Budgétisation bien être : une perspective critique en santé publique

Au cours de la dernière décennie les politiques publiques axées sur le bien-être ont pris de l’ampleur dans plusieurs pays, notamment en Nouvelle-Zélande, au pays de Galles, en Écosse et en Finlande. L’attention portée au bien-être et à la qualité de vie de la population a le potentiel de permettre d’agir en amont sur les déterminants de la santé et, par conséquent, d’être un atout important pour l’adoption de politiques publiques favorables à la santé. Le Centre de collaboration nationale sur les politiques publiques et la santé (CCNPPS) s’est donné pour but d’explorer l’importance de ce virage politique. Dans la présente note documentaire, le CCNPPS a invité Lindsay McLaren, chercheuse en santé publique de renom, à évaluer dans quelle mesure les politiques publiques intégrant une approche axée sur le bien-être s’alignent avec les recherches et les pratiques en santé publique, et si la santé publique a un rôle à jouer en lien avec ces travaux. Professeure McLaren offre une perspective critique sur la santé publique ainsi que sur des occasions et des risques potentiels liés à l’adoption de la budgétisation bien-être présentée comme une « approche potentiellement radicale pour promouvoir certaines valeurs et atteindre certains objectifs fondamentaux » de la santé publique. Nous vous invitons à lire sa contribution dans le texte qui suit.

Introduction et aperçu

La budgétisation bien‑être (sommairement, un cadre de référence pour soutenir la prise de décisions gouvernementales, qui est guidé par le bien‑être des personnes et de la planète ; davantage de détails sont présentés plus bas) peut constituer une approche radicale pour promouvoir certaines valeurs et atteindre certains objectifs fondamentaux véhiculés dans la recherche, la pratique et les politiques en santé publique. Elle pourrait ainsi constituer un moyen de s’attaquer aux causes profondes des problèmes de santé et des inégalités de santé (c.‑à‑d. les différences injustes et évitables en matière de santé entre les groupes sociaux ; Centre de collaboration nationale des déterminants de la santé [CCNDS], 2013). Elle pourrait aussi, au contraire, prendre la forme d’un ensemble d’activités se déroulant en aval et se révéler inefficace pour atteindre les objectifs énoncés.

La nature relativement nouvelle et évolutive de la budgétisation bien‑être fournit une occasion importante d’avancer la première approche, plus radicale. La présente note documentaire s’appuie sur le principe selon lequel les communautés de la santé publique devraient en quelque sorte participer aux discussions sur la budgétisation bien‑être, mais qu’une perspective (ou posture) critique s’impose. Les communautés de la santé publique englobent les décideurs, les praticiens, les universitaires et les militants. Le public cible inclut, bien sûr, les nombreuses personnes et les nombreux groupes dont le travail est très pertinent pour la santé et le bien‑être publics et qui ne se présentent peut‑être pas comme faisant partie de la santé publique. En dépit des défis persistants que posent ces questions de délimitation des frontières liées à la crise identitaire abordée plus loin, l’emploi de l’expression « communautés de la santé publique » dans lesquelles je m’inclus, est délibéré et vise à communiquer l’importance de travailler ensemble à l’atteinte d’un but commun. Le but de cette note documentaire est donc d’examiner la budgétisation bien‑être selon une perspective critique en santé publique. Cette perspective a été décrite succinctement par Schrecker (2021) comme étant une façon de tenter de révéler au grand jour les enjeux de pouvoir à travers : un engagement normatif envers l’équité en santé ; la reconnaissance que les iniquités sont créées et maintenues par des forces sociales, politiques et historiques ; et la reconnaissance des répercussions insidieuses de la médicalisation, qui obscurcissent les déterminants structuraux du bien‑être et de l’équité en santé.

Budgétisation bien-être : une perspective critique en santé publique
Auteur(-trice)s
Type de publication
ISBN (électronique)
978-2-550-91720-5
Notice Santécom
Date de publication