Veille scientifique en santé des Autochtones, octobre 2024
Dans ce numéro :
- Publications récentes
- Résumés d’articles par thématiques
- Habitudes de vie et comportements en matière de santé
- Prévention des maladies infectieuses et chroniques
- Promotion du mieux-être et de la santé mentale
- Une analyse de l’environnement des services en santé mentale offerts aux jeunes Autochtones au Canada
- O le tagata ma lona aiga, o le tagata ma lona fa'asinomaga (chaque personne appartient à une famille et chaque famille appartient à une personne) : développement d'un cadre parental pour le bien-être mental des adolescents aux Samoa américaines
Publications récentes
Nouvelles publications scientifiques répertoriées
- Dias, T., Mackay, D., Canuto, K., Boyle, J. A., D’antoine, H., Hampton, D., Martin, K., Phillips, J., Bartlett, N., David Mcintyre, H., Graham, S., Corpus, S., Connors, C., McCarthy, L., Kirkham, R. et Maple-Brown, L. J. (2024). Supporting healthy lifestyles for First Nations women and communities through co-design: Lessons and early findings from remote Northern Australia. Frontiers in Clinical Diabetes and Healthcare, 5.
- Domingo, A., Yessis, J., Zupko, B., McEachern, L. W., Valaitis, R., Skinner, K. et Hanning, R. M. (2024). Scale up of the learning circles: A participatory action approach to support local food systems in four diverse First Nations school communities within Canada. BMC Public Health, 24(1), 2222.
- Fatima, K., Varela, S., Fatima, Y., Lindsay, D., Gray, M. et Cairns, A. (2024). Impact of sleep on educational outcome of Indigenous Australian children: A systematic review. Australian Journal of Rural Health, 32(4), 672‑683.
- Fournier, C., Mirza, S., Naidoo, K., Green, S., Shirt, C., Cameron, S., Stewart, S. L. et Gaetz, S. (2024). Endaayaang: The importance of “Indigenizing” housing first for youth. AlterNative: An International Journal of Indigenous Peoples 0(0)..
- Kelley, A., Webb, K., Hirchak, K., Witzel, M., Bajet, K. et Posey, S. (2024). Tribally-led mobile outreach: Improving access to harm reduction services in one rural reservation community. Frontiers in Public Health, 12.
- Kennedy, M., Morton Ninomiya, M., Brascoupé, S., Smylie, J., Calma, T., Mohamed, J., Stewart, P. J. et Maddox, R. (2024). Knowledge translation in Indigenous health research: Voices from the field. Medical Journal of Australia, 221(1), 61‑67.
- Luke, J. N., Bessarab, D., Smith, K., LoGiudice, D., Flicker, L., Gilchrist, L., Dow, B. et Temple, J. (2024). Counting the ways that Aboriginal and Torres Strait Islander older people participate in their communities and culture. The Journals of Gerontology, 79(8), gbae100.
- McCormack, H., Dickson, M., Harrington, T., Garay, M., Whybrow, R., Mooney-Somers, J., Aggleton, P., Lafferty, L., Mitchell, E., Morris, J. et Haire, B. (2024). Sexual healthcare to meet the needs of sexuality and gender diverse aboriginal young people: Imagined possibilities. Culture, Health & Sexuality, 1‑16.
- Shafiee, M., Al-Bazz, S., Lane, G., Szafron, M. et Vatanparast, H. (2024). Exploring healthy eating perceptions, barriers, and facilitators among urban Indigenous peoples in Saskatchewan. Nutrients, 16(13), 2006.
- Tahatikonhsontóntie’ Environnement réseau de recherche en santé autochtone du Québec. (2024). La sécurité culturelle en contexte de recherche en santé autochtone. Rapport final des discussions de la table ronde.
Nouvelle publication de l’INSPQ
- Fournier, C. et Lafrenaye-Dugas, A.-J. (2024). Inégalités sociales de santé : discours des filles et des femmes autochtones. Institut national de santé publique du Québec.
Résumés d’articles par thématiques
Habitudes de vie et comportements en matière de santé
Lutter contre les stéréotypes : explorer les caractéristiques des Australiens autochtones qui ne boivent pas d'alcool dans un échantillon représentatif de la communauté
Conigrave, J. H., Wilson, S., Conigrave, K. M., Perry, J., Hayman, N., Chikritzhs, T. N., Wilson, D., Zheng, C., Weatherall, T. J. et Lee, K. S. K. (2024). Countering stereotypes: Exploring the characteristics of Aboriginal Australians who do not drink alcohol in a community representative sample. Drug and Alcohol Review, 43(6), 1523–1533
Contexte
Contrairement aux stéréotypes répandus, les Australiens autochtones et insulaires du détroit de Torres sont plus susceptibles de ne pas boire d’alcool que les autres Australiens. Pourtant, peu d’études se sont intéressées aux expériences des personnes qui ne boivent pas; la majorité des études se penchant sur la consommation d’alcool à risque.
Objectif
Décrire les caractéristiques démographiques des Australiens autochtones et insulaires du détroit de Torres qui ne boivent pas d'alcool, leurs raisons pour ne pas boire et leurs expériences des méfaits liés à l'alcool.
Méthodologie
Une étude transversale auprès de 775 Australiens autochtones et insulaires du détroit de Torres âgés de 16 ans et plus résidant dans deux communautés (une en région très éloignée et une en zone urbaine, Adélaïde) de l'Australie-Méridionale a été réalisée.
Les participants ont été recrutés avec l’aide de prestataires de services locaux. Les participants étaient sollicités lors d’évènements communautaires ou dans des lieux publics (parcs, épiceries, centres communautaires, plages, etc.). La stratégie d'échantillonnage visait la représentativité selon le recensement de 2016 en termes d’âge, de sexe et de statut socio-économique. Les données ont été collectées à l'aide d'une application (Grog Survey App). Le participant répondait au sondage avec un iPad affichant des images et des lectures d’enregistrements vocaux adaptées à son sexe et à sa langue.
Le sondage ne contenait que des questions fermées. Par exemple, les participants devaient choisir parmi une ou plusieurs parmi huit raisons pour indiquer pourquoi ils sont abstinents. L’analyse a été réalisée à l'aide d'une régression logistique multiniveaux.
Qu’est-ce qu’on y apprend?
Parmi les 888 personnes approchées pour participer, 775 ont complété le sondage (706 en zone urbaine et 69 en zone très éloignée). L'âge moyen était de 38,04 ans. Près d’un quart (178) des participants n'avaient pas consommé d'alcool dans les 12 derniers mois.
- Les non-buveurs ont tendance à être plus âgés que les buveurs réguliers.
- Les personnes qui parlent des langues autochtones à la maison ont environ trois fois plus de chances de ne pas boire d'alcool au cours de leur vie que celles qui parlent d'autres langues.
- Les abstinents à vie sont moins susceptibles d'avoir un emploi. Cette donnée rappelle que le stéréotype avançant que les Australiens autochtones sans emploi boivent de l’alcool en excès en est un.
- Les raisons les plus fréquemment évoquées pour ne pas boire d'alcool sont la santé et la famille. Cela dit, plusieurs ont aussi choisi « autre raison », suggérant qu'il peut y avoir des raisons au-delà des raisons proposées.
- La plupart des participants qui ne boivent pas d'alcool ont déclaré n'avoir subi aucun méfait lié à l’alcool de la part de buveurs au cours des 12 derniers mois. Le préjudice le plus courant dans les deux communautés est le stress causé par la consommation des autres.
Comprendre les raisons évoquées au niveau local pour s'abstenir de boire de l'alcool peut être utile pour adapter les campagnes de promotion de la santé. Par exemple, les messages visant les effets protecteurs sur les membres de la famille peuvent s'avérer plus efficaces dans les communautés où des individus s’abstiennent pour leur famille.
Limites
Les habitudes de consommation d'alcool, les pratiques culturelles et les modes de vie sont très hétérogènes entre les communautés. Les taux d’abstinence et les raisons évoquées peuvent donc varier entre celles-ci. Les restrictions d’accès dans certaines communautés sont aussi à considérer. Les résultats reflètent davantage l’expérience des Australiens autochtones, car les deux sites comptaient peu de personnes insulaires du détroit de Torres. Finalement, la participation plus faible dans la communauté très éloignée, en raison de possibles préoccupations liées à la confidentialité, peut introduire un biais dans les résultats.
Prévention des maladies infectieuses et chroniques
Les retraites sur le territoire comme environnements favorables à la prévention du VIH pour les adolescents autochtones et nordiques dans les Territoires du Nord-Ouest, Canada : résultats de méthodes mixtes
Logie, C. H., Lys, C. L., Taylor, S. B., Lad, A., Mackay, K. I., Hasham, A., Gittings, L., Malama, K., Pooyak, S., Monchalin, R. et Adamassu, Z. (2024). Land-based retreats as a method for building enabling environments for HIV prevention with Northern and Indigenous adolescents in the Northwest Territories, Canada : Mixed-methods findings. AIDS and Behavior, 28(9), 3112–3127
Contexte
Dans les Territoires du Nord-Ouest, la proportion de personnes atteintes d’une infection transmissible sexuellement et par le sang (ITSS) est sept fois plus élevée que a moyenne nationale canadienne. Les 15 à 24 ans sont les plus touchés par cette problématique. Puisque le risque de contracter le Virus de l’Immunodéficience Humaine (VIH) augmente lorsque l’on est atteint d’une ITSS, la prévention des ITSS et du VIH va de pair. Par ailleurs, les Autochtones représentent la moitié de la population des Territoires du Nord-Ouest, et ces derniers vivent des disparités en matière de santé sexuelle.
Objectif
Promouvoir la santé sexuelle des adolescents autochtones et nordiques en explorant comment les retraites sur le territoire pourraient être des environnements favorables à la prévention du VIH.
Méthodologie
Chaque été de 2016 à 2021, des retraites sur le territoire d’une durée de 9 jours ont été organisées pour des adolescents de 13 à 17 ans des Territoires du Nord-Ouest, du Yukon et du Nunavut par le programme FOXY (Fostering Open eXpression among Youth). Créées selon une approche valorisant les savoirs, les forces et la résilience autochtones, les retraites sont facilitées par des chercheurs, un professionnel en soins, un professionnel en santé mentale et des volontaires ayant déjà participé au programme (pairs facilitateurs). Elles proposent des activités d’arts (tambour, histoires traditionnelles, photographie, etc.) et d’éducation aux ITSS et au VIH, ainsi qu’à la santé relationnelle. Des méthodes mixtes ont été employées pour évaluer l’influence des retraites sur les connaissances des participants sur le VIH et sur l’efficacité des pratiques sexuelles sécuritaires.
Les données quantitatives ont été collectées à l’aide de questionnaires aux participants pré et post-intervention. Le test t pour échantillons appariés a été utilisé pour vérifier si les différences pré et post étaient statistiquement significatives. Les changements dans les connaissances des participants sur les ITSS et le VIH, de même que sur l’efficacité des pratiques sexuelles sécuritaires ont été évalués en utilisant la régression linéaire multivariée.
Les données qualitatives proviennent de groupes de discussion avec les participants et les pairs facilitateurs après la retraite. Ces groupes abordaient leurs expériences et leurs perceptions des apprentissages sur la santé sexuelle et les relations. Les données qualitatives ont été traitées par analyse de contenu thématique.
Qu’est-ce qu’on y apprend?
Un total de 353 adolescents, âgés de 14,4 ans en moyenne, a participé aux retraites, dont 66,2 % de filles et 70,5 % d’Autochtones. La majorité avait déjà effectué une retraite similaire par le passé. Un total de 232 facilitateurs ont participé aux groupes de discussion. L’analyse des résultats témoigne des effets suivants :
- Amélioration des connaissances sur les ITSS et le VIH;
- Amélioration de la communication technique, soit les aspects pratiques de la prévention du VIH et des ITSS (par exemple, le bon usage du préservatif);
- Amélioration de la communication transformative, par exemple la communication interpersonnelle sur le consentement sexuel;
- Amélioration des connaissances sur l’efficacité des pratiques sexuelles sécuritaires. Toutefois, cette amélioration est plus faible pour les jeunes hommes, les personnes non hétérosexuelles et celles souffrant d’insécurité alimentaire.
Les auteurs concluent que les retraites sur le territoire seraient des environnements favorables à la prévention du VIH pour les adolescents autochtones et nordiques. De même, les retraites guidées par des pairs permettent aux jeunes participants d’apprendre auprès de modèles ayant le même âge.
Limites
La sélection des participants étant non aléatoire, les résultats ne sont donc pas généralisables. Les jeunes plus à l’aise à s’exprimer sur la sexualité seraient plus susceptibles de participer aux retraites. Un suivi à plus long terme aurait permis de connaître le maintien des effets dans le temps. L’absence de groupe contrôle rend difficile de déterminer la causalité entre les effets et les retraites.
Promotion du mieux-être et de la santé mentale
Une analyse de l’environnement des services en santé mentale offerts aux jeunes Autochtones au Canada
Perez, S. H., Kakish, I., Brass, G., MacDonald, K., Mushquash, C. et Iyer, S. N. (2024). An environmental scan of mental health services for Indigenous youth in Canada. Journal of the Canadian Academy of Child and Adolescent Psychiatry, 33(2), 93‑130.
Contexte
La population autochtone est l’une des plus jeunes au Canada et près de la moitié de celle-ci a moins de 25 ans. Parallèlement, les jeunes Autochtones ont des taux de suicide de 3 à 9 fois plus élevés que les jeunes non-Autochtones. En 2014, ACCESS Esprits ouverts a été fondé; un réseau national regroupant différentes parties prenantes, afin d’améliorer les soins de santé mentale des jeunes. Afin d’éclairer les activités du réseau, un Conseil autochtone a été mis en place et ses membres ont exprimé le besoin de cartographier les services existants en santé mentale et mieux‑être pour les jeunes des Premières Nations, Inuit et Métis.
Objectif
Recenser les services en santé mentale et mieux-être offerts aux jeunes Autochtones à travers le Canada.
Méthodologie
Pour cette analyse de l’environnement, les sites Web des organisations offrant des programmes liés à la santé mentale pour les jeunes Autochtones ont été examinés. Des recherches générales à l’aide du moteur de recherche Google ont été réalisées. Ensuite, des localisateurs de ressources en ligne (par exemple, la fonction « Trouve des programmes à proximité » de Jeunesse, j’écoute) ont été utilisés, et les listes des organisations partenaires des organisations repérées en amont ont été consultées. Enfin, certaines organisations ont été trouvées dans des rapports sur le mieux-être autochtone.
Les jeunes étaient décrits comme les individus de 11 à 25 ans. Des programmes qui mentionnaient s’adresser aux jeunes sans spécifier de tranche d’âge étaient inclus. Les organisations sans site Web étaient exclues, ainsi que les lignes téléphoniques de crise, si c’était le seul service offert. Les informations synthétisées, dont les mots-clés utilisés pour présenter la mission des programmes, proviennent des sites Web des différentes organisations repérées, de leurs rapports annuels et de leurs dépliants mis en ligne.
Qu’est-ce qu’on y apprend?
Au total, 117 programmes ont été recensés, plus de la moitié dans des organismes à but non lucratif (54 %) et le tiers dans les communautés (34 %). La majorité de ceux-ci s’adressent aux jeunes Autochtones en général, 32 % ciblent spécifiquement les Premières Nations, 8 % les Inuit et 1 % les Métis. Les chercheuses et les chercheurs ont cerné quatre caractéristiques principales de ces programmes.
- Une approche axée sur les forces : Les missions des programmes recensés mettent de l’avant les forces par la terminologie utilisée. Les mots-clés les plus fréquents étaient communauté, holistique, mieux-être, avec plus d’une vingtaine d’occurrences chacun.
- Une variété de services : En surcroît aux services spécifiques à la santé mentale, 87 % des programmes offrent aussi des services autres, en lien avec l’emploi ou le logement, par exemple. De plus, une grande diversité dans les services offerts ressort de l’analyse. Soulignons l’existence de services considérés plus occidentaux, comme des séances avec un psychologue ou un travailleur social, et de services plus traditionnels, comme des activités culturelles ou des séances avec des Aînés.
- Des activités sur le territoire : Pour le tiers des programmes, des activités qui promeuvent le mieux-être, la guérison et le renforcement de l’identité sont offerts sur le territoire. Notons la chasse, la pêche, le trappage, la découverte des plantes médicinales, la cueillette, les randonnées en raquette, la préparation du gibier, etc. Ces activités sur le territoire s’inscrivent pour la plupart dans de plus larges programmes de santé mentale et de prévention de la toxicomanie.
- Le rôle des membres de la communauté : Pour environ deux programmes sur cinq (42 %), des personnes sans formation formelle en santé mentale sont impliquées dans les activités (par exemple, des Aînés, des gardiens du savoir ou des animateurs jeunesse). Cela peut s’expliquer par la valorisation des savoirs autochtones, mais aussi par le manque de spécialistes en milieux autochtones.
Enfin, le moteur de recherche Google a permis de trouver une petite proportion des programmes recensés dans cette étude. En ce sens, certaines organisations semblent avoir une présence limitée sur le Web, pouvant augmenter les difficultés des jeunes Autochtones à trouver des programmes en santé mentale à leur intention.
Limites
La portée de cette étude ne permet pas de discuter de l’efficacité des programmes ou de leur accessibilité, par exemple les temps d’attente pour participer aux activités. De plus, les auteurs soulignent que les informations présentées sur les sites Web peuvent ne pas refléter le fonctionnement réel des programmes, notamment en fonction des délais dans la mise à jour des informations.
O le tagata ma lona aiga, o le tagata ma lona fa'asinomaga (chaque personne appartient à une famille et chaque famille appartient à une personne) : développement d'un cadre parental pour le bien-être mental des adolescents aux Samoa américaines
Mew, E. J., Hunt, L., Toelupe, R. L. M.,, Blas, V., Winschel, J., Naseri, J., Soliai-Lemusu, S., Tofaeono, J. F., Seui, M. A., Ledoux-Sunia, T., Sunia, F., Reid, A., Helsham, D., Lowe, S. R., Poulin, R., Hawley, N. L. et McCutchan-Tofaeono, J. (2024). O le tagata ma lona aiga, o le tagata ma lona fa’asinomaga (Every person belongs to a family and every family belongs to a person) : Development of a parenting framework for adolescent mental wellbeing in American Samoa. Children and Youth Services Review, 160, 107502.
Contexte
De nombreux adolescents samoans vivent avec des symptômes de dépression ou d’anxiété, et avec des enjeux de consommation de substances psychoactives. Les taux de suicide élevés ont fait de la santé mentale des adolescents une priorité pour les communautés samoanes. La mise en œuvre de stratégies de promotion de la santé mentale est à encourager; la famille aurait d’ailleurs une influence sur la santé mentale.
Objectif
- Identifier les facteurs de protection familiaux de la santé mentale des adolescents dans les Samoa américaines.
- Développer un cadre pour soutenir les programmes de développement des habiletés parentales dans une perspective de promotion de la santé mentale des adolescents.
Méthodologie
L’étude utilise une approche collaborative et participative s’insérant dans le cadre fa'afaletui de recherche avec les communautés samoennes. La collecte de données qualitative a été réalisée en deux étapes.
La première consiste en des entretiens semi-dirigés virtuels avec des informateurs clés adultes, en majorité d’origine samoenne, pour développer les thématiques préliminaires. Ces participants ont été recrutés par des partenaires du réseau de la santé et par méthode boule de neige.
La seconde met de l’avant des groupes de discussion virtuels avec des adolescents samoans de 13 à 18 ans pour valider ces thématiques et explorer les divergences. De plus, cinq adolescents et deux informateurs clés adultes ont été recrutés pour constituer un conseil d’action communautaire afin d’orienter la recherche et l'analyse des données. Un total de cinq groupes de discussion, différenciés selon le genre (filles, garçons et non binaires), ont été réalisés avec 35 adolescents fréquentant l’école et vivant dans les Samoa américaines depuis plus d’un an. Les groupes de discussion ont été menés par deux modérateurs samoans américains expérimentés et animés à l’aide de l’outil Dotmocracy.
L’analyse thématique déductive a été réalisée à l’aide du modèle fonofale qui promeut la santé holistique dans lequel le fale représente la famille (ou maison) et se compose du toit (falealuga), de la fondation (fa'avae) et des piliers (pou).
Qu’est-ce qu’on y apprend?
Le rôle de parent a été décrit comme une responsabilité communautaire plus large, au-delà de la famille immédiate. Pour améliorer leurs habiletés parentales, les résultats suggèrent la nécessité pour les parents de renforcer leur propre santé mentale, leurs compétences relationnelles et émotionnelles, ainsi que d’approfondir leurs connaissances en matière de santé mentale.
Dans une perspective de promotion de la santé mentale, six piliers sont cernés pour soutenir les adolescents.
- Assurer la stabilité émotionnelle.
- Réduire la pression exercée par les parents pour que les adolescents soient « parfaits ».
- Écouter les adolescents sans jugement et tenter de les comprendre.
- Éviter les « méthodes dures » (tough-love) et combler les besoins d’affection physique et verbale.
- Assurer la sécurité physique et répondre aux besoins fondamentaux.
- Prévenir les abus sexuels par l’écoute bienveillante des victimes qui craignent d'être blâmées.
- Prévenir les châtiments corporels envers les enfants.
- Encourager la confiance en soi.
- Voir les adolescents comme des personnes à part entière qui peuvent s’impliquer dans la communauté.
- Se reconnecter avec l’identité culturelle, source de fierté.
- Reconnaître le sentiment d’être inadéquat et de se sentir « entre deux cultures » vécu par les adolescents (pas assez américanisés, ni assez samoans).
- Renforcer la communication intergénérationnelle.
- Prioriser le temps de qualité ensemble.
- Cultiver des stratégies d'adaptation saines par l’expression des émotions et les activités positives, comme les sports, les arts et les moments entre amis.
Limites
Les données ont été recueillies pendant la pandémie de la COVID-19 et à la suite d’une série de suicides d'adolescents. La sensibilité et les émotions entourant la santé mentale et les suicides chez les adolescents ont pu être exacerbées. Les perspectives des parents, autres que celles des informateurs clés adultes pouvant être aussi parents, n’ont pas été recueillies. La nécessité d’avoir un accès Internet pour participer aux groupes de discussion peut avoir favorisé la participation d’adolescents issus de milieux plus privilégiés.
Si vous vivez de la détresse, vous pouvez appeler la Ligne d’écoute d’espoir pour le mieux-être (1‑855‑242‑3310) ou clavarder en ligne. Ce service est disponible en tout temps pour tous les Autochtones du Canada.
D’autres ressources existent, consulter la liste des centres d’écoute par région.
L’inclusion des articles présentés dans ce bulletin de veille ne signifie pas leur endossement par l’Institut. Le jugement professionnel demeure essentiel pour évaluer la valeur de ces articles pour votre pratique. Vous pouvez également consulter la méthodologie de la veille scientifique en santé des Autochtones.