COVID-19 : Transmission extérieure
Ce document résulte du travail conjoint de plusieurs professionnels et médecins de diverses cellules de travail sur la COVID-19 au sein de l’INSPQ. Il résume les connaissances relatives à la transmission de l’infection à l’extérieur au moyen de constats basés sur une revue non exhaustive de la littérature scientifique ainsi que de l’analyse de nombreuses sources de données québécoises sur le sujet. La méthodologie appliquée pour réaliser cette synthèse rapide des connaissances est présentée à l’annexe 1.
Les constats et les données pourront servir à orienter les mesures de santé publique devant être mises en place dans les milieux extérieurs. À cet effet, ils visent tous les décideurs en santé publique ainsi que les rédacteurs de recommandations en matière de mesures de contrôle à mettre en place pendant la pandémie de COVID-19. Le lecteur souhaitant en savoir davantage sur la COVID-19 dans l’environnement extérieur et ses modes de transmission est invité à consulter les publications suivantes : https://www.inspq.qc.ca/publications/3002-environnement-exterieur-covid19 et https://www.inspq.qc.ca/covid-19/environnement/modes-transmission.
Il faut noter que la littérature scientifique sur la transmission à l’extérieur ne tient pas compte jusqu’à maintenant de l’impact de la circulation des variants préoccupants sur cette transmission. Cependant, des événements documentés en lien avec les variants ont été rapportés au Québec. L’INSPQ a d’ailleurs mis en ligne une revue de littérature sur le variant Delta (transmission, virulence et efficacité vaccinale) : https://www.inspq.qc.ca/publications/3160-variant-delta-transmission-virulence-efficacite-vaccinale. Cette revue rapporte la plus grande charge virale observée chez les personnes infectées par le variant en question. L’impact sur la charge virale présente dans les aérosols exhalés n’est cependant pas encore bien caractérisé dans la littérature scientifique.
Résumé
Constats
- La transmission de la COVID-19 à l’extérieur a déjà été constatée, mais elle est moins bien documentée que la transmission à l’intérieur, autant du côté de la littérature scientifique internationale que du côté des données de vigie québécoises.
- Les modes de transmission de la COVID-19 sont estimés être les mêmes tant à l’extérieur qu’à l’intérieur :
- Le SRAS-CoV-2 se transmet principalement lors de contacts rapprochés (à moins de 2 mètres) et prolongés (durant plus de 15 minutes) entre les personnes.
- Les données expérimentales et épidémiologiques montrent une transmission par aérosols à proximité, soit à moins de 2 mètres.
- Les données laissent à penser aussi qu’une transmission à distance par aérosols pourrait survenir lorsque certaines conditions spécifiques sont présentes.
- Il est présumé que l’effet de dilution des particules par le mouvement de l’air ambiant diminue les probabilités de transmission à l’extérieur, surtout quand les contacts sont à plus d’un mètre. Cette dilution augmente probablement aussi avec la distance.
- Lorsqu’il y a une transmission soutenue dans la communauté, plusieurs organismes de santé publique et juridictions recommandent le port du masque si les interactions se font à moins de 2 mètres à l’extérieur afin de diminuer les risques de transmission.
Données québécoises
- En se basant sur les cas pour lesquels un seul lieu d’acquisition est rapporté lors des enquêtes épidémiologiques (voir la base de données Trajectoire de santé publique – TSP), une possible acquisition à l’extérieur a été déterminée pour peu de ces cas, soit environ 1,9 %.
- Les données du Registre québécois des éclosions de COVID-191 font quant à elles état de 65 éclosions qui pourraient avoir une composante prépondérante de transmission à l’extérieur, et ces éclosions sont majoritairement survenues depuis le printemps 2021 (registre en place depuis l’automne 2020). Elles ont eu lieu dans des parcs et d’autres lieux extérieurs : terrain de golf, cimetière, terrain de sport et terrain de résidences privées. Elles ont également eu lieu lors de certaines activités : pique-nique, glissade extérieure, etc. Enfin, ces éclosions représentent moins de 1 % de l’ensemble des éclosions saisies dans le Registre québécois des éclosions de COVID-19 pour cette période.
- La vigie des éclosions en milieu de travail, documentée au moyen du Registre québécois des éclosions de COVID-19 et d’un jumelage avec des données du Système d’information en santé au travail (SISAT), a permis de relever plusieurs éclosions dans le secteur de la construction, où de nombreuses tâches sont exécutées à l’extérieur. Cependant, il n’est pas possible d’établir, pour ces situations, que c’est sur la contribution extérieure uniquement que repose la transmission.
- À Montréal, 34 situations d’éclosion2, soit une faible proportion (environ 2,5 %) de l’ensemble des situations d’éclosions documentées dans cette région, s’étant produites dans des parcs ont été répertoriées, et jusqu’à 13 cas ont pu être liés à un même événement. Le partage de nourriture et le non-respect des mesures telles que la distanciation physique et le port du masque sont souvent notés lors de ces éclosions.
- Les données québécoises ne permettent pas de dresser un portrait clair de la transmission de la COVID-19 à l’extérieur et de l’ampleur de cette dernière dans la province. Ces données laissent cependant entrevoir que la transmission extérieure est possible. Elle serait moindre qu’à l’intérieur, mais probablement sous-estimée. Certaines pratiques notées, comme le non-respect des mesures de distanciation physique et de port du masque ainsi que le partage de nourriture, augmentent le risque de transmission lors d’activités extérieures. Davantage d’informations sur la transmission à l’extérieur seraient utiles afin d’orienter les recommandations relatives aux mesures de protection pour les activités et le travail à l’extérieur ainsi qu’aux restrictions à prendre en compte selon l’épidémiologie du virus.
1 En date du 23 août 2021.
2 En date du 9 septembre 2021.