Les hydrocarbures aromatiques polycycliques sont une famille de composés dont le potentiel cancérogène est reconnu depuis de nombreuses années. Ainsi de nombreux HAP particulaires, avec comme chef de file le benzo(a)pyrène (BaP), sont classés parmi les substances cancérogènes par l’Union européenne ou le Centre International de Recherche sur le Cancer (Straif et al., 2005). Alors que des preuves définitives et robustes, notamment pour les cancers du poumon et de la vessie, ont été publiées pour certains secteurs industriels (cokerie, aluminium, fonderies de fer et d’acier, bitumes) (Bosetti et al., 2007), très peu de maladies professionnelles pour ces types de cancer sont déclarées chaque année en France. Cette importante sous-déclaration est due au manque de spécificité, aux nombreux facteurs étiologiques (tabac), à la survenue tardive de ces types de cancer, à la méconnaissance des pathologies professionnelles par les médecins, mais surtout au manque de connaissances des expositions professionnelles.
Afin de prévenir la survenue de pathologies cancéreuses dans les 20 à 40 prochaines années, il est nécessaire d’évaluer les risques sanitaires des populations exposées actuellement, de définir des groupes de sujets à risques et de mettre en place au sein de ces groupes des mesures de prévention adaptées (substitution si possible, diminution des niveaux d’exposition). Cette évaluation des risques sanitaires (ERS) repose pour une large part sur l’estimation des expositions individuelles, ce qui souligne toute l’importance de la traçabilité de l’exposition rappelée récemment en France par plusieurs réglementations (ERS et CMR, Cancérogènes, Mutagènes et Reprotoxiques en 2001), plans (Santé-Environnement 2004 et 2008, Santé-Travail 2005) et organismes nationaux (AFSSET, IGAS 2008).