Veille scientifique Saine alimentation et mode de vie actif, volume 10, numéro 3, septembre 2022

Cette veille est destinée en premier lieu aux acteurs du réseau de santé publique. Les publications scientifiques recensées sont choisies pour leur pertinence en regard de la promotion de la saine alimentation et du mode de vie physiquement actif, dans une perspective de prévention des problèmes reliés au poids et des maladies chroniques.

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Activité physique et sédentarité

Les interventions utilisant des technologies mobiles et sans fil (mHealth) peuvent-elles réduire l’inactivité physique et les comportements sédentaires chez les enfants et les adolescents? : revue systématique et méta-analyse

Contexte

L’inactivité physique et le comportement sédentaire sont deux facteurs de risque pour la santé, présente et future, des enfants et adolescents. Ces habitudes de vie sont donc deux cibles d’intervention importantes chez cette population. Certaines interventions mHealth, c’est-à-dire utilisant des technologies mobiles et sans fil pour soutenir la réalisation d’objectifs de santé, ont été mises au point pour faire la promotion de la pratique d’activité physique chez les jeunes. Or, il existe encore très peu de données sur les effets de telles interventions préventives sur l’inactivité physique et les comportements sédentaires.

Objectif

L’objectif de cette revue et méta-analyse était d’étudier l’efficacité des interventions mHealth sur l’inactivité physique et les comportements sédentaires des enfants et adolescents.

Ce qu’on y apprend

Les auteurs ont repéré 11 études incluant au total 1515 participants (65 % de garçons) dont l’âge moyen était de 11,7 ans. Les interventions mHealth étudiées ont duré en moyenne 9,3 semaines et prenaient différentes formes :

  • Application mobile ou web fournissant du contenu éducatif et du soutien en modification de comportement.
  • Application mobile proposant des programmes de course animés thématiques (p. ex. Zombies, run!).
  • Messages textes présentant du contenu éducatif.
  • Dispositifs de suivi d’activité physique combinés à des messages textes donnant des rétroactions sur les comportements de la journée.

Les résultats suggèrent que ce type d’intervention a un effet significatif modéré sur l’inactivité physique, mais aucun effet sur les comportements sédentaires. De plus, les auteurs proposent que pour favoriser des effets, les interventions mHealth doivent s’appuyer sur une base théorique et avoir les caractéristiques suivantes :

  • Avoir une approche ludique.
  • Proposer une démarche individualisée, c’est-à-dire avoir la capacité de s’adapter aux besoins ou aux circonstances particulières de l’utilisateur.
  • Utiliser des techniques de modifications de comportement reconnues (p. ex. fixation d’un objectif individuel en lien avec le comportement).
  • Contenir une composante sociale permettant à l’utilisateur de faire partie d’une communauté et d’obtenir du soutien social.

Commentaires du rédacteur

Dans les dernières années, l’accès à des technologies telles que des tablettes et des cellulaires est devenu monnaie courante chez les enfants et les adolescents. Cette étude propose que l’utilisation d’intervention mHealth pour prévenir l’inactivité physique et promouvoir la pratique d’activité physique peut être une mesure prometteuse. Toutefois, ce type d’intervention ne semble pas avoir les effets désirés sur les comportements sédentaires, un facteur de risque pour la santé important chez cette population. De nouvelles interventions doivent donc être étudiées afin d’agir sur ce type de comportement. Les interventions mHealth « Just-in-time », c’est-à-dire qui utilisent les données recueillies en continu pour adapter en temps réel les stratégies et conseils offerts à l’utilisateur selon l’évolution de ses besoins, pourraient être des avenues intéressantes à explorer. En effet, ces interventions ont démontré des effets sur les comportements sédentaires chez d’autres populations telles que les personnes âgées et les adultes souffrant d’obésité.

Baumann, H., J. Fiedler, K. Wunsch, A. Woll et B. Wollesen (2022). « mHealth Interventions to Reduce Physical Inactivity and Sedentary Behavior in Children and Adolescents: Systematic Review and Meta-analysis of Randomized Controlled Trials », JMIR mHealth and uHealth, vol. 10, n° 5, p. e35920. https://doi.org/10.2196/35920.

Le moment choisi pour faire de l’activité physique sur 24 heures et son influence sur la santé : revue systématique

Contexte

À une époque où l’expertise autoproclamée est de plus en plus monnaie courante, il n’est pas rare d’entendre sur diverses plateformes : si tu veux être en forme, entraîne-toi le matin… ou le soir. Il peut être difficile, incluant pour le professionnel œuvrant dans le domaine de l’activité physique, de distinguer le vrai du faux. Dans la littérature scientifique récente, certaines études laissent croire que les bienfaits de l’activité physique diffèrent selon le moment de la journée auquel l’activité est faite.

Objectif

Le but de cette revue systématique est de déterminer s’il existe un lien appuyé scientifiquement entre le moment choisi pour faire de l’activité physique dans une journée et les effets sur la santé qui en résultent.

Ce qu’on y apprend

35 études originales furent analysées rigoureusement dans le cadre de cette revue systématique et ont globalement révélé une très faible qualité des données notamment en raison d’importants risques de biais. Plusieurs résultats en matière de santé ont été considérés soit le sommeil, l’adiposité, la masse musculaire et la taille des muscles, les biomarqueurs cardiométaboliques, le risque de maladies cardiovasculaires, le risque de cancer, la fonctionnalité physique et la mobilité, la santé mentale et le risque de décès. De façon générale, les études considérées n’ont pas réussi à démontrer un effet important du moment de pratique de l’activité physique sur le résultat en matière de santé ni de relation dose-réponse. Des 35 études analysées, 11 révèlent que l’activité physique est plus bénéfique pour la santé lorsque pratiquée le matin, tandis que 12 observent qu’il est préférable de la pratiquer l’après-midi ou le soir. Les 12 autres études n’ont pas observé de différence nette en fonction du moment choisi pour faire de l’activité physique.

Les auteurs de la revue systématique concluent en disant que les résultats ne permettent pas de mettre en exergue de façon systématique un bénéfice plus important pour la santé dans le fait d’être actif à un moment de la journée plutôt qu’à un autre.

Commentaires du rédacteur

Cet article, disponible en français, provient de chercheurs canadiens dont certains furent activement impliqués dans l’élaboration des recommandations canadiennes en matière d’activité physique. Il est important de mentionner que ces lignes directrices, depuis leur première mouture en 1998, n’ont jamais fait état d’un moment de la journée qui serait plus propice à l’obtention d’effets positifs sur la santé. Lorsqu’analysée rigoureusement et que l’on considère l’ensemble des résultats, la littérature scientifique confirme la position de ces lignes directrices. La présente étude vient donc appuyer le message de promotion voulant que l’essentiel soit de bouger et non pas l’heure choisie pour le faire.

Janssen, I., J. E. Campbell, S. Zahran, T. J. Saunders, J. R. Tomasone et J.-P. Chaput (2022). « Moment choisi pour faire de l’activité physique sur 24 heures et son influence sur la santé : revue systématique », Promotion de la santé et prévention des maladies chroniques au Canada, vol. 42, n° 4, p. 146‑156. https://doi.org/10.24095/hpcdp.42.4.02f

Activité physique et changements climatiques

Des recommandations concernant les liens entre les changements climatiques et l’activité physique

Contexte

Selon plusieurs observateurs, nous vivons actuellement dans l’ère géologique de l’Anthropocène qui est caractérisée par des changements biophysiques importants dus à l’influence des actions humaines sur les écosystèmes. Les changements climatiques sont un phénomène marquant de cette période. Ils sont globalement liés à des augmentations moyennes des températures, du niveau de la mer et des événements météorologiques extrêmes. Ces aspects ont des impacts sur la santé des populations et sur certains comportements tels que l’alimentation, le sommeil et l’activité physique.

Objectif

L’objectif de cette revue systématique est de présenter les associations possibles entre les changements climatiques et les comportements en matière d’activité physique.

Ce qu’on y apprend

Les auteurs ont retenu 74 articles décrivant des recherches utilisant différents devis : études observationnelles, études expérimentales, études fondées sur des scénarios et des examens de revues systématiques. 

Les résultats montrent que l’activité physique peut jouer un rôle d’atténuation et d’amplification des changements climatiques. De plus, les changements climatiques affecteront de manière significative l’activité physique. Les auteurs concluent sur les recommandations suivantes :

  1. Les futures directives en matière d’activité physique devraient présenter, d’une part, les risques posés par les changements climatiques (p. ex. vagues de chaleur) et, d’autre part, les bénéfices possibles de l’activité physique pour, par exemple, la réduction des gaz à effet de serre (p. ex. transports actifs);
  2. L’atténuation des impacts des changements climatiques et l’adaptation de la pratique d’activité physique devraient être systématiquement incluses dans les cours de kinésiologie/sciences du sport;
  3. Les organismes sportifs devraient être impliqués dans les plans d’atténuation liés aux catastrophes naturelles;
  4. Une révision approfondie des modes de transport liés aux pratiques sportives de loisirs et aux sports professionnels doit être développée afin de diminuer leur contribution aux émissions de gaz à effet de serre; 
  5. Les changements climatiques transforment les pratiques d’activité physique. Dans cette optique, la définition de l’activité physique devrait être révisée pour inclure les perspectives et les conséquences des changements climatiques. Par exemple, l’une des recherches recensées propose la définition suivante de « l’activité physique durable » : « des activités qui sont menées avec une durée, une intensité et une fréquence suffisantes pour promouvoir la santé, mais sans dépense excessive d’énergie pour la nourriture, le transport, les installations pour l’entraînement ou l’équipement. Les activités physiques durables ont un faible impact sur l’environnement, et elles sont culturellement et économiquement acceptables et accessibles ».

Commentaires du rédacteur

Les auteurs n’ont pas inclus la littérature grise ou les rapports internationaux. Il se peut donc que des initiatives régionales ou internationales examinant les effets des changements climatiques sur l’activité physique ou le sport soient absentes. L’étude des liens possibles entre les changements climatiques et les saines habitudes de vie sont un champ de recherche en émergence et il s’accompagnera de plusieurs nouvelles perspectives de recherche (p. ex. impact des zoonoses sur la pratique d’activité physique).

Bernard, P., G. Chevance, C. Kingsbury, A. Baillot, A.-J. Romain, V. Molinier, T. Gadais et K. N. Dancause (2021). Climate Change, Physical Activity and Sport: A Systematic Review, Sports Medicine, vol. 51, n° 5, p. 1041‑1059. https://doi.org/10.1007/s40279-021-01439-4

Environnement alimentaire

L’impact de l’environnement alimentaire du consommateur et de l’environnement alimentaire communautaire sur l’alimentation et l’obésité

Contexte

L’environnement alimentaire (EA) du consommateur représente les conditions à l’intérieur d’un commerce alimentaire auxquelles les consommateurs sont exposés lors de leur visite et qui influencent les achats de ces derniers, tels que les types d’aliments disponibles, le prix, l’emplacement, l’accessibilité et l’information. Quant à lui, l’EA communautaire réfère aux caractéristiques des lieux où l’on peut se procurer des aliments, c’est-à-dire le type de commerce d’alimentation ou de restaurant, leur localisation, leur nombre dans un secteur et la distance à parcourir pour s’y rendre.

Objectif

Cette revue systématique a pour objectif d’évaluer l’impact de l’EA du consommateur et de l’EA communautaire sur l’alimentation (p. ex. apports alimentaires, achats alimentaires) et sur des mesures anthropométriques liées à l’obésité (p. ex. poids, IMC).

Ce qu’on y apprend

Parmi les 58 études recensées, 41 portaient sur l’EA du consommateur et 17 sur l’EA communautaire. L’évaluation de leur qualité a identifié que 47 présentaient un faible risque de biais, sept un risque moyen et quatre un risque élevé.

Les études recensées sur l’EA du consommateur ont révélé que les incitatifs économiques (p. ex. rabais pour l’achat d’aliments sains, coupons pour l’achat de fruits et légumes), et la mise en valeur des aliments sains (p. ex. promotion des aliments sains par le biais d’affiches sur les étagères, placement stratégique des aliments sains pour réduire l’accès des aliments malsains dans le commerce) amélioraient de manière significative la qualité de l’alimentation des enfants et des adultes, tandis que les résultats n’étaient pas significatifs pour l’impact sur l’IMC. L’ajout d’information, par exemple par le biais de l’étiquetage des calories sur les menus ou l’apposition d’un logo sur le devant de l’emballage, n’a pas eu d’impact significatif sur la qualité de l’alimentation.

Les études analysées sur l’EA communautaire ont constaté que le nombre et la proximité des points de vente d’aliments malsains augmentaient la probabilité de consommer du « fast-food » et d’avoir un IMC plus élevé chez les enfants, quel que soit leur statut socio-économique; chez les adultes, seuls certains groupes étaient touchés, c’est-à-dire les femmes, les personnes noires ou hispaniques vivant dans des zones à densité faible ou moyenne. La disponibilité et la proximité des points de vente d’aliments sains amélioraient de manière significative l’apport alimentaire et l’IMC des enfants, mais les résultats n’étaient pas significatifs pour les adultes.

Commentaires du rédacteur

En raison de la grande hétérogénéité des devis des études recensées, il n’a pas été possible de réaliser une méta-analyse. Seules une analyse et une synthèse narrative des résultats ont pu être faites. Néanmoins, les résultats mettent en évidence l’importance de créer des EA favorables afin de rendre les choix sains plus faciles et les choix malsains plus difficiles pour tous.

Atanasova, P., D. Kusuma, E. Pineda, G. Frost, F. Sassi et M. Miraldo (2022). « The impact of the consumer and neighbourhood food environment on dietary intake and obesity-related outcomes: A systematic review of causal impact studies », Social Science & Medicine, vol. 299, p. 114879. https://doi.org/10.1016/j.socscimed.2022.114879.

Les mesures de tarification alimentaire seraient efficaces pour réduire les inégalités socio-économiques en alimentation et améliorer la qualité de l’alimentation parmi les groupes socio-économiques défavorisés

Contexte

Les personnes ayant un statut socio-économique (SSE) plus faible ont une probabilité plus faible d’avoir une alimentation répondant aux recommandations et ont un risque plus élevé de surpoids ou d’obésité. L’environnement alimentaire est un déterminant important de l’alimentation. Il comprend plusieurs éléments, par exemple la composition des aliments, leur étiquetage et leur prix de vente. L’influence de l’environnement alimentaire sur les habitudes alimentaires d’une personne est modulée par le SSE.

Objectif

Cette revue de revues systématiques vise à évaluer le potentiel des politiques agissant sur l’environnement alimentaire à réduire les inégalités socio-économiques en alimentation et à améliorer la qualité de l’alimentation parmi les groupes socio-économiques défavorisés.

Ce qu’on y apprend

Cette revue inclut 16 revues systématiques, majoritairement conduites dans des pays favorisés sur le plan économique, pour un total de 159 études primaires. Les politiques prises en compte dans la revue s’inscrivent dans six catégories évaluées de façon distincte.

  1. Composition des aliments : Deux études primaires ont étudié cet élément, et elles ont toutes deux rapporté une absence d’impact sur les inégalités socio-économiques en alimentation.
  2. Étiquetage des aliments : Sept études primaires ont rapporté que l’étiquetage des calories des aliments n’avait pas d’effet sur le nombre de calories dans les aliments achetés dans les quartiers défavorisés.
  3. Promotion des aliments : Aucune revue n’a été répertoriée.
  4. Offre d’aliments sains (p. ex. dans les écoles) : Neuf études primaires ont évalué l’effet de politiques alimentaires dans les écoles sur l’alimentation (p. ex. programmes de fruits gratuits, programmes de repas). Il n’y avait pas d’impact sur les inégalités socio-économiques. Chez les groupes de SSE faible, des résultats positifs ont été rapportés sur les apports alimentaires.
  5. Vente des aliments (p. ex. politiques ou règles de zonage facilitant l’accès aux aliments sains) : Résultats non concluants chez les groupes de SSE faible.
  6. Prix des aliments :
    1. La taxation des aliments n’aurait pas d’effets ou aurait des effets positifs sur les inégalités socio-économiques en alimentation. La taxation d’aliments à faible valeur nutritive aurait des résultats positifs chez les groupes de faible SSE (diminution des achats de ces aliments).
    2. La subvention d’aliments sains aurait des résultats positifs chez les groupes de faible SSE (augmentation des achats de ces aliments).
    3. Les programmes de soutien du revenu liés à l’alimentation (p. ex. coupons pour l’achat d’aliments sains) auraient un petit impact positif sur les achats alimentaires et l’alimentation des personnes éligibles.

Commentaires du rédacteur

Le Plan d’action interministériel 2022-2025 de la Politique gouvernementale de prévention en santé met de l’avant la prise en compte de l’équité et des besoins des populations vulnérables dans les actions en alimentation (action 3.7.1). Cela témoigne d’un intérêt croissant pour l’équité en alimentation et la réduction des inégalités socio-économiques. Avec optimisme, davantage d’études portant sur les politiques agissant sur l’environnement alimentaire s’intéresseront aux effets de diverses mesures sur les inégalités socio-économiques.

Løvhaug, A. L., S. I. Granheim, S. K. Djojosoeparto, J. M. Harrington, C. B. M. Kamphuis, M. P. Poelman, G. Roos, A. Sawyer, K. Stronks, L. E. Torheim, C. Twohig, S. Vandevijvere, F. J. van Lenthe et L. Terragni (2022). « The potential of food environment policies to reduce socioeconomic inequalities in diets and to improve healthy diets among lower socioeconomic groups: an umbrella review », BMC public health, vol. 22, n° 1, p. 433. https://doi.org/10.1186/s12889-022-12827-4.

La taxation, un moyen efficace pour réduire l’achat de boissons sucrées

Contexte

Plus de 45 pays et juridictions ont mis en œuvre une taxation des boissons sucrées sur leur territoire.

Objectif

Cette revue systématique et méta-analyse a étudié les effets de l’implantation d’une taxe sur les boissons sucrées, en incluant les effets potentiels sur le prix de vente, les achats et la consommation de boissons sucrées. D’autres impacts potentiels sur l’alimentation, le poids corporel et la santé des populations ont aussi été examinés.

Ce qu’on y apprend

Plus de 80 publications ont été incluses dans cette revue et les données de 62 d’entre elles ont été intégrées dans les méta-analyses. L’exercice des méta-analyses a permis de dégager les constats suivants :

  • La taxe est partiellement transférée aux consommateurs. En effet, l’augmentation du prix de vente observée correspond à 82 % de la taxe initialement imposée sur les boissons sucrées.
  • Les données indiquent qu’en moyenne, l’implantation d’une taxe sur les boissons sucrées est liée à une baisse de 15 % d’achats de ces boissons.
  • Aucun changement significatif n’a été observé pour les achats ou la consommation de boissons non taxées.

Peu d’études ont étudié l’effet de la taxe sur les apports alimentaires, l’indice de masse corporelle et la santé, empêchant les auteurs d’établir des constats. Seule une petite proportion des études a examiné les effets de la taxe chez des sous-groupes de la population et les résultats de ces études étaient de nature trop hétérogène pour établir des constats clairs.

Les déplacements transfrontaliers pour se procurer des boissons sucrées dans un territoire ne possédant pas de taxe et la réduction de revenu des commerçants dans les territoires taxés sont des effets négatifs identifiés à la suite de la taxation. Les déplacements transfrontaliers sont survenus dans les cas de taxation locale (p. ex. ville) où il était facile de se déplacer vers un territoire adjacent où les boissons n’étaient pas taxées.

De manière positive pour l’action, les auteurs de la revue concluent que la taxation est associée à une augmentation du prix de vente des boissons sucrées et à une réduction de l’achat de ces boissons par les consommateurs. Toutefois, ils indiquent la nécessité de se pencher sur les effets de la taxe sur la consommation, le poids et la santé des populations ainsi que sur les effets différentiels par groupes de la population, par exemple en fonction de la position socio-économique.

Commentaires du rédacteur

Comme ailleurs dans le monde, les Québécois consomment trop de sucres libres. Les boissons avec sucres ajoutés représentent, après les fruits, la deuxième source de sucres totaux dans leur alimentation. Ainsi, à la lumière des constats de cette méta-analyse, la taxation des boissons sucrées, dans le cadre d’un portefeuille d’actions visant la réduction de la consommation des boissons sucrées et favorisant celle de l’eau, représente une mesure de santé publique prometteuse pour la population québécoise.

Andreyeva, T., Marple, K., Marinello, S., Moore, T. E., & Powell, L. M. (2022). Outcomes Following Taxation of Sugar-Sweetened Beverages: A Systematic Review and Meta-analysis. JAMA Network Open, 5(6), e2215276. https://doi.org/10.1001/jamanetworkopen.2022.15276.

Utilisation des services d’épicerie en ligne chez les populations défavorisées : les barrières, les facteurs facilitants et son impact, ainsi que des pistes d’action

Contexte

Dans les dernières années, les services de commande et de livraison d’épicerie en ligne se sont multipliés. Cette manière de faire son épicerie pourrait faciliter l’accès physique aux aliments sains, entre autres pour les populations plus défavorisées. Toutefois, certains obstacles peuvent limiter leur utilisation et pourraient exacerber les inégalités sociales en alimentation.

Objectif

Cette revue systématique examine les obstacles et les éléments pouvant faciliter l’accès équitable à des aliments sains via les services d’épicerie en ligne. Les comportements d’achats et les comportements alimentaires associés à ces services chez les populations défavorisées sont aussi étudiés. Des pistes pour la recherche et l’action sont également présentées.

Ce qu’on y apprend

La revue inclut 16 articles portant sur des recherches à devis qualitatif et/ou quantitatif, publiés entre 2013 et 2021, tous en contexte américain.

Chez les populations défavorisées, la perception de coûts plus élevés et la rareté des services en région rurale et dans les déserts alimentaires sont parmi les principales barrières à l’utilisation des services d’épicerie en ligne. Selon les auteurs, ces éléments pourraient contribuer à accentuer les inégalités sociales en alimentation. Le côté pratique et moins stressant de ce service ainsi que la possibilité d’utiliser les coupons alimentaires pour payer en ligne sont des éléments facilitants.

Seulement quelques études, avec des conclusions mixtes, se sont intéressées à l’impact de l’épicerie en ligne sur les achats d’aliments de haute et de faible valeur nutritive et sur la qualité de l’alimentation.

Selon les auteurs, il faudrait mieux étudier, entre autres, les publicités sur les sites de commande d’épicerie et l’impact de l’épicerie en ligne sur la qualité nutritionnelle des achats et de l’alimentation. Aussi, les auteurs proposent quelques pistes d’action afin de promouvoir l’achat en ligne d’aliments de haute valeur nutritive, et conséquemment une alimentation saine, notamment chez les populations défavorisées. Par exemple : proposer d’emblée un panier virtuel d’aliments de haute valeur nutritive, encadrer le marketing afin d’assurer un environnement alimentaire virtuel favorable à la saine alimentation, faciliter le paiement en ligne avec des coupons alimentaires et étendre le service de livraison en région éloignée (en implantant un point de chute dans la communauté, par exemple).

Commentaires du rédacteur

Les articles retenus provenaient tous des États-Unis. Davantage d’études d’autres pays sont nécessaires pour s’assurer de la généralisation possible des constats à d’autres contextes.

Ces services de commande et de livraison d’épicerie en ligne génèrent un nouvel environnement alimentaire auquel les consommateurs québécois sont exposés, en plus de l’environnement alimentaire physique. Les comportements d’achats sur les plateformes d’épicerie en ligne et l’impact des publicités de ces sites sur les achats alimentaires mériteront d’être étudiés.

Trude, A. C., C. M. Lowery, S. H. Ali et G. M. Vedovato (2022). « An equity-oriented systematic review of online grocery shopping among low-income populations: implications for policy and research », Nutrition reviews, vol. 80, n° 5, p. 1294‑1310. https://doi.org/10.1093/nutrit/nuab122.

La qualité de l’offre alimentaire à l’école influence le poids des adolescents

Contexte

L’école est reconnue par l’OMS comme un milieu promoteur de santé. L’initiative des Écoles promotrices de santé propose que l’école permette d’améliorer les résultats scolaires des élèves tout en tenant compte de la santé des élèves de manière planifiée, intégrée et holistique. Plus précisément, un environnement alimentaire scolaire offrant des aliments sains pourrait favoriser une saine alimentation et prévenir le surplus de poids.

Objectif

Cette revue systématique vise à explorer les caractéristiques de l’environnement alimentaire scolaire et du voisinage immédiat (p. ex. présence de restaurant minutes) qui sont associées à l’excès de poids des élèves.

Ce qu’on y apprend

Vingt études ont été incluses dans cet examen systématique. Les études recensées portaient principalement sur les liens entre l’indice de masse corporelle (IMC) et l’accès physique aux commerces alimentaires dans le voisinage (variant de 100 m à 1600 m de l’école), l’offre d’aliments à l’école ou les politiques et programmes scolaires incluant les mesures de repas gratuits. Le résultat d’une première méta-analyse (6 études) montre que la qualité des aliments vendus à l’école et l’accès physique aux commerces autour de l’école étaient associés à un IMC élevé, tandis qu’une méta-analyse de 4 études rapportait que les risques d’obésité étaient significativement diminués lorsque des aliments sains étaient offerts à l’école. Cependant, les résultats de la méta-analyse (3 études) sur la présence de politiques ou de programmes de nutrition à l’école n’ont pas montré d’association à l’obésité. Comme l’environnement alimentaire scolaire semble associé à l’IMC des jeunes, il demeure une cible prioritaire d’intervention pour la prévention de l’obésité.

Commentaires du rédacteur

Cette revue systématique comprend plusieurs forces et limites. Notamment, l’analyse n’a pas tenu compte du fait que les zones de voisinage à proximité des écoles variaient de 100 m à 1600 m. De plus, le risque de biais dans les résultats des études a été examiné et seules 4 études ont été évaluées comme ayant un faible risque de biais. Les autres incluaient des risques de biais à cause de la prise en compte non optimale des facteurs de confusion et des stratégies pour y remédier ainsi que de l’utilisation de mesures dont la validité et la fiabilité n’ont pas été établies. Enfin, les effets des programmes de prévention sont souvent difficiles à démontrer. Dans le cas présent, l’absence d’effets observés des politiques et programme en alimentation ne signifie pas que ces derniers ne sont pas pertinents. Ils peuvent avoir des effets non mesurés par ces études ou des effets qui n’apparaissent qu’à moyen ou à long terme. Comme la Politique pour un virage santé à l’école est en processus de révision, cette revue systématique note l’importance de documenter les effets de cette nouvelle politique sur l’alimentation, l’activité physique, le poids et la santé des enfants.

Gonçalves, V. S. S., A. C. M. G. Figueiredo, S. A. Silva, S. U. Silva, D. B. Ronca, E. S. Dutra et K. M. B. Carvalho (2021). « The food environment in schools and their immediate vicinities associated with excess weight in adolescence: A systematic review and meta-analysis », Health & Place, vol. 71, p. 102664. https://doi.org/10.1016/j.healthplace.2021.102664.

L’efficacité des interventions nutritionnelles de groupe pour promouvoir une alimentation saine chez les personnes âgées vivant en communauté

Contexte

Les interventions nutritionnelles de groupe sont vues comme prometteuses afin d’aider les personnes âgées à surmonter différents obstacles psychosociaux et environnementaux pouvant affecter leur capacité à avoir accès à une alimentation saine. Or, il existe un besoin de mieux connaître les caractéristiques de conception optimales de telles interventions lorsqu’elles sont implantées dans un contexte communautaire.

Objectif

Cette revue systématique vise à évaluer l’efficacité de différentes modalités d’interventions en groupe ciblant les adultes âgés (≥55 ans) vivant dans la communauté pour améliorer la qualité nutritionnelle des aliments consommés, ainsi que leurs connaissances en matière d’alimentation saine.

Ce qu’on y apprend

31 études ont été retenues et peuvent se classer selon les catégories d’intervention suivantes :

  • L’éducation nutritionnelle à l’aide de techniques de changement de comportement (n=21);
  • L’éducation nutritionnelle didactique via l’accès à de la documentation pertinente (n=4) ;
  • L’éducation nutritionnelle interactive via l’animation d’ateliers et de groupe de discussion (n=2);
  • L’accès accru à des aliments sains via l’ajout de marchés mobiles ou la distribution de matériel permettant de faire du jardinage (n=2);
  • Une combinaison de l’éducation nutritionnelle à l’aide de techniques de changement de comportement et d’un accès accru à des aliments sains (n=2).

L’éducation nutritionnelle à l’aide de techniques de changement de comportement semble être l’approche la plus prometteuse pour améliorer la qualité nutritionnelle des aliments consommés, ainsi que les connaissances en matière d’alimentation saine.

Parmi les techniques de changement de comportements rapportées, on retrouve la planification raisonnée d’actions, le soutien social ou encore le façonnement des connaissances par le biais d’instructions (p. ex. via des démonstrations culinaires). Compte tenu de cette hétérogénéité, il n’a pas été possible de démontrer la supériorité d’une technique en particulier afin de prédire les améliorations en matière de changements de comportements alimentaires ou d’acquisition de connaissances.

La durée et la fréquence des interventions varient considérablement d’une étude à l’autre, sans qu’il soit possible de discerner une « dose » d’intervention minimale ou optimale.

Commentaires du rédacteur

Dans l’ensemble, les résultats ne permettent pas de se positionner clairement sur les composantes des interventions qui sont requises/nécessaires pour être efficace. Cela n’est peut-être pas si surprenant considérant que les principaux obstacles à la consommation d’aliments sains sont leur coût ou leur facilité d’accès. Par-delà l’éducation nutritionnelle et le renforcement des compétences individuelles, des interventions ciblant les déterminants environnementaux et politiques sont probablement nécessaires pour garantir un accès équitable à une alimentation saine. Des investissements financiers en soutien au développement et à l’évaluation d’interventions nutritionnelles communautaires pour les personnes âgées permettraient également de produire davantage de données probantes et utiles à la prise de décision. 

Teggart, K., R. Ganann, D. Sihota, C. Moore, H. Keller, C. Senson, S. M. Phillips et S. E. Neil-Sztramko (2022). « Group-based nutrition interventions to promote healthy eating and mobility in community-dwelling older adults: a systematic review », Public Health Nutrition, p. 1‑32. https://doi.org/10.1017/S136898002200115X

Comprendre les interactions entre l’environnement alimentaire et les populations immigrantes originaires de pays à revenu faible ou moyen : un état des connaissances

Contexte

Les immigrants originaires de pays à revenu faible (PRF) ou moyen (PRM) qui émigrent dans des pays à revenu élevé (PRÉ) peuvent être confrontés à un changement drastique dans l’environnement alimentaire qui les entoure.

Souvent, les immigrants originaires de PRF ou PRM laissent derrière eux un environnement alimentaire proposant des aliments peu transformés et se retrouvent dans un environnement alimentaire proposant une vaste gamme d’aliments ultra transformés ayant des impacts moins favorables à la santé.

Objectif

L’objectif de cet état des connaissances est de caractériser les interactions entre l’environnement alimentaire et les populations immigrantes originaires de PRF ou PRM vivant dans des PRÉ.

Ce qu’on y apprend

Cet état des connaissances inclut 68 articles publiés entre 2007 et 2021. Les études répertoriées ont été menées principalement aux États-Unis, au Canada, en Australie et en Europe. Les auteurs ont utilisé la grille d’analyse des environnements liés à l’obésité (ANGELO) afin d’interpréter les données présentées. Aux thèmes proposés par le cadre ANGELO, notamment l’environnement physique, économique, socioculturel et politique, les auteurs ont proposé l’ajout de trois autres thèmes : le manque de temps, la mobilité et la capacité de naviguer dans l’environnement alimentaire.

L’utilisation du cadre ANGELO et des trois thèmes complémentaires met en lumière le fait que les immigrants originaires des PRF ou PRM qui émigrent dans des PRÉ valorisent et essaient d’accéder davantage à des aliments frais et plus sains, mais ils se heurtent à des obstacles structurels et sociaux qui ont un impact sur la qualité des aliments qu’ils achètent. Or, le processus de migration comporte l’apparition des plusieurs obstacles limitant l’accès à ce type d’aliments, notamment le manque de temps dû à des changements dans la gestion des tâches familiales, le manque de relations sociales, l’augmentation du stress et le manque d’accès aux aliments traditionnels.

En conclusion, les auteurs soulignent l’importance de comprendre les interactions des populations immigrantes avec leurs nouveaux environnements alimentaires pour proposer des interventions et des politiques susceptibles d’avoir un impact sur les plus vulnérables parmi eux.

Commentaires du rédacteur

Cet état des connaissances comporte plusieurs limites notamment le fait que les études répertoriées ont été menées majoritairement aux États-Unis et que les participants étaient principalement des femmes. De plus, les études se concentrent uniquement sur des immigrants réguliers en excluant les individus ayant un statut d’immigration non régulier. Néanmoins, cette revue permet de souligner la forte valorisation des aliments frais et peu transformés par les immigrants originaires de PRF ou PRM qui émigrent dans des PRÉ et alimente les réflexions entourant la pertinence et l’efficacité potentielle des mesures de soutien permettant à des individus nouvellement immigrés d’accéder à des aliments frais et peu transformés.

Berggreen-Clausen, A., S. Hseing Pha, H. Mölsted Alvesson, A. Andersson et M. Daivadanam (2022). « Food environment interactions after migration: a scoping review on low- and middle-income country immigrants in high-income countries », Public Health Nutrition, vol. 25, n° 1, p. 136 https://doi.org/10.1017/S1368980021003943.


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Les numéros précédents sont disponibles sur le site de l’INSPQ à l’adresse suivante : https://www.inspq.qc.ca/saine-alimentation-mode-vie-actif/veille-scientifique

Cette veille est réalisée grâce à la participation financière du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec (MSSS)

Rédacteurs

Amélie Bergeron
Maryse Caron
Camilla Chiari
Gabrielle Durette 
Mathieu-Joël Gervais
Joanie Lefebvre
Julie Maltais-Giguère

Marie-Claude Paquette
Étienne Pigeon
Éric Robitaille

Unité Milieux de vie inclusifs, sains et sécuritaires
Direction du développement des individus et des communautés

Sous la supervision de
Caroline Delisle
Unité Milieux de vie inclusifs, sains et sécuritaires
Direction du développement des individus et des communautés

Révision linguistique
Sarah Mei Lapierre
Direction du développement des individus et des communautés

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