Problème environnemental chronique du bâtiment, tel que la mérule pleureuse : effets psychologiques et sociaux potentiels

Ce document contribue à l’identification des impacts sociaux et psychologiques associés aux dommages ou à la perte d’un domicile à la suite d’un problème environnemental chronique du bâtiment. Ces derniers sont des problèmes environnementaux qui engendrent des impacts sur le domicile à long terme, et qui se distinguent des sinistres par le fait qu’ils ne sont pas le résultat d’un événement soudain amenant le déploiement de mesures d’urgence.

Cet exercice vise à répondre au besoin de la santé publique de faire le point sur le cas de la mérule pleureuse, un problème environnemental chronique du bâtiment qui est devenu un enjeu social au Québec au cours des dernières années. Supporté par une contextualisation et une analyse conceptuelle, la démarche de recherche documentaire a permis de retenir huit articles scientifiques portant sur diverses causes de perte du bâtiment, ainsi qu’un récent mémoire de maîtrise. Les principaux résultats indiquent que :

  • Des impacts sont recensés quant au bien-être psychologique et social, notamment en ce qui a trait aux notions de contrôle, de sécurité et d’identité, trois dimensions rassemblées dans le concept de l’habiter.
  • L’absence de routine et le changement dans les habitudes de vie occasionnés par les dommages ou la perte d’un domicile perturbent la vie quotidienne. Le caractère involontaire de cette perturbation, associé par certains auteurs à la perte de contrôle, est susceptible d’engendrer du stress, de l’anxiété, de la détresse émotionnelle et un état de dépression, ainsi qu’un sentiment d’impuissance.
  • À la perte du domicile peut s’ajouter également la dimension de perte du milieu de vie. La solitude, l’isolement et le sentiment d’insécurité sont des effets recensés chez des individus déplacés qui ont, ainsi, perdu accès à leur voisinage et leur entourage familial.
  • Les dommages sévères ou la perte de domicile peuvent conduire à des démarches administratives et judiciaires qui peuvent s’avérer fastidieuses et énergivores pour les propriétaires. Ces démarches sont associées à des manifestations de stress et d’anxiété.
  • Les coûts importants associés aux dommages ou à la perte de son domicile ont été évoqués dans l’ensemble des études recensées. Le fait que les dettes encourues peuvent perdurer dans le temps et bouleverser la vie à long terme semble être un facteur aggravant.
  • Les problèmes environnementaux chroniques du bâtiment sont bien liés aux préoccupations des acteurs de santé publique, puisque les impacts psychologiques et sociaux recensés, reliés aux dimensions du chez-soi, sont susceptibles de s’appliquer aux résidents affectés.
  • Toutefois, la quasi-absence de littérature scientifique sur le sujet prescrit la réalisation d’une étude empirique québécoise sur un problème environnemental chronique du bâtiment, tel que la mérule pleureuse.
Auteur(-trice)s
Emmanuelle Bouchard-Bastien
M. Env., conseillère scientifique, Direction de la santé environnementale et de la toxicologie, Institut national de santé publique du Québec
ISBN (électronique)
978-2-550-82635-4
Notice Santécom
Date de publication