Eau potable

Nitrates, eau potable et santé de l’enfant

La présence de nitrates dans l’eau souterraine utilisée pour la consommation humaine est de plus en plus souvent rencontrée sur notre planète, en particulier dans les endroits où se pratique une agriculture intensive. Il s’agit donc d’un paramètre pour lequel des normes ou des critères ont été développés par les instances impliquées dans la protection de la santé publique. Les recommandations concernant les nitrates dans l’eau potable ont cependant la particularité d’avoir été élaborées pour prévenir un effet aigu chez les enfants : la méthémoglobinémie. La norme pour l’eau potable au Québec de 10 mg-N/l(a) est similaire aux valeurs rencontrées ailleurs dans le monde.

La toxicité des nitrates résulte de leur transformation en nitrites. Ces derniers peuvent réagir avec le fer de l’hémoglobine des globules rouges et entraîner la formation subséquente de méthémoglobine. C’est pour prévenir l’apparition de méthémoglobinémie chez le nourrisson que la concentration de 10 mg-N/l de nitrate dans l’eau potable est recommandée.

Une évaluation du risque à la santé pouvant être associé à la présence de nitrates dans l’eau souterraine a été réalisée dans le cadre d’un vaste projet intitulé « Étude sur la qualité de l’eau potable dans les sept bassins versants en surplus de fumier et impacts potentiels sur la santé1. Cette évaluation du risque concernait le risque de méthémoglobinémie chez le nourrisson et le risque de cancer. Dans le cadre d’une réflexion sur l’environnement et la santé de l’enfant, nous allons revoir les grandes lignes de cette évaluation du risque concernant la méthémoglobinémie et faire ressortir des points importants concernant l’évaluation du risque chez les enfants. Le lecteur voulant en apprendre davantage sur le sujet pourra se référer au rapport.

Exposition au manganèse dans l’eau potable et comportements hyperactifs chez des enfants d’âge scolaire

Il est maintenant reconnu que l’exposition à certains métaux, tels le plomb et le mercure, interfère avec le développement du système nerveux des enfants. Ces connaissances ont éveillé l’intérêt de la santé publique et conduit à la mise en place de mesures pour réduire l’exposition à ces métaux. Selon de récentes études épidémiologiques et animales, le manganèse (Mn) est un métal qui pourrait aussi avoir des effets néfastes sur le développement neurologique. D’une part, il est connu qu’une petite quantité de manganèse est essentielle au bon fonctionnement de l’organisme et que le risque de carence en manganèse est pratiquement nul, les besoins étant facilement comblés par l’alimentation; un seul cas de déficience induit expérimentalement ayant été rapporté dans la littérature. D’autre part, une surexposition au manganèse, principalement par inhalation, peut causer des effets neurotoxiques.

Évaluation de l’efficacité de la promotion du dépistage de l’arsenic dans les puits privés de l’Estrie

L’arsenic inorganique (As) est un métalloïde susceptible de se retrouver de façon naturelle dans l’eau. Entre 1983 et 1987, le ministère des Ressources naturelles et de la Faune a échantillonné plus de 40 000 puits de captage au Québec et procédé à l’analyse de différents paramètres, dont l’As. Selon les résultats de cette caractérisation, 3,9  % des 2 919 puits échantillonnés en Estrie présentaient une concentration en As supérieure à 10 µg/L, soit la concentration maximale acceptable recommandée au Canada. Plusieurs études épidémiologiques ont permis d’observer que l’ingestion d’une eau contenant des concentrations relativement élevées en As pouvait induire plusieurs types de cancer, dont celui de la peau, des poumons et de la vessie. À l’exception des analyses effectuées lors de l’installation d’un nouveau puits, les propriétaires de puits privés ne sont pas assujettis au Règlement sur la qualité de l’eau potable. Dans ce contexte, il incombe à chaque propriétaire de s’assurer de l’innocuité de son eau de consommation pour ne pas s’exposer à des contaminants, qu’ils soient d’origine naturelle ou anthropique. La réduction de tels risques nécessitera, dans certains cas, l’introduction d’un changement de comportement. Le défi est d’autant plus grand dans ce cas-ci que l’origine du contaminant étant naturelle, elle tend habituellement à augmenter la tolérance face au risque.

Microbiologie des eaux souterraines utilisées comme source d’eau potable

L’eau souterraine a toujours été une source importante d’approvisionnement en eau potable pour les populations. Jusqu’au XXe siècle, les effets potentiels de la consommation de ces eaux sur la santé étaient peu connus, d’autant plus qu’elles étaient réputées être plus sûres que les eaux de surface. Le risque de contamination associé à la profondeur du puits était toutefois considéré, les puits peu profonds étant reconnus comme une source d’eau moins fiable nécessitant souvent une forme minimale de traitement, telle la désinfection au chlore. De leur côté, les puits plus profonds étaient traditionnellement considérés plus sûrs pour la consommation humaine et ce, sans qu’ils ne requièrent un quelconque traitement. On supposait alors que la filtration s’effectuant de façon naturelle par le sol ainsi que l’imperméabilité de certaines formations géologiques étaient suffisantes pour assurer une eau d’excellente qualité. Or, plusieurs études portant sur des épidémies causées par des infections bactériennes ou virales associées à la consommation d’eau souterraine non traitée ont par la suite suggéré que ce n’était pas toujours le cas. Notons qu'au Canada, environ 30 % de la population (soit 9 millions de Canadiens) est approvisionnée par de l’eau souterraine tandis qu’au Québec, cette proportion est d’environ 18 %.

Le présent article traite des réglementations québécoise et américaine sur les eaux souterraines sur le plan microbiologique, du transport, des sources ainsi que des types de microorganismes. Quelques éclosions de maladies d’origine hydrique associées à la consommation d’eau souterraine contaminée sont également présentées. Finalement, les options existantes pour assurer la protection des sources d’eau souterraine sont abordées.

Évaluation des interventions de communication du risque associé à la présence de contaminants chimiques dans l’eau potable

Des interventions de santé publique en lien avec des cas de contamination chimique de l’eau potable sont effectuées régulièrement par l’équipe de santé environnementale de la Direction de santé publique de Chaudière-Appalaches (DSP). Ces interventions ne sont généralement pas évaluées, que ce soit en fonction de leur déroulement ou de leurs effets sur la population. Ainsi, l’objectif de l’étude était de mieux connaître les facteurs et les retombées associées aux activités de communication du risque auprès de la population afin de les améliorer. Elle visait plus spécifiquement à :

vérifier si les informations fournies par les autorités ont rejoint la population visée; connaître les résultats sur les connaissances acquises et sur les habitudes de consommation d’eau des populations visées; connaître l’opinion des populations visées : par rapport au processus de gestion et de communication du risque; concernant les moyens de communication retenus et le message transmis…

Prévention des cas de brûlures et de légionelloses liés à l’eau chaude du robinet

Au Canada, la température de l’eau à l’intérieur des chauffe-eau et à la sortie des robinets est régie par le Code national du bâtiment et le Code national de la plomberie. Ayant fait l’objet d’une révision, ces codes ont été soumis à la consultation publique en 2003 à l’échelle nationale afin de permettre aux organismes ou aux individus intéressés de commenter les propositions à l’étude. L’une d’entre elles visait à réduire le risque de brûlures associé à l’eau chaude du robinet en diminuant à 49 °C la température maximale de l’eau qui alimente tout appareil sanitaire d’une habitation (ex. robinet).

Les recommandations formulées à ce jour par les autorités de santé publique québécoises sont en accord avec cet objectif de réduction des brûlures. En revanche, ces mêmes recommandations vont à l’encontre de l’une des trois mesures envisagées pour atteindre cet objectif, soit celle consistant à régler le thermostat du chauffe-eau à 49 °C, puisqu’une telle mesure est susceptible d’augmenter le risque de légionelloses (maladie du Légionnaire et fièvre de Pontiac). Cependant, cette inquiétude n’est pas partagée par plusieurs organismes canadiens reconnus dont Santé Canada, sauf peut-être pour les groupes à risque de contracter cette maladie.

Le contrôle de la température de l’eau chaude dans les habitations demeure donc un sujet controversé, particulièrement en ce qui concerne le seuil minimal à maintenir pour la température de l’eau à l’intérieur des chauffe-eau. Ce seuil est habituellement déterminé en fonction des besoins à combler en eau chaude et de l’évaluation combinée des risques de brûlures et de légionelloses. Les propositions étudiées dans le cadre de la présente révision des codes doivent être évaluées selon ces mêmes paramètres. Dans le but de procéder à un choix éclairé des propositions à l’étude, le présent article présente une analyse critique sur le sujet et propose une série de recommandations qui tiennent compte de ces deux problématiques.

Indicateurs de santé des océans et de santé humaine

Les rapports qui unissent les humains aux océans sont essentiels. Que ce soit comme apport nutritionnel, par les usages récréatifs ou l’exploitation de ressources médicinales, les océans contribuent au bien-être général des humains qui peuplent ses rives, c’est-à-dire environ 60 % de la population mondiale. Toutefois, la pression engendrée par le poids démographique qui s’ajoute à la dégradation des milieux côtiers, la variabilité climatique et l’industrialisation croissante, augmentent la contrainte sur les écosystèmes ainsi que les risques pour la santé humaine. Dans ce contexte particulier, la définition de la santé des océans est celle adoptée lors du panel sur la santé des Océans, organisé par l’UNESCO, soit le reflet des conditions de l’environnement marin et des impacts négatifs causés par les activités anthropogéniques, en particulier la destruction des habitats, la charge sédimentaire et la mobilisation des contaminants. La santé humaine correspond quant à elle à la définition de l’Organisation mondiale de la santé soit un état global de bien-être physique, social et psychologique.

Plus de deux milliards de personnes à travers le monde dépendent des ressources aquatiques comme source principale de protéines dans leur alimentation et, selon les données de la FAO, cette tendance ira en s’accroissant au cours des prochaines années. Dans un contexte de développement durable, la survie des populations côtières est largement dépendante des produits aquatiques non contaminés. Au cours des dernières années, plusieurs études épidémiologiques ont abordé la question de l’exposition humaine aux contaminants qui proviennent de la chaîne alimentaire aquatique. Toutefois, l'exposition cutanée et respiratoire peut également être impliquée dans l’exposition des populations maritimes à la contamination.

Les infections reliées aux piscines : un problème de santé publique

Vers les années 1880, les piscines, alors appelées bains publics, étaient construites dans une optique d’hygiène. Les usagers s’exposaient tout de même à des agents infectieux par une eau plus ou moins polluée. Avec la généralisation de la baignoire dans les logements, cette vocation s’est transformée et, de nos jours, la piscine est une installation servant surtout aux loisirs, à la détente et à des fins thérapeutiques. Des bassins d’eau sont également utilisés à des fins d’aménagement, les gens s’y baignant les pieds sans que cela ne soit conçu pour la baignade.

Peu d’informations sont disponibles quant à la fréquence d’utilisation des piscines par la population. Une vérification auprès d’une piscine municipale intérieure, ouverte à l’année, a permis d’estimer le nombre d'entrées à 328 000 par an. Dans le cas d’un centre sportif universitaire, ce nombre a été évalué à 100 000 par an. Par ailleurs, les trois piscines extérieures d’un parc montréa­lais, ouvertes uniquement l’été, ont reçu au total 13 000 personnes en 1999. Quant au milieu naturel, trois des quatre plages de l’île de Montréal ont été fréquentées par un total de 73 000 personnes en 1998. Ainsi, considérant le nombre de piscines publiques intérieures (348) et extérieures (394) répertoriées sur l’île de Montréal ainsi que le nombre proportionnellement élevé de personnes les fréquentant, on peut estimer que l’exposition à l’eau de piscine constitue le risque à la santé relié à l’eau de baignade le plus important du territoire montréalais.

Les intoxications au chlore dans les piscines publiques du Québec

Reconnu pour son efficacité à protéger les usagers des risques d’infection, le chlore est un désinfectant abondamment utilisé au Québec dans les piscines publiques et privées. Il est toutefois considéré comme une matière dangereuse, susceptible de représenter un risque à la sécurité et à la santé humaine tant lors de sa fabrication, de son entreposage et de son transport commercial, que lors de son utilisation.

Le présent article traite des intoxications au chlore survenues au Québec dans des piscines publiques intérieures. Les principales données utilisées dans cette étude proviennent d’entretiens effectués auprès des directions régionales de santé publique du Québec (DSP) et des responsables de piscines publiques, de statistiques recueillies auprès du Centre anti-poison du Québec (CAPQ) et des banques de données chronolo­giques de la DSP de Québec.

La gestion de l'eau : un enjeu majeur pour la santé et le bien-être des Québécois

Le Comité de santé environnementale du Québec (CSE) et le Conseil des directeurs de santé publique du Québec ont déposé le 22 novembre dernier à Laval un mémoire à la Commission sur la gestion de l’eau au Québec. Le Conseil profitait ainsi de la consultation publique menée par le Bureau d’audience publique sur l’environnement (BAPE) pour faire valoir les éléments essentiels que le gouvernement devrait considérer dans sa future politique sur l’eau afin que la gestion de l’eau atteigne véritablement l’objectif de protection de la santé publique spécifié dans le document de consultation du gouvernement du Québec.

La manière de gérer l’eau et les choix que cela suppose sont intimement liés à la santé et au bien-être de la population québécoise. De la contamination de l’eau potable à la résolution des conflits d’usage dus à l’eau, en passant par la réduction des inégalités, l’éventail des interactions entre la santé des populations et les choix de gestion de l’eau est très large…