Bouger pour être en meilleure santé – Mémoire concernant le Livre vert « Le goût et le plaisir de bouger : vers une politique nationale du sport, du loisir et de l'activité physique »
L'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) salue l'initiative du gouvernement du Québec pour son livre vert visant à développer une politique pour inciter la population québécoise à faire davantage d'activité physique. Les acteurs de santé publique travaillent depuis des années pour amener les gens à adopter un mode de vie physiquement actif. Ce projet de politique contribuera certainement à relever ce défi qui nécessite l'implication du gouvernement et de plusieurs secteurs.
Ce livre vert rejoint deux éléments essentiels en matière de promotion de l'activité physique : d'une part, l'importance accordée à toutes les formes d'activité physique et au simple fait de bouger, et d'autre part, le plaisir comme facteur de motivation essentiel à l'adoption et au maintien d'un mode de vie physiquement actif.
Adopter un mode de vie physiquement actif
Toute augmentation de la fréquence, de la durée et de l'intensité de l'activité physique dans un contexte sécuritaire est associée à une diminution de la mortalité et s'accompagne de bienfaits pour la santé, notamment en matière de prévention des maladies chroniques et d'impacts bénéfiques démontrés sur la santé mentale et le stress.
Les gains pour la santé associés à une pratique régulière d'activité physique seraient d'autant plus substantiels pour les personnes sédentaires ou peu actives durant leur temps libre, soit près des deux tiers de la population québécoise.
Fort d'un consensus scientifique sur les bienfaits pour la santé de l'activité physique, l'INSPQ propose d'affirmer dans la politique la recommandation mise de l'avant par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS, 2010) soit :
Développer le goût et le plaisir de bouger durant :
Au moins 150 minutes d'activité physique d'intensité modérée par semaine (ou au moins 75 minutes d'activité d'intensité soutenue) pour les adultes de 18 ans et plus.
Au moins 60 minutes d'activité physique d'intensité modérée à soutenue par jour pour les enfants et les jeunes âgés de 5 à 17 ans.
Pour y arriver, tous les types d'activité physique peuvent être inclus, selon les intérêts et les capacités de chacun.
Une politique inclusive pour tous selon les capacités de chacun
Un des aspects les plus porteurs de ce livre vert est son intention inclusive qui se fonde sur une « démocratisation de l'accès aux activités physiques, récréatives et sportives ». Pour atteindre un tel objectif, il importe d'être attentif aux choix des interventions afin de s'assurer que la politique permettra de rejoindre toutes les catégories de la population et qu'elle n'accentuera pas les inégalités sociales de santé, c'est-à-dire les écarts de santé observés dans la population en lien avec le statut socioéconomique des individus. Par ailleurs, certains milieux de vie, comme le milieu scolaire, ou des groupes de la population comme les aînés, sont particulièrement importants à cibler dans une optique de réduction des inégalités sociales dans la pratique d'activité physique.
L'accessibilité : l'enjeu prioritaire
L'INSPQ croit que l'enjeu d'accessibilité identifié dans le livre vert est prioritaire et que sa résolution repose en grande partie sur la mise en place d'environnements favorables à l'adoption d'un mode de vie physiquement actif.
Afin que les Québécois de tous âges et de toutes conditions délaissent leurs habitudes sédentaires et atteignent les niveaux recommandés d'activité physique, il faut agir sur différents facteurs pouvant représenter des contraintes comme le temps, le coût et l'accès physique aux installations. Pour ce faire, l'implication des milieux de l'éducation et du travail dans lesquels évoluent principalement les Québécois dans le cadre de leurs occupations constitue certainement une voie à privilégier. Il faudrait toutefois voir à étendre cette intention vers d'autres milieux, comme celui des services de garde ou des installations municipales par exemple, pour joindre d'autres groupes de citoyens, comme les tout-petits, les aînés et les sans-emplois.
Il importerait en outre d'encourager le développement du transport actif puisqu'il est reconnu que sa pratique contribue significativement à un mode de vie physiquement actif et que de nombreux bénéfices pour la santé peuvent en découler. De même, augmenter l'accès à des infrastructures récréatives et sportives de qualité, sécuritaires et attrayantes est une stratégie jugée prometteuse par de nombreux experts de santé publique pour soutenir un mode de vie physiquement actif et prévenir les problèmes liés au poids dans une population.
Certaines interventions doivent être ciblées pour rejoindre des groupes spécifiques de la population comme les jeunes enfants, les adolescents, les travailleurs ou les personnes âgées. Des interventions spécifiques sont documentées dans ce document pour chacun de ces groupes de la population.
La sécurité : essentielle
Le livre vert inscrit la sécurité comme un enjeu important à considérer pour promouvoir la pratique du sport et de l'activité physique. À juste titre, il rappelle que l'exposition au risque voire la perception de celui-ci peut constituer une entrave dans la pratique de l'activité physique. L'INSPQ souscrit entièrement à cette préoccupation non seulement pour éviter les blessures, mais également parce que la sécurité constitue un déterminant important dans la pratique des sports et de l'activité physique. Les principaux enjeux de la sécurité liée à l'activité physique sont les blessures et la violence, et ce, dans toutes les activités et dans tous les milieux. L'INSPQ reconnaît que des efforts considérables ont été faits au Québec pour améliorer la sécurité dans les sports. Aujourd'hui, il est essentiel que des efforts soient consacrés également pour promouvoir des règles de conduite respectueuses de l'intégrité physique et morale des personnes et pour s'assurer que la pratique de l'activité physique se déroule dans des environnements sociaux et physiques accueillants et sécuritaires. Ces efforts contribueront à améliorer la sécurité réelle et la sécurité perçue de la population à l'égard de la pratique d'une activité physique.
La concertation : primordiale
Enfin, le caractère éminemment intersectoriel de la politique proposée nécessite une vision commune et partagée du mode de vie physiquement actif et c'est pourquoi l'INSPQ considère la concertation comme un enjeu primordial nécessitant une attention soutenue. L'adhésion de l'ensemble des partenaires sectoriels au développement et la valorisation d'une vision commune et partagée du mode de vie physiquement actif constitue une condition de réussite de la politique, alors que ceux-ci constitueront des acteurs de premier plan lors de sa mise en œuvre. L'ensemble des ministères et autres instances gouvernementales, ainsi que les organismes privés ou communautaires concernés devront donc être mobilisés, mais aussi concrètement soutenus dans leur contribution à la réussite de la future politique.