Le Programme québécois de dépistage du cancer du sein (PQDCS) : 20 ans d’expérience, 20 ans de statistiques
En place depuis mai 1998, le Programme québécois de dépistage du cancer du sein (PQDCS) vise à réduire le taux de mortalité par cancer du sein tout en minimisant les effets indésirables du dépistage chez les femmes ciblées.
Depuis les tout débuts du Programme, le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec a mandaté l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) pour produire, valider et analyser différents indicateurs liés aux avantages et inconvénients du dépistage afin d’évaluer le PQDCS de façon continue. Ces indicateurs de performance permettent de suivre l’ensemble des étapes du processus de dépistage et de vérifier si les objectifs à court terme sont atteints.
Alors que le PQDCS a passé le cap de 20 ans d’existence, un bilan sur sa performance est de mise.
Faits saillants
- Entre mai 1998 et décembre 2019, un total de 1 464 703 femmes ont participé au PQDCS, pour un total de 5 915 724 mammographies de dépistage. Sur cette même période, 34 729 cancers du sein ont été dépistés dans le PQDCS.
- Le taux de participation au PQDCS a augmenté de 16 points de pourcentage depuis les débuts du Programme. Il est passé de 49,6 % en 2001 à 65,6 % en 2019.
- Le taux de référence a toujours été trop élevé par rapport aux cibles énoncées par le Cadre de référence du PQDCS. Il a augmenté de façon marquée entre 2010 et 2013 et il ne cesse d’augmenter pour les mammographies initiales. En 2019, près d’une femme sur quatre (22,8 %) a été référée à des examens complémentaires à la suite d’une mammographie initiale, tandis que près de 9 femmes sur cent (8,8 %) l’ont été à la suite d’une mammographie subséquente.
- La proportion des investigations conclues à l’aide d’imagerie seulement a augmenté. Elle est passée de 67,2 % en 1998 à 80,9 % en 2019.
- Le recours aux biopsies chirurgicales pour l’investigation des mammographies anormales est passé de 7,6 % en 1998 à 1,2 % en 2019.
- Les taux de détection des cancers du sein infiltrants et in situ ont augmenté depuis les débuts du Programme, ce qui pourrait suggérer une amélioration de la capacité du PQDCS à détecter les cancers précocement et/ou un changement dans la distribution des facteurs de risque du cancer du sein parmi les participantes. Aux mammographies initiales, le taux de détection des cancers infiltrants était à son plus haut en 2019 avec 6,6 ‰. Aux mammographies subséquentes, il s’est stabilisé autour de 4,8 ‰ à partir de 2013.
- La proportion de cancers infiltrants de petite taille (≤1 cm) a diminué entre 1998 et 2009, passant de 44,8 % à 34,0 %. Cette tendance suggère une diminution de la capacité du Programme à détecter les cancers de façon précoce sur cette période. Néanmoins, la proportion de cancers infiltrants de petite taille a toujours été supérieure à la cible (> 30 %). Par ailleurs, elle a légèrement augmenté à nouveau après 2009, et depuis 2011, elle oscille entre 35,7 % et 41,0 %.
- Depuis les débuts du Programme, la proportion de cancers infiltrants sans envahissement ganglionnaire a toujours été au-dessus de la cible de 70 %. Depuis 2006, cette proportion tend à augmenter, ce qui suggère une augmentation de la capacité du Programme à détecter les cancers de façon précoce. En 2017, soit l’année la plus récente pour laquelle cette information était disponible, 78,4 % des cancers infiltrants détectés par dépistage n’avaient pas envahi les ganglions lymphatiques.
- Les taux de cancers d’intervalle infiltrants ont diminué depuis les débuts du PQDCS, ce qui suggère une amélioration de la sensibilité du dépistage. Depuis 2007, pour les cancers infiltrants détectés dans l’année suivant un dépistage négatif, ce taux varie entre 6,7/10 000 et 8,9/10 000 personnes années à l’échelle du Québec. Quant au taux de cancers d’intervalle infiltrants détectés dans la deuxième année, il oscille autour de 12/10 000 personnes années depuis 2011.
- Entre 1998 et 2019 au Québec, le délai diagnostique médian s’est généralement maintenu entre 27 et 35 jours civils pour les lésions bénignes, et entre 39 et 48 jours pour les lésions cancéreuses. En 2019, le délai diagnostique médian était de 27 jours pour les lésions bénignes et de 40 jours pour les lésions cancéreuses à l’échelle du Québec.
- Les données du Registre québécois du cancer (RQC) pourront bientôt être utilisées pour répondre à de nouvelles questions d’intérêt. Par exemple, l’information sur les stades et certains sous-types de cancers colligés dans le RQC permettra de décrire les cancers dépistés dans le cadre du PQDCS de façon plus détaillée, incluant le stade au diagnostic.
- Les résultats de ce portrait suggèrent que la capacité du PQDCS à détecter les cancers du sein s’est améliorée au fil du temps, mais au prix de l’augmentation des faux positifs.