Air intérieur

Le radon dans l’environnement intérieur – État de la situation au Québec

Le radon (222Rn) est un gaz radioactif d’origine naturelle incolore, inodore et insipide, qui provient de la désintégration de l’uranium présent dans la croûte terrestre et qui migre du sol vers la surface par divers interstices. Sa présence est ubiquitaire à la surface du globe bien que sa production et, par conséquent, sa concentration, ne soient pas uniformes. Les concentrations de radon sont généralement faibles dans l’air extérieur (environ 15 Bq/m3), mais peuvent atteindre des valeurs élevées dans les endroits clos, particulièrement dans les sous-sols, en raison de la densité importante de ce gaz. Ainsi, le radon peut s’infiltrer dans les bâtiments essentiellement par les fissures et autres voies d’entrée au niveau du soubassement.

Le radon est considéré cancérigène pour l’humain et fait partie des classes « A » du système de classification du National Toxicology Program (NTP) et « 1 » de celui de l'International Agency for Research on Cancer (IARC). Le radon 222 est un gaz chimiquement inerte, subissant toutefois des désintégrations radioactives spontanées. Les produits de filiation de la désintégration du radon (polonium 218, plomb 214, bismuth 214, polonium 214) sont des radionucléides solides qui, une fois adsorbés sur les aérosols en suspension dans l’air, sont inhalés dans les poumons. En se désintégrant, ces radionucléides émettent des rayonnements alpha qui, malgré leur faible pénétrance, ont la capacité d’altérer les cellules qui tapissent les parois bronchiques engendrant ainsi les mécanismes génotoxiques susceptibles de causer le cancer. Le cancer du poumon représente le seul effet connu du radon sur la santé.

Insalubrité, syndrome de Diogène et santé publique

De nombreux cas d’insalubrité résidentielle majeure, concernant le plus souvent des individus éventuellement atteints de ce qui est communément appelé le syndrome de Diogène, ont été signalés ces dernières années, notamment par les services d’inspection municipale ou encore par les CLSC, aux professionnels de santé publique de la région de Québec. D’un point de vue de santé publique, il s’avère souvent difficile de déterminer avec précision les impacts à la santé de telles situations et de fournir un avis éclairé en la matière. De plus, les rôles et mandats respectifs des partenaires impliqués, tels que les municipalités, les CLSC, les organismes communautaires et la direction de santé publique ne sont pas toujours clairement établis. Pour leur part, les professionnels de santé environnementale sont interpellés lors de ces signalements dû au fait que ce type de comportement entraîne une situation constituant une nuisance environnementale voire même un risque à la santé et à la sécurité pour les visiteurs (membres de la famille, intervenants, etc.) et pour les personnes habitant les logements avoisinants.

Cet article vise à faire le point sur l’insalubrité morbide, atteinte pouvant se définir comme étant « un état anormal d’insalubrité majeure causée par un dérèglement psychologique ». Pour ce faire, nous débuterons l’article en présentant les notions de salubrité et de syndrome de Diogène, pour ensuite décrire les effets à la santé, sous l’angle des risques biologiques et chimiques, des odeurs et des conséquences psychosociales.

Les avertisseurs de monoxyde de carbone – Un outil de protection

Le monoxyde de carbone (CO) est un gaz toxique que l’on ne peut ni voir, ni sentir. Ces propriétés particulières en font un contaminant insidieux dont l’exposition peut avoir de graves conséquences sur la santé, pouvant même entraîner le décès de la personne exposée. En milieu résidentiel, les principales sources sont les systèmes de chauffage et autres équipements fonctionnant à l’aide d’un combustible. La présence d’un garage intérieur, au sous-sol ou attenant à la résidence, représente également un risque d’intoxication au CO si on y laisse un véhicule à moteur en marche ou si on y utilise des équipements ou des outils fonctionnant à l’aide de combustible. Les saisons froides sont plus propices aux intoxications au CO en milieu résidentiel compte tenu de l’utilisation du chauffage et de la ventilation réduite des lieux; néanmoins, des situations à risque d’intoxication au CO peuvent survenir même en été.

Le formaldéhyde dans l’air intérieur – Sources, concentrations et effets sur la santé

Le formaldéhyde est un gaz irritant qui entre dans la composition de divers produits d’usage industriel et domestique, notamment dans certains matériaux de construction. La présence de formaldéhyde dans l’air intérieur est un sujet de préoccupation depuis plusieurs années. C’est pourquoi, au cours des années 1980, Santé Canada et le Comité consultatif fédéral-provincial de l’hygiène du milieu et du travail ont inclus cette substance parmi celles visées par les Directives d’exposition concernant la qualité de l’air des résidences1. Pour le formaldéhyde, la valeur cible et le niveau d’action étaient respectivement de 60 µg/m3 (50 ppb) et de 120 µg/m3 (100 ppb). La valeur de 120 µg/m3 correspondait à une concentration minimale pouvant causer des symptômes d’irritation lors d’expositions contrôlées (1 200 µg/m3), divisée par un facteur de 10. Depuis la publication de ces directives, de nombreuses recherches ont été menées sur le formaldéhyde et ses effets sur la santé, rendant…

L’intoxication au monoxyde de carbone chez les enfants

Le monoxyde de carbone (CO) est l’agent chimique le plus souvent impliqué dans les intoxications aiguës accidentelles déclarées à la Direction de santé publique de Montréal. Le CO, gaz incolore, inodore, non irritant et toxique, se lie préférentiellement à l’hémoglobine pour former la carboxyhémoglobine (HbCO), diminuant ainsi la capacité du sang à transporter l’oxygène. Cet effet est augmenté par le déplacement de la courbe de dissociation de l’hémoglobine, diminuant la disponibilité de l’oxygène pour les tissus. En plus de sa réaction avec l’hémoglobine, le CO se combine à la myoglobine des cellules musculaires cardiaques et squelettiques ainsi qu’aux cytochromes et aux métalloenzymes tels que le cytochrome c oxydase et le cytochrome P-450. D’autres effets à la santé pourraient également être présents tels que les arythmies et l’ischémie cardiaque ainsi que les lésions de reperfusion cérébrale. La toxicologie du CO est donc relativement complexe et le processus d’intoxication ne relèverait pas uniquement d’un simple phénomène d’hypoxie cellulaire.

Les principaux signes et symptômes d’une intoxication au CO généralement rencontrés chez l’adulte comprennent des maux de tête, des étourdissements, des nausées, des vomissements, de la faiblesse, de la fatigue, de la confusion, une dyspnée, des changements dans la vision et, moins fréquemment, une douleur thoracique, une perte de conscience et des convulsions. Étant donné la nature non spécifique des symptômes, un haut niveau de suspicion est donc essentiel pour diagnostiquer ce type d’intoxication. L’intoxication au CO peut être confondue avec un état grippal, une intoxication alimentaire, une migraine ou des problèmes psychiatriques.

Par ailleurs, il existe peu de données dans la littérature scientifique concernant l’intoxication pédiatrique au CO, même si les enfants en sont souvent victimes. Or, quelques articles scientifiques rapportent des différences importantes entre le portrait des intoxications chez les enfants et celui survenant chez les adultes. Nous présentons ici un cas d’intoxication relié à un système de chauffage au gaz naturel survenu dans une famille montréalaise, un exemple qui soulève certaines interrogations en lien avec l’intoxication des enfants au CO.

Qualité de l’air intérieur et salubrité des logements en Montérégie : implication des inspecteurs municipaux

La qualité de l'air intérieur et la salubrité en milieu résidentiel constituent, au Québec, une préoccupation importante de santé publique, qui concerne toutefois divers organismes publics et privés. Le Guide d’intervention intersectorielle sur la qualité de l’air intérieur et la salubrité dans l’habitation québécoise(a) est un outil qui s’adresse aux intervenants de première ligne du réseau public appelés à répondre aux demandes de la population aux prises avec ce type de problème. Il a été élaboré par des représentants d’organismes publics sous l’égide du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec et a été diffusé, en 2001, à toutes les municipalités du Québec ainsi qu’aux autres organismes impliqués dans cette problématique. Bien qu’il ait été largement distribué, notre expérience régionale montre que le Guide demeure peu connu, notamment du milieu municipal. De plus, on observe que les inspecteurs municipaux sont souvent réticents à intervenir. Bien que plusieurs…

Moisissures en milieu intérieur et risque pour la santé

La présence de moisissures en milieu intérieur est devenue au fil des ans un sujet de préoccupation tant pour les professionnels de la santé que pour la population en général. En effet, au cours des dernières années, de plus en plus d’études effectuées en Amérique du Nord et en Europe ont fait état d’un lien possible entre la présence de moisissures en milieu intérieur et diverses atteintes à la santé. De même, le nombre de demandes adressées aux organismes publics québécois concernant ce problème a fortement augmenté au cours des années 90, laissant ainsi entrevoir une problématique en croissance.

Le présent article résume le rapport scientifique sur les risques à la santé associés à la présence de moisissures en milieu intérieur produit par un groupe de travail sous la coordination de Maurice Poulin de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). Le lecteur qui désire obtenir de plus amples informations sur le sujet est invité à consulter le rapport complet, qui présente de façon plus détaillée les sections qui suivent.

Conditions de logement et santé publique dans la région métropolitaine

Depuis une vingtaine d’années, à Montréal comme dans l’ensemble de l’Amérique du Nord et en Europe, de nombreuses recherches scientifiques font état d’une hausse des cas d’asthme. Dans la région de Montréal, le nombre d’enfants asthmatiques âgés entre 3 et 7 ans a augmenté de 72 % au cours des quinze dernières années. Les États-Unis sont tout aussi concernés par cette vague de problèmes respiratoires puisque selon l’Association pulmonaire américaine, l’asthme infantile est responsable de 10 % des journées d’écoles perdues par an, ce qui en fait la première cause d’absentéisme scolaire pour une maladie chronique.

Attentive à l’ampleur de ce problème de santé dans la population et en réponse à des demandes sans cesse croissantes, la Direction de la santé publique de Montréal-Centre développe, depuis quelques années, une approche de santé publique visant une action concertée pour agir sur la qualité de l’air, tant extérieur qu’intérieur, principal déterminant des problèmes d’asthme.

Une programmation ciblant la qualité de l’air extérieur est déjà en cours. À celle-ci se greffe maintenant des interventions touchant la qualité de l’air intérieur incluant l’ensemble des conditions de salubrité des logements, plusieurs chercheurs identifiant les conditions des logements insalubres comme un des facteurs importants du développement de l’asthme et des problèmes respiratoires.

Cet article fait une synthèse des connaissances actuelles sur les impacts santé associés aux conditions de logements, en particulier sur le développement de l’asthme et les autres problèmes respiratoires. Certains autres problèmes de santé moins spécifiques, mais associés à des mauvaises conditions de logement, sont également décrits.

L'amiante dans les édifices publics

L’amiante désigne plusieurs minéraux naturels fibreux qui se répartissent en deux groupes, soit celui des amphiboles, qui incluent, entre autres, la crocidolite et l’amosite, et la variété serpentine, plus familièrement appelée chrysotile. Par ses propriétés d’ininflammabilité, d’isolant thermique et acoustique de même que par sa résistance chimique, électrique et mécanique, l’amiante possède des qualités techniques remarquables. Au Québec, l’amiante a été utilisé dans le domaine de la construction et de la rénovation de nombreux bâtiments, principalement entre les années 1950 et 1980. Dans les édifices publics, les matériaux contenant de l’amiante peuvent être présents sous diverses formes, telles que des calorifugeages (isolation des tuyaux, bouilloires et réservoirs), des revêtements de surface appliqués par flocage ainsi que divers autres produits (tuiles de plancher et de plafond, plâtre acoustique, tuiles de fibro-ciment...). L’application par flocage, soit la pulvérisation et l’agglomération de fibres d'amiante à l’aide d’un liant à des fins de protection contre le feu et d’amélioration de l’isolation acoustique, a été utilisée de 1935 jusque dans les années 1970, et est maintenant formellement interdite au Québec.

Cet article a pour objectif de revoir sommairement les données issues de la littérature concernant l’exposition à l’amiante dans les bâtiments publics et les risques à la santé qui en résultent.