Les conditions de travail et d’hébergement des travailleuses et travailleurs migrants agricoles et la protection de leur santé : une revue narrative systématisée

Faits saillants

Cette revue narrative systématisée vise à identifier les risques de santé posés par les conditions de travail et d’hébergement des travailleuses et travailleurs migrants agricoles ainsi que les barrières et leviers de protection dans ce domaine. L’agriculture a été ciblée pour la recension des écrits en raison de l’importance croissante des travailleurs étrangers temporaires dans ce secteur d’emploi au Québec et au Canada. L’analyse de 49 publications issues de la littérature scientifique et grise a permis de dégager plusieurs faits saillants : 

• Les recherches sur la santé des travailleuses et travailleurs migrants agricoles ont été principalement réalisées aux États-Unis et au Canada et sont relativement récentes (moins de dix ans). Au Canada, la littérature porte plus spécifiquement sur les travailleurs étrangers temporaires. Elle documente principalement leurs perceptions et expériences relatives aux conditions de travail et d’hébergement par le biais de méthodes de recherche qualitative (entrevues, groupes de discussion) et/ou quantitative (questionnaires).
• Les risques de santé associés aux conditions de travail découlent du rythme et des tâches de travail, de l’environnement physique ainsi que de l’environnement social de travail. Les problématiques de santé les plus documentées dans la littérature concernent les troubles musculosquelettiques, les problèmes respiratoires et dermatologiques, de même que le stress et l’anxiété.
• Les risques de santé associés aux conditions d’hébergement sont liés au surpeuplement des logements, des lacunes au niveau de l’environnement bâti, et par l’emplacement des sites d’hébergement, généralement à proximité des lieux de travail et éloignés des centres de services. Diverses problématiques de santé sont reliées à ces conditions, telles que la propagation de virus, des problèmes respiratoires et gastro-intestinaux, des carences alimentaires, ainsi que l’anxiété.
• Les principales barrières qui entravent la protection de la santé et sécurité des travailleurs étrangers temporaires sont le statut migratoire, le niveau d’information limitée en matière de santé et sécurité au travail, ainsi que la faible accessibilité des soins de santé. L’existence de ces barrières s’explique par divers facteurs, dont le permis fermé, les compétences linguistiques, et la dépendance des travailleurs envers l’employeur (p. ex. pour l’accès aux services, la traduction, l’emploi au Canada).
• Les leviers proposés par la littérature s’articulent autour de quatre champs d’action : diminuer la précarité du statut migratoire, assurer l’effectivité des mécanismes de protection en santé et sécurité au travail, accroître l’accessibilité des soins de santé et améliorer les conditions d’hébergement. Les leviers les plus cités dans la littérature concernent la délivrance d’un permis ouvert, le rehaussement des normes d’hébergement, la mise en place d’inspections non annoncées, et l’adaptation des formations et services aux besoins et réalités des travailleurs (p. ex. cliniques de santé mobiles, ligne téléphonique d’assistance, formations en espagnol).