission aux humains soit actuellement faible, la situation demeure préoccupante car elle pourrait évoluer avec le temps.
- Les travailleurs des fermes laitières, notamment ceux en contact étroit ou prolongé avec les bovins ou avec des environnements contaminés par des bovins infectés, sont à risque plus élevé d’infection par l’IAHP H5N1.
- Les mesures recommandées aux travailleurs reposent sur une approche graduée et proportionnelle au niveau de risque, ainsi que sur une hiérarchie et une complémentarité des mesures de prévention et de protection en santé au travail, selon leur efficacité à réduire le risque de transmission. Elles tiennent compte de la nature des tâches en présence de bovins laitiers, avec ou sans manifestations cliniques de la maladie, et du risque d’exposition au lait cru (lait non pasteurisé), ainsi que des tâches en l’absence de bovins mais avec un contact possible avec le lait.
- Lorsqu’un travailleur a été exposé à des animaux suspects ou confirmés d’être infectés par l’IAHP H5N1, ou à leurs sous-produits contaminés (ex. : lait), il est recommandé de surveiller ses signes et symptômes pendant les 10 jours suivant la dernière exposition.
Un outil pour les milieux de travail
Une affiche synthèse des mesures de protection présentées dans ce document est également disponible en plusieurs langues. Cet outil est conçu à l’intention des intervenant(e)s des équipes en santé au travail des directions de santé publique et des milieux de travail concernés par ces recommandations intérimaires.