Consultation sur l’approche proposée en matière de réglementation pour interdire l’amiante et les produits contenant de l’amiante

Les propriétés physico-chimiques de l’amiante expliquent la vaste étendue de son utilisation. Les risques à la santé que pose ce minerai sont toutefois sérieux et très bien documentés. L'état des connaissances à ce jour permet de conclure que l'amiante, incluant le chrysotile, est un cancérigène avéré pour l'humain. Toutes les formes d’amiante sont cancérigènes et il n’y a pas de seuil sécuritaire pour ce contaminant (CIRC, 2012; OMS, 1998).

Les risques à la santé concernent les travailleurs exposés à l’amiante dans leur milieu de travail et la population générale exposée par l’environnement (cohabitation avec des travailleurs qui ramènent des vêtements contaminés à la maison, pollution de l’air par les mines d’amiante et les usines d’amiante, travaux domestiques avec des matériaux contenant de l’amiante, affleurements naturels d’amiante, etc.).

L’exposition professionnelle à l’amiante cause des amiantoses, des mésothéliomes, des cancers pulmonaires, des ovaires et du larynx (CIRC 1977, CIRC 2012). Il existe des risques à la santé associés des expositions professionnelles à de faibles concentrations d’amiante (Wolff et al., 2015).

Des cas de mésothéliome sont aussi décrits dans les populations exposées à l’amiante par l’environnement (Donovan et al., 2012; Mirabelli et al., 2008; Olsen et al., 2011; Park et al., 2013). La littérature scientifique décrit des cas de mésothéliome qui n’ont eu que l’exposition aux résidus miniers d’amiante (ou haldes d’amiante) comme facteur de risque de leur maladie (Mirabelli et al., 2008). Des cas d’amiantose et de mésothéliome, fort probablement reliés à une exposition environnementale à l’amiante, ont été décrits dans une des villes minières du Québec (De Guire, 2014). De plus, une analyse de risque a montré un excès de mésothéliome et de cancer du poumon dans la population de cette ville (Bourgault et al., 2014).

La dangerosité de l’amiante appelle à ce que toutes les mesures de prévention et de protection de la santé des travailleurs et de la population soient appliquées. Certains écueils, propres à la nature du minerai et la réglementation actuelle, sont à surmonter afin d’assurer un contrôle adéquat de l’exposition des Québécois à l’amiante. Ainsi, des études de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) ont mis en évidence les difficultés sur le plan de la gestion sécuritaire de l’amiante dans le secteur de la transformation de ce minerai et dans celui de la construction (Adib et De Guire, 2016; Adib, 2013; De Guire et al., 2005).

Préoccupé par les effets de l’amiante sur la santé humaine ainsi que les enjeux associés à son contrôle, l’INSPQ salue l’initiative du projet de loi fédérale visant l’interdiction de l’amiante au Canada. Il émet toutefois des réserves et des recommandations sur quatre des exemptions prévues à la nouvelle approche réglementaire. Ces exemptions, qui pourraient exposer des travailleurs et la population générale, sont celles relatives à l’exploitation minière, le traitement des résidus miniers pour certaines applications, l’amiante contenu dans un produit antiparasitaire, l’amiante ou produits contenant de l’amiante présentés à des fins éducatives. L’INSPQ s’interroge enfin sur l’exemption générale sur les traces d’amiante d’origine naturelle qui nécessiterait certaines précisions.

Auteur(-trice)s
Louise De Guire
M.D., Institut national de santé publique du Québec
Marie-Eve Levasseur
M. Sc., conseillère scientifique, Institut national de santé publique du Québec
Sujet(s)
Amiante
Type de publication
ISBN (électronique)
978-2-550-78686-3
Notice Santécom
Date de publication