L'épidémiologie du suicide au Québec : que savons-nous de la situation récente?
L'objectif de cette étude est de présenter une analyse épidémiologique sommaire du suicide à partir des données disponibles les plus récentes. Pour obtenir un tableau complet de la situation québécoise et être en mesure d'évaluer l'ampleur du problème auquel notre société est confrontée, il faut examiner les variations du suicide dans le temps, selon l'âge, le sexe et la région de résidence. Afin de compléter le portrait, l'analyse des moyens utilisés est également essentielle.
Une analyse de la mortalité par suicide limitée aux données québécoises est informative. Cependant, la comparaison de la mortalité québécoise par suicide à celle du reste du Canada et des principaux pays industrialisés permet un éclairage supplémentaire nécessaire pour juger de l'ampleur réel du problème au Québec.
En guise de conclusion, il est difficile d’échapper au diagnostic sombre qui nous est révélé par les statistiques et les comparaisons avec les provinces du Canada et les pays industrialisés. À ce constat négatif obligé, il faut maintenant se questionner sur l’évolution de ce problème compte tenu des connaissances que nous en avons et de l’impact potentiel des mesures préventives et curatives déployées actuellement.
Force est de constater que malgré les efforts investis depuis vingt ans dans la prévention du suicide, les taux de suicide n’ont fait qu’augmenter. Les taux de suicide ont progressé de façon fulgurante chez les hommes, ceux de 30-49 ans étant les plus à risque de suicide. Face à cet état des lieux inquiétants, il faut aussi anticiper ce qui nous attend si les mesures préventives ne s’avèrent pas plus efficaces. L’analyse des profils génération par génération (R. Boyer et D. St‑Laurent, 1999) suggère que d’une génération à l’autre, les taux de suicide chez les jeunes hommes continuent de progresser de façon systématique et la suicidalité des générations du « baby-boom » semble se maintenir avec leur avancement en âge. Cette réalité signifie que si ces tendances persistent, tant chez les jeunes que chez les « baby-boomer », la mortalité par suicide au Québec devrait continuer de croître et nous risquons d’observer des taux très élevés chez les jeunes et les personnes de 55 ans et plus dans les prochaines années.