Veille scientifique en santé des Autochtones, juillet 2024
Dans ce numéro :
- Publications récentes
- Sécurisation culturelle
- Promotion du mieux-être et de la santé mentale
- Petite enfance et développement de l'enfant
Publications récentes
Nouvelles publications scientifiques répertoriées
- Dawe, R., Penashue, J., Benuen, M. P., Qupee, A., Pike, A., van Soeren, M., Sturge Sparkes, C., Winsor, M., Walsh, K. H., Hasan, H. et Pollock, N. (2024). Patshitinikutau Natukunisha Tshishennuat Uitshuau (a place for Elders to spend their last days in life) : A qualitative study about Innu perspectives on end-of-life care. BMC Palliative Care, 23 (1), 121.
- Harfield, S., Purcell, T., Schioldann, E., Ward, J., Pearson, O. et Azzopardi, P. (2024). Enablers and barriers to primary health care access for Indigenous adolescents : A systematic review and meta-aggregation of studies across Australia, Canada, New Zealand, and USA. BMC Health Services Research, 24(1), 553.
- Johnson-Jennings, M. D., Reid, M., Jiang, L., Huyser, K. R., Brega, A. G., Steine, J. F., Manson, S. M., Chang, J., Fyfe-Johnson, A. L., Hiratsuka, V., Conway, C. et O’Connell, J. (2023). American Indian Alaska Native (AIAN) adolescents and obesity : The influence of social determinants of health, mental health, and substance use. International Journal of Obesity, 47 (4), 297‑305.
- Liddle, Z., Fitts, M. S., Bourke, L., Murakami-Gold, L., Campbell, N., Russell, D. J., Mathew, S., Bonson, J., Mulholland, E., Humphreys, J. S., Zhao, Y., Boffa, J., Ramjan, M., Tangey, A., Schultz, R. et Wakerman, J. (2024). Attitudes to short-term staffing and workforce priorities of community users of remote Aboriginal community-controlled health services : A qualitative study. International Journal of Environmental Research and Public Health, 21(4).
- Lyeo, J. S., Wong, M. D., Clyke, N., Canoe, B. B., Kinnear, P., Stopps, H., Spence, N. D. et Haines, S. R. (2024). Ten questions concerning First Nations on-reserve housing in Canada. Building & Environment, 257.
- Prince, C. (2024). Emotional reactions to concepts of racism and white privilege in non-Aboriginal professionals working in remote Aboriginal communities. Rural and Remote Health, 24 (1), 7749.
- RÉSEAU de la communauté autochtone à Montréal. (2024). De nos yeux aux vôtres : Un regard attentif sur les réalités des personnes autochtones en situation d’itinérance à Montréal.
- Rowe, S. et Ansloos, J. P. (2024). Understanding suicide from an Indigenous cultural lens : Insights from Elders in Canada. Journal of Religion and Health.
- Waldram, J. B., Poole, M. et Merasty, J. (2024). Contemporary evacuation responses in a Northern Saskatchewan Cree community : The residential school analogy. Human Organization, 83 (1), 43‑54.
- Wiapo, C., Adams, S., Komene, E., Davis, J. et Clark, T. (2024). An integrative review of racism in nursing to inform anti-racist nursing praxis in Aotearoa New Zealand. Journal of Clinical Nursing.
Nouvelles publications de l’INSPQ
- Fournier, C. (2023). Indigenous youth, health, wellness, and social media: a scoping review. Institut national de santé publique du Québec.
- Fournier, C. (2024). Jeunes, santé et écrans : soutien à l’action en contextes autochtones. Institut national de santé publique du Québec.
Résumés d’articles par thématiques
Sécurisation culturelle
Quitter l’urgence sans avoir été vu ou contre l’avis du médecin chez les patients des Premières nations et non autochtones en Alberta : une étude mixte
McLane, P., Bill, L., Healy, B., Barnabe, C., Plume, T. B., Bird, A., Colquhoun, A., Holroyd, B. R., Janvier, K., Louis, E., Rittenbach, K., Curtin, K. D., Fitzpatrick, K. M., Mackey, L., MacLean, D. et Rosychuk, R. J. (2024). Leaving emergency departments without completing treatment among First Nations and non-First Nations patients in Alberta : A mixed-methods study. CMAJ: Canadian Medical Association Journal, 196(15), E510-E523.
Contexte
Depuis 2018 en Alberta, des chercheurs évaluent la qualité des soins d’urgence offerts aux patients des Premières Nations. Ils ont remarqué que le nombre de patients autochtones quittant les services d’urgence sans avoir été vu ou contre l’avis du médecin est supérieur à celui des patients non-autochtones. Ils se sont donc penchés sur les facteurs pouvant expliquer cette tendance.
Objectif
- Déterminer si la différence remarquée entre les patients des Premières Nations et les patients non autochtones existe encore.
- Évaluer les facteurs d’influence (diagnostic, gravité, zone géographique, données démographiques des patients).
- Explorer les raisons qui ont poussé les patients à quitter l’urgence sans être vus ou contre l’avis du médecin.
Méthodologie
Dans cette étude mixte, une étude de cohorte populationnelle rétrospective a été réalisée avec les données médico-administratives provinciales d’avril 2012 à mars 2017. Des modèles de régression logistique multivariables ont été utilisés pour contrôler les données démographiques, les caractéristiques des visites et les types d’établissements. Les modèles ont été testés selon dix sous-groupes de consultations basés sur cinq maladies et cinq diagnostics présélectionnés par des membres des communautés autochtones impliqués dans la recherche.
Pour le volet qualitatif, un échantillon raisonné de 64 participants a été constitué. Des cercles de partage (n = 47) et des entretiens individuels (n = 17) avec des patients des Premières Nations, des directeurs d’établissements de santé autochtones et des urgentologues de diverses origines ont été réalisés de 2019 à 2022.
Qu’est-ce qu’on y apprend?
Pour le volet quantitatif :
- Pour les 11 686 287 visites de patients analysées, plus d’un million (9,4 %) concernent des Premières Nations. Pour ces patients, les visites ont été jugées moins urgentes que celles des patients non autochtones, et ont eu lieu plus souvent le soir et dans des hôpitaux communautaires.
- Les patients des Premières Nations sont près de deux fois plus susceptibles de quitter les services d’urgence sans avoir été vus ou contre l’avis du médecin que les patients non autochtones. Ce constat est observé pour les cinq sous-groupes de consultations basés sur les maladies et pour quatre des cinq diagnostics. La zone géographique et les données démographiques du patient n’expliquent pas cette augmentation du risque.
- Un plus grand nombre de patients des Premières Nations est retourné aux urgences dans les 72 heures suivant leur départ que de patients non autochtones. Cette donnée suggère de possibles lacunes dans la prise en charge et la continuité des soins pour ces patients.
Pour le volet qualitatif :
- Les patients des Premières Nations énoncent plusieurs raisons communes à l’ensemble des patients pour expliquer leur choix de quitter : l’environnement aux urgences, les interactions rapides, l’ambiance peu propice au repos, etc.
- Des raisons propres aux patients des Premières Nations ressortent : les questions et la gestion de cas basés sur les stéréotypes (par exemple des hypothèses sur la consommation de substances psychoactives), la discrimination envers les Autochtones observée dans les attitudes du personnel, les remarques racistes, etc.
- Les participants témoignent d’un sentiment d’attendre plus longtemps que les patients blancs semblant nécessiter des soins moins urgents. L’absence de communication claire sur les plans de traitement est aussi une raison évoquée pour quitter les urgences prématurément.
- Les difficultés de garde des enfants et la crainte d’être appréhendé par les services de protection de la jeunesse où les enfants des Premières Nations sont surreprésentés sont mentionnées. D’ailleurs, des parents et tuteurs autochtones seraient moins enclins à vouloir faire garder leurs enfants lors d’une hospitalisation.
Limites
Les données sur le statut de Premières Nations utilisées dans l’analyse pourraient sous-estimer le nombre exact de patients des Premières Nations. Les diagnostics sont basés sur la condition pour laquelle le patient s’est présenté et non celui qui aurait pu être donné au patient. Finalement, plusieurs variables ont été dichotomisées pour produire des modèles d’interprétation. Ces choix méthodologiques peuvent dissimuler des relations non linéaires entre les variables indépendantes et dépendantes.
Promotion du mieux-être et de la santé mentale
Associations entre un sommeil insuffisant et les problèmes de santé mentale dans les communautés autochtones
Fernandez, D. R., Lee, R., Tran, N., Jabran, D. S., King, S. et McDaid, L. (2024). Association between poor sleep and mental health issues in Indigenous communities across the globe : A systematic review. SLEEP Advances, 5(1).
Contexte
Les répercussions des traumatismes intergénérationnels vécus par les Autochtones se reflètent sur leur état de santé mentale. Les pays avec un historique colonial, comme le Canada, signalent des taux plus élevés de problèmes de santé mentale et de décès par suicide chez les Autochtones que chez les non-Autochtones. L’importance d’un sommeil de qualité est encore peu mise en avant dans les stratégies de santé publique. Pourtant, des études menées auprès de non-Autochtones établissent des liens entre un sommeil insuffisant et les problèmes de santé mentale; un phénomène encore peu étudié chez les Autochtones.
Objectifs
- Évaluer l’état de la littérature sur le sommeil et la santé mentale chez les Autochtones.
- Explorer la force et la direction des associations entre le sommeil et la santé mentale.
- Souligner les lacunes dans les connaissances et offrir des recommandations pour les futures recherches.
Méthodologie
Une revue systématique de la littérature publiée en anglais a été réalisée. Pour être sélectionnées, les études devaient explorer l’influence de la qualité du sommeil sur la santé mentale des Autochtones. Les données suivantes ont été extraites : informations générales sur l’étude, les objectifs, les caractéristiques de l’étude et des participants, les méthodes de collectes de données, les résultats principaux, les limites et les forces. La qualité des études a été évaluée avec un outil standardisé (Quality Assessment Tool for Observational Cohort and Cross-Sectional Studies). De plus, le partenariat avec les communautés autochtones dans la recherche a été évalué (par exemple le respect des protocoles locaux et les retombées pour la communauté).
Qu’est-ce qu’on y apprend?
Le corpus comprend sept études (six transversales et une longitudinale). Elles regroupent un total de 3066 participants autochtones. Six études sont de qualité modérée et une de qualité élevée. Les informations rendues disponibles dans les études n’étaient pas suffisantes pour évaluer le niveau d’implication des Autochtones dans le processus de la recherche.
Les résultats étaient autorapportés ou rapportés par un parent ou un tuteur. L’ensemble des études rapporte des niveaux élevés de sommeil de mauvaise qualité (sommeil de courte durée, problèmes de sommeil, symptômes d’insomnie, syndrome des jambes sans repos et syndrome d’apnée du sommeil). À cet égard, chez les adolescents d’une communauté des Premières Nations en Caroline du Nord, plus du quart (29,3 %) rapportait moins de 8 heures de sommeil par nuit.
Les résultats rapportés dans cette revue suggèrent une association entre le sommeil et la santé mentale chez les Autochtones. Par exemple, une étude chez les enfants autochtones australiens présente une association entre les problèmes de sommeil et l’agressivité et le repli sur soi. À contrario, une heure de coucher hâtive est associée à un risque plus faible de troubles comportementaux. Chez des adolescentes des Premières Nations aux États-Unis, les problèmes d’insomnie sont associés à des symptômes dépressifs. Chez des adultes, un sommeil de courte durée (moins de six heures par nuit) est associé à des désordres affectifs. Les auteurs soulignent toutefois la paucité des données sur la problématique du sommeil en lien avec la santé mentale.
Limites
Selon les auteurs, bien que six études utilisent des outils de mesure standardisés du sommeil et de la santé mentale, leur usage n’est pas validé en contexte autochtone. Ainsi, les données colligées dans ces études pourraient ne pas représenter adéquatement les enjeux liés au sommeil et à la santé mentale chez les Autochtones à travers le monde. D’ailleurs, les échantillons des études n’étaient pas aléatoires ce qui peut limiter la possibilité de généraliser les résultats. Enfin, l’orthographe australienne de certains termes (apnée) a été utilisée pour les recherches, des résultats utilisant exclusivement l’orthographe américaine ont pu ne pas être repérés.
Utilisation de l’analyse de classe latente pour opérationnaliser une évaluation holistique de la santé et du mieux-être inuit
Bertheussen, M., Riva, M., Jock, B. W., Fletcher, C., Ayotte, P., Muckle, G., Poliakova, N. et Bélanger, R. (2024). Using latent class analysis to operationalize a wholistic assessment of Inuit health and well-being. International Journal of Circumpolar Health, 83(1).
Contexte
Bien que des actions soient mises en œuvre pour décoloniser les pratiques de recherche en milieux autochtones, peu d’études se concentrent sur l’intégration pratique de modèles autochtones de la santé. Pourtant, considérer les différentes perspectives de santé occidentales et autochtones est essentiel pour mettre en place des programmes en adéquation avec les besoins des populations autochtones. Au Nunavik, le modèle de santé IQI (ilusirsusiarniq, qanuinngisiarniq et inuuqatigiitsianiq) réfère aux aspects physique, mental et relationnel de la santé et découle du volet communautaire de l’enquête de santé Qanuilirpitaa? 2017.
Objectif
En se basant sur une analyse secondaire des données de l’enquête de santé Qanuilirpitaa? 2017 :
- Opérationnaliser un modèle d’évaluation holistique de la santé et du bien-être à l’aide de l’analyse de classe latente.
- Évaluer la validité du modèle à l’aide des questions de l’enquête Qanuilirpitaa? 2017 sur la santé autoévaluée.
- Explorer les liens entre les déterminants individuels et communautaires, et la santé holistique.
Méthodologie
L’analyse de classe latente est un outil de mesure quantitatif qui distingue différents profils ou sous-groupes parmi une population hétérogène. Dans cette étude, l’analyse de classe latente vise l’opérationnalisation du modèle de santé IQI. Des collaborateurs inuit ont apporté leur expertise et la Régie régionale de la santé et des services sociaux du Nunavik a été consultée, et ce, à chacune des étapes du processus :
- Identification des variables en fonction du modèle IQI et regroupement des variables à l’aide d’experts en langue inuit.
- Analyse de classe latente de l’échantillon de 1 196 participants.
- Appréciation de la validité apparente de l’évaluation holistique de la santé et des associations entre la santé et les déterminants sociaux de la santé.
Qu’est-ce qu’on y apprend?
- Des 81 questions présélectionnées du questionnaire de Qanuilirpitaa? 2017, 21 ont été retenues. Celles-ci reflétaient le plus fidèlement les concepts fondamentaux du modèle IQI.
- Trois profils de santé ont été développés : « excellent », « bon » ou « correct ». Les trois sous-groupes de l’échantillon sont homogènes. Ils confirment aussi le caractère holistique de la santé inuit, car plusieurs indicateurs se retrouvent dans les trois profils.
- Pour les trois profils, il y a des réponses positives aux questions sur la spiritualité, sur le fait de grandir en regardant et en apprenant les savoir-faire inuit et le fait de partager et de recevoir de la nourriture.
- Les habitants du Nunavik âgés de 31 à 54 ans et de plus de 55 ans sont plus susceptibles d’être en excellente ou en bonne santé ainsi que ceux qui ont participé à des activités culturelles, communautaires ou sportives ou qui font du bénévolat. Aussi, les personnes en couple sont plus souvent dans les profils de santé « excellent » ou « bon ».
- Il y a une plus grande probabilité que les femmes et les jeunes soient dans le profil de santé « correct ». D’ailleurs, les participants dans le profil « correct » signalent une plus faible cohésion communautaire, peu de relations familiales et des niveaux faibles de soutien émotionnel.
Limites
Les questionnaires de l’enquête de santé Qanuilirpitaa? 2017 ne posent pas forcément des questions reflétant exactement le modèle IQI, car celui-ci a été développé après. En raison de l’interconnexion entre les concepts du modèle IQI, peu de questions correspondent à un seul concept. L’outil d’analyse de classe latente peut simplifier les résultats, car une personne peut présenter des caractéristiques de plusieurs sous-groupes de façon simultanée.
Petite enfance et développement de l’enfant
La santé préconceptionnelle chez les peuples autochtones en Australie, au Canada, en Nouvelle-Zélande et aux États-Unis : une étude de portée
Walker, C., Begum, T., Boyle, J. A., Ward, J. et Barzi, F. (2024). Preconception health of Indigenous Peoples in Australia, Canada, New Zealand, and the United States : A scoping review. International Journal of Environmental Research and Public Health, 21(3).
Contexte
Avant la conception, la santé et les habitudes de vie des femmes et des hommes peuvent influencer la fertilité et l’état de santé des femmes enceintes et de leur enfant à naître. Les premières semaines de grossesse sont d’ailleurs critiques. Plusieurs femmes ignorent qu’elles sont enceintes et ont des comportements susceptibles d’être néfastes pour le fœtus, d’où l’intérêt d’offrir des soins préconceptionnels (conseils et interventions à l’intention des femmes et de leur partenaire). L’importance de la période préconceptionnelle dans la lutte aux inégalités de santé est un sujet émergent d’où la pertinence de se pencher sur cette période en milieux autochtones.
Objectif
Comprendre l’étendue et la nature des connaissances en matière de santé préconceptionnelle chez les peuples autochtones vivant en Australie, au Canada, en Nouvelle-Zélande et aux États-Unis.
Méthodologie
Une étude de portée suivant la méthodologie du Johanna Briggs Institute et de PRISMA a été réalisée. Les études quantitatives (expérimentales, quasi expérimentales et observationnelles) et qualitatives publiées en anglais dans des revues révisées par les pairs entre 2010 et le 25 juin 2023 ont été incluses. Pour que l’étude soit retenue, son intérêt devait être sur les facteurs de risque lors de la période préconceptionnelle, les leviers et les barrières d’accès aux soins préconceptionnels, la conception, la mise en œuvre et l’évaluation d’interventions ou la compréhension et la sensibilisation des peuples autochtones et de professionnels de la santé. Une analyse thématique inductive a été réalisée avec les données qualitatives.
Qu’est-ce qu’on y apprend?
Un total de 57 études a été sélectionné, la majorité provenant des États-Unis (n = 36) et de l’Australie (n = 13). La population à l’étude est majoritairement constituée de femmes de tout âge (n = 46). Seules trois études incluaient des hommes. Soulignons que des facteurs de risque, par exemple le tabagisme, peuvent influencer la santé reproductive et que les habitudes de vie du partenaire peuvent influencer celles de la femme. Les auteurs suggèrent d’approfondir les recherches sur les connaissances et les attitudes des hommes en matière de santé préconceptionnelle. De surcroît, dans 14 des études retenues, les auteurs n’ont pu déterminer quelle était la situation géographique (rurale ou urbaine) de la population à l’étude. Les spécificités géographiques sont ainsi un manque à combler dans la littérature sur le sujet.
Dans le corpus, 27 études rapportent des associations entre des facteurs de risque (indice de masse corporelle, consommation d’alcool, alimentation, diabète) pendant la période préconceptionnelle et des résultats de santé chez la mère et l’enfant. Généralement, ces études révèlent une association entre un indice de masse corporelle plus élevé et le diabète gestationnel et postnatal, l’hypertension, la césarienne et des bébés de plus petits poids. Les données concernant d’autres facteurs de risque étaient toutefois parcellaires.
Parallèlement, 26 études concernent la conception, la mise en œuvre et l’évaluation d’interventions. Ces études se penchent en majorité sur un facteur de risque à la fois, principalement la consommation d’alcool et la prise d’acide folique. Les données qualitatives recueillies touchent pour la plupart à la conception, la mise en œuvre et l’évaluation d’interventions : le rôle de la famille, de la communauté et de la culture, l’importance d’un contenu basé sur les faits et d’une approche axée sur les forces ainsi que la nécessité de s’adresser aux adolescentes. Les auteurs rappellent la pertinence de proposer aux populations autochtones des interventions globales (plus d’un facteur de risque à la fois), utilisant une conception holistique de la santé et culturellement appropriées.
Limites
Les auteurs soulignent quelques limites à leur démarche, dont l’absence de recherche dans la littérature grise. Certaines interventions de santé préconceptionnelles peuvent ne pas avoir été prises en compte. De plus, les critères d’inclusion larges ont mené à des divergences entre les évaluateurs. L’expertise d’une troisième personne et des discussions ont été nécessaires. Les études combinant les facteurs de risque avant la conception et ceux pendant la grossesse n’ont pas été retenues, menant à l’exclusion d’articles sur des facteurs clés de la santé des mères et des enfants, dont la consommation de substances psychoactives avant, pendant et après la grossesse. Enfin, les études présentant exclusivement des données de surveillance sans analyses d’associations étaient exclues, et ce, bien que ce type de données puisse aider à comprendre la problématique.
Si vous vivez de la détresse, vous pouvez appeler la Ligne d’écoute d’espoir pour le mieux-être (1‑855‑242‑3310) ou clavarder en ligne. Ce service est disponible en tout temps pour tous les Autochtones du Canada.
D’autres ressources existent, consulter la liste des centres d’écoute par région.
L’inclusion des articles présentés dans ce bulletin de veille ne signifie pas leur endossement par l’Institut. Le jugement professionnel demeure essentiel pour évaluer la valeur de ces articles pour votre pratique. Vous pouvez également consulter la méthodologie de la veille scientifique en santé des Autochtones.