15 mars 2019

Événements climatiques extrêmes en Australie (crocodiles, pêches précuites et mélioïdose)

Brèves d'actualité
Le texte qui suit ne présente pas la position de l’Institut. Il est le résumé d’articles récents parus dans les médias. L’objectif est de porter à l’attention des lecteurs des éléments récents de l’actualité en santé environnementale.

Depuis plusieurs années, les scientifiques soutiennent que les changements climatiques induits par l’augmentation des concentrations de gaz à effets de serre (GES) dans l’atmosphère peuvent résulter en une augmentation des événements climatiques extrêmes. Bien qu’aucun événement pris isolément ne puisse être directement attribuable à l’augmentation des GES seule, force est de constater que, depuis quelques années, l’intensité de certains de ces événements climatiques a de quoi surprendre.

L’été australien 2018-2019 a été marqué par des événements climatiques extrêmes d’une rare intensité. Dans un premier temps, l’Australie presque entière a subi des températures caniculaires extrêmes. Adélaïde, une ville du sud de l’Australie, a connu le 22 janvier 2019 une température de 46,6 °C (1)! Plusieurs communautés dans le Queensland ont connu au moins 40 jours de températures maximales de plus de 40 °C (1). À ce moment, plusieurs chevaux sauvages morts ont été retrouvés près de points d’eau asséchés dans le Territoire du Nord australien. Plus de 23 000 chauves-souris sont aussi décédées en tombant des arbres, représentant plus du tiers de certaines espèces en Australie.

L’intensité de la vague a aussi entraîné des pertes importantes de récoltes. Il a été rapporté que les températures étaient élevées au point de faire cuire le noyau des nectarines et des pêches, ruinant ainsi les fruits (1). La chaleur a causé des feux de broussailles dont les effets sur la pollution de l’air se sont fait ressentir jusqu’en Nouvelle-Zélande (2). La canicule aurait aussi mené à la mort de centaines de milliers de poissons d’eau douce en Australie (3). À notre connaissance, l’Australie n’a pas de système de surveillance qui estime rapidement le nombre de décès dus à la chaleur. Les messages de santé publique émis sont cependant les mêmes qu’au Québec, soit de rester dans un endroit frais, de bien s’hydrater et d’éviter de faire de l’exercice à l’extérieur, tout en s’occupant des personnes vulnérables.

Immédiatement après ces épisodes caniculaires, des inondations sans précédent ont affecté le nord de l’Australie (5). En effet, des pluies diluviennes, qui ont déferlé du 26 janvier au 4 février 2019, ont affecté l’État du Queensland. En tout, plus de 120 cm d’eau sont tombés en une semaine dans la région d’une ville côtière. Habituellement, cette région reçoit cette quantité de pluie en un an! Les scènes rapportées frappent l’imaginaire : évacuations de centaines de maisons, autos emportées par le courant, présence de serpents et de crocodiles dans les rues de certaines petites municipalités. Il a été recommandé aux résidents d’éviter de se tenir dans l’eau à cause des différents dangers présents. Qui plus est, le bétail qui avait survécu à la canicule dans le Queensland a été décimé durant les inondations, lors desquelles plus de 500 000 bovins sont décédés (6). Bien qu’il soit présentement difficile d’estimer l’impact indirect des inondations sur la santé, les inondations ont directement entraîné le décès de deux personnes (7). De plus, à la suite des inondations, onze personnes ont souffert de mélioïdose, une bactérie qui vit dans les sols tropicaux et qui peut infecter les personnes vulnérables exposées. Une personne est décédée des suites de cette infection (7). Plus de 1500 militaires ont été dépêchés dans la région du Queensland pour épauler les services d’urgence.

L’été australien est en quelque sorte un miroir plus extrême de ce qui s’est passé au Québec. En effet, au sud du Québec, l’été 2018 a été le plus chaud des 146 dernières années (8). Comme dans plusieurs endroits dans le monde, plusieurs maisons et bâtiments ont été érigés dans des zones à risque d’inondation, ce qui augmente les probabilités qu’un événement climatique devienne une urgence sanitaire (5). De manière non surprenante, cet enjeu est d’ailleurs très présent au Québec, étant donné que plusieurs municipalités ne découragent pas la construction d’édifices près des cours d’eau (9). Tous les événements des derniers mois ont eu un impact au point que les services d’urgences à travers l’Australie ont eu beaucoup de difficulté à répondre aux besoins des populations affectées (5).

Sources :

  1. Global News (24 janvier 2019). Australia’s blistering heatwave is breaking records, killing animals en masse.
  2. Newshub (1er février 2019). Strange Auckland haze caused by Australian bushfire smoke particles.
  3. Journal de Montréal (29 janvier 2019). Un tapis de cadavres : mort de « centaines de milliers » de poissons en Australie.
  4. New South Wales Government (15 janvier 2019). Heat alert across Sydney and NSW.
  5. The New York Times (4 février 2019). “Unprecedented” floods in Australia force hundreds to evacuate.
  6. CNN (13 février 2019). Queensland floods: 500,000 cattle survived years-long drought only to die in the rain.
  7. The Guardian (12 février 2019). Deadly mud bacteria claims a life as Townsville flodd toll rise to three.
  8. Ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques. Faits saillants – Septembre 2018 : l’été le plus chaud en 146 ans d’observations au sud du Québec se confirme.
  9. Le Soleil (16 août 2018). Cartographie des zones inondables : 35 ans plus tard.