Veille scientifique Saine alimentation et mode de vie actif, volume 10, numéro 2, juin 2022

Cette veille réalisée par l’équipe Saine alimentation et mode de vie actif (SAMVA) est destinée en premier lieu aux acteurs du réseau de santé publique. Les publications scientifiques recensées sont choisies pour leur pertinence en regard de la promotion de la saine alimentation et du mode de vie physiquement actif, dans une perspective de prévention des problèmes reliés au poids et des maladies chroniques.

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Activité physique et sédentarité

Les résidents âgés vivant dans des logements sociaux à Montréal ont une capacité limitée à adopter un mode de vie actif

Contexte

Les personnes aînées vivant dans des logements sociaux sont moins susceptibles de participer à des programmes d’activité physique que les personnes plus jeunes et privilégiées sur le plan socio-économique. Les personnes aînées constituent un groupe de la population qui cumule plusieurs caractéristiques associées à l’inactivité physique (p. ex. le fait d’être plus âgé, d’avoir des revenus et un niveau d’éducation inférieurs et de présenter plus de problèmes de santé).

L’approche par les capacités, une approche centrée sur les ressources dont disposent les personnes et sur leur capacité à les mobiliser, est une voie prometteuse pour renforcer les efforts de promotion de la santé auprès de ce groupe. Elle mise en l’occurrence sur le développement de conditions propices à la réalisation de choix favorables à la santé.

Objectif

L’étude montréalaise avait pour but d’explorer les capacités des locataires aînés de logements sociaux à être physiquement actifs dans leur environnement résidentiel. Une approche axée sur les capacités a été adoptée.

Ce qu’on y apprend

Les résultats reposent sur vingt-six entretiens individuels semi-dirigés réalisés en marchant avec les participants (60-93 ans), dans trois quartiers de la ville de Montréal. Les capacités ayant un impact déterminant sur l’adoption d’un mode de vie actif ont été regroupées en cinq catégories, illustrées ci-après de manière non exhaustive :

  • Les capacités politiques : pouvoir de décision concernant l’aménagement et la propreté dans l’immeuble, pouvoir d’agir sur l’environnement résidentiel environnant (p. ex. qualité des trottoirs). 
  • Les capacités financières : moyens d’assurer les coûts associés à une activité physique, incluant l’achat de vêtements adaptés.
  • Les capacités sociales : opportunités découlant de l’état des relations entre les résidents et dans la communauté.
  • Les capacités physiques : aisance à s’adonner à des activités physiques (p. ex. en dépit de maladies et d’incapacités).
  • Les capacités psychologiques : motivation à être actif dans un contexte d’épuisement émotionnel ou de situations difficiles (p. ex. punaises de lit).

Les propos recueillis suggèrent, entre autres, un risque accru d’inactivité physique en présence d’une détresse déterminée par des conditions de vie défavorables, chez un groupe ayant peu de capacités politiques, financières et sociales.

En plus des mesures rapportées par les participants (p. ex. tarifs réduits des transports publics, navettes à bas prix), des pistes de solutions sont proposées par les auteurs pour favoriser l’adoption d’un mode de vie actif chez ce groupe. Citons notamment l’introduction d’interventions psychosociales au sein des immeubles, la création de partenariats de même que la mise en œuvre d’actions concertées mobilisant les acteurs du milieu (p. ex. comités de locataires, autorités chargées du logement social, organisations communautaires) dans la promotion de l’activité physique et le développement d’environnements favorables à l’adoption d’un mode de vie actif.

Commentaires du rédacteur

Les résultats de cette étude offrent une illustration intéressante de l’utilisation du modèle socio-écologique, selon lequel l’activité physique d’une personne varie en fonction de plusieurs facteurs qui interagissent entre eux. Par exemple, la recherche a permis de réaliser l’importance que certains partenaires soient sensibilisés, mobilisés et concertés, de manière à pouvoir promouvoir des conditions de vie et des environnements favorables à l’activité physique.

Saint-Onge, K., P. Bernard, C. Kingsbury et J. Houle (2021). « Older Public Housing Tenants’ Capabilities for Physical Activity Described Using Walk-Along Interviews in Montreal, Canada », International Journal of Environmental Research and Public Health, vol. 18, n° 21, p. 11647.

Un aperçu d’ensemble des revues systématiques quant à l’efficacité des interventions visant les comportements sédentaires

Contexte

Le nombre d’heures passées à adopter des comportements sédentaires a augmenté dans le monde entier au cours des dernières décennies, tant chez les adultes, les adolescents, les enfants que chez les personnes aînées. Les connaissances scientifiques actuelles suggèrent que les comportements sédentaires augmentent le risque de développer des maladies chroniques. Dans une perspective de santé publique, la réduction des comportements sédentaires peut contribuer, du moins en partie, à la prévention de plusieurs problèmes de santé.

Objectif

L’objectif de cette « revue des revues » (umbrella review) est de synthétiser les connaissances scientifiques concernant l’efficacité de différents types d’interventions visant à réduire les comportements sédentaires.

Ce qu’on y apprend

Les auteurs ont repéré 40 revues systématiques survolant au total 169 études originales différentes. La majorité des revues des écrits portaient sur les enfants/adolescents ou les adultes. Seules deux revues concernaient les personnes aînées. Les types d’interventions étudiés étaient : comportementales (39,6 %), environnementales, ciblant l’environnement physique (16 %) ou social (7,1 %) et multicomposantes (combinant deux types d’interventions ou plus) (43,2 %). Les auteurs ont formulé trois constats :

  • Les interventions sur l’environnement bâti sont celles qui sont les plus efficaces, dans une majorité de populations, pour diminuer les comportements sédentaires, excluant ceux associés à des activités de loisirs.
  • Les interventions comportementales sont efficaces pour agir sur les comportements sédentaires de loisirs chez les adultes, les travailleurs et les personnes aînées.
  • Pour les enfants d’âge scolaire, un amalgame d’interventions sur l’environnement bâti (p. ex. bureaux de travail actifs) et l’environnement social (p. ex. parents et professeurs) est l’approche la plus favorable pour la diminution des comportements sédentaires.

Commentaires du rédacteur

La sédentarité est désormais établie comme un facteur de risque pour la santé, indépendamment de la pratique d’activité physique. Au Québec, près du tiers de la population est considérée sédentaire. Cet article, en s’appuyant sur plus de 40 revues systématiques, permet d’avoir une vue d’ensemble des types d’interventions pertinentes et potentiellement efficaces selon les populations et les contextes. Il favorise donc une réflexion pour le développement des prochaines interventions.

Toutefois, ces résultats sont à utiliser avec prudence. En effet, 53 % des articles utilisent des méthodologies qui ont été évaluées par les auteurs comme étant faibles ou critiquement faibles. De plus, le peu d’études sur les personnes aînées est à souligner. Ces résultats appellent donc à poursuivre les études avec d’autres méthodes de recherche et sur des populations variées.

Lam K, Baurecht H, Pahmeier K, Niemann A, Romberg C, Biermann-Stallwitz J, Neusser S, Wasem J, Mugler N, Welker C, Leitzmann M, Jochem C. (2022). How effective and how expensive are interventions to reduce sedentary behavior? An umbrella review and meta-analysis. Obesity Reviews. 23(5):e13422.

Environnement alimentaire

Les banques alimentaires : la qualité nutritionnelle des paniers alimentaires et leur efficacité à réduire l’insécurité alimentaire

Contexte

Avec la prévalence d’insécurité alimentaire qui s’est accrue, notamment depuis le début de la pandémie de COVID-19, la fréquentation des banques alimentaires a aussi augmenté. Il est donc opportun de s’interroger sur la qualité nutritionnelle des aliments qui y sont offerts, d’une part, et de leur capacité à réduire l’insécurité alimentaire chez les usagers, d’autre part.

Objectif

Cette revue systématique à méthode mixte combine les résultats de 11 études quantitatives et de 10 études qualitatives, menées dans des pays à revenus élevés et publiées de 2015 à 2021. Elle vise à étudier la conformité des paniers alimentaires aux recommandations nutritionnelles nationales pour les adultes et à déterminer si le recours aux banques alimentaires permet de réduire l’insécurité alimentaire et d’améliorer les apports alimentaires des usagers.

Ce qu’on y apprend

Les résultats de cette revue à méthode mixte indiquent que la qualité nutritionnelle des paniers offerts dans les banques alimentaires varie selon les études. De façon générale, les paniers ne fournissent pas suffisamment de fruits et légumes, de fer et de calcium et fournissent une quantité trop importante de sucre et de sodium, entre autres.

La synthèse a également suggéré que la fréquentation d’une banque alimentaire diminuait l’insécurité alimentaire après six mois de fréquentation et améliorait la qualité des apports nutritionnels. Toutefois, les résultats révèlent que la prévalence d’insécurité alimentaire chez les usagers demeure plus élevée que dans la population générale et que la qualité de leur alimentation demeure malgré tout insuffisante.

D’ailleurs, selon les résultats, les paniers qui proviennent surtout de dons offrent généralement des options limitées d’aliments. Aussi, les quantités offertes sont parfois insuffisantes pour préparer des repas ainsi que pour les grandes familles. De plus, les paniers ne sont pas toujours culturellement appropriés et, selon plusieurs études, certains des aliments offerts sont périmés.

Des interventions visant à améliorer la qualité nutritionnelle et la variété des aliments offerts pourraient permettre d’améliorer l’alimentation des usagers (p. ex : à l’aide de politiques nutritionnelles ou d’une liste de dons acceptés, ou en établissant des partenariats avec des fournisseurs de produits frais).

Commentaires du rédacteur

La méthode mixte utilisée pour cette revue de littérature est intéressante puisqu’elle combine les résultats quantitatifs d’études transversales et d’interventions dans des banques alimentaires, en plus des résultats qualitatifs issus d’entretiens avec les usagers, qui sont les plus à même de témoigner de leur expérience.

Dans un autre ordre d’idées, tel que les auteurs de la revue le rappellent en guise de recommandation et de conclusion, les banques alimentaires jouent un rôle limité dans la réduction de l’insécurité alimentaire; des actions agissant sur les déterminants structurels de l’insécurité alimentaire sont de mise pour lutter contre ses causes et pour réduire les iniquités en alimentation.

Oldroyd, L., F. Eskandari, C. Pratt et A. A. Lake (2022). « The nutritional quality of food parcels provided by food banks and the effectiveness of food banks at reducing food insecurity in developed countries: a mixed‐method systematic review », Journal of Human Nutrition and Dietetics.

Stratégies pour améliorer la qualité nutritionnelle des aliments offerts dans les banques alimentaires

Contexte

Les banques alimentaires représentent un acteur-clé du système d’aide alimentaire. Des efforts sont déployés pour améliorer la qualité nutritionnelle des aliments offerts notamment en adoptant une politique nutritionnelle ou en mettant en place un système de profilage nutritionnel, c’est-à-dire le classement des aliments en fonction de leur composition nutritionnelle. Toutefois, il existe peu de données quant à l’utilisation et l’impact de ces stratégies.

Objectif

Cette étude primaire, réalisée aux États-Unis, évalue la prévalence et l’impact d’une politique nutritionnelle ou d’un système de profilage nutritionnel sur la qualité nutritionnelle des aliments offerts parmi un échantillon de banques alimentaires. Des données recueillies dans le cadre de l’enquête MAZON National Food Bank Survey Assessment of Nutrition Practices and Policies en 2017 ont été utilisées en combinaison avec d’autres données accessibles au public. Des entrevues semi-structurées ont également été réalisées auprès de 10 personnes provenant de différentes parties prenantes (p. ex. milieu académique, organismes communautaires).

Ce qu’on y apprend

Parmi les banques alimentaires ayant répondu à l’enquête (n = 178), 56 % avaient une politique nutritionnelle formelle, tandis que 34 % en avaient une informelle, et 26 % avaient un système de profilage nutritionnel. En moyenne, 31 % de l’inventaire était composé d’aliments frais et 25 % était composé d’aliments de moins bonne valeur nutritive. Les aliments frais étaient évalués à partir de la prévalence de fruits et légumes frais en réserve, alors que les aliments de moins bonne valeur nutritive l’étaient en combinant la prévalence de boissons gazeuses, d’autres boissons sucrées, de collations et desserts sucrés, de collations salées et de bonbons.

L’adoption d’une seule des deux stratégies évaluées ou même des deux n’était pas significativement associée à la quantité d’aliments frais en réserve. Toutefois, l’adoption d’un système de profilage nutritionnel avec une politique alimentaire (informelle ou formelle) était significativement associée aux quantités d’aliments de moins bonne valeur nutritive.

Les personnes interrogées ont souligné un changement de paradigme, c’est-à-dire que l’intérêt collectif a poussé le secteur caritatif à revoir les anciens principes qui mettaient l’accent sur le droit à la nourriture pour s’orienter vers le droit à des aliments sains. Malgré la réalisation de progrès, plusieurs défis ont été décelés, notamment les coûts pour l’achat et l’entreposage des aliments frais, le besoin d’une meilleure coordination des acteurs et la dépendance envers les donateurs.

Les résultats soulignent les progrès réalisés par les banques alimentaires. Les auteurs suggèrent une évaluation économique des coûts associés au traitement des dons d’aliments non désirés, afin de contribuer à la décision d’accepter ou de refuser les dons d’aliments indésirables.

Commentaires du rédacteur

Cette étude comporte plusieurs limites notamment que les résultats ne peuvent être interprétés comme des liens de cause à effet, et ils sont sujets à des biais de rappel et de désirabilité sociale. Néanmoins, les résultats sont pertinents pour guider les banques alimentaires afin d’améliorer la qualité nutritionnelle des aliments offerts dans le contexte où cet enjeu a été soulevé par plusieurs intervenants au Québec.

Roth, S. E., M. Feldman, M. B. Schwartz et M. L. Prelip (2022). « A Mixed-methods Study of Nutrition-focused Food Banking in the United States », Journal of Hunger & Environmental Nutrition, vol. 0, n° 0, p. 1‑20.

Des politiques pour contrôler la publicité d’aliments malsains dans l’espace public

Contexte

La publicité sur les aliments malsains est omniprésente dans l’espace public. Elle pourrait influencer nos choix alimentaires, particulièrement ceux des jeunes. Elle se retrouve entre autres dans les lieux et services publics tels que les édifices gouvernementaux, les transports en commun ou les stades sportifs. Certaines juridictions ont mis en place des politiques pour contrôler ce marketing.

Objectif

Cet examen de la portée (scoping review) de la littérature scientifique et grise visait à (1) décrire les impacts potentiels sur la santé et l’économie de la mise en œuvre de politiques gouvernementales restreignant la publicité des aliments malsains dans les espaces extérieurs ou sur les biens publics; (2) préciser et décrire les politiques existantes; et (3) établir les facteurs perçus comme ayant influencé la mise en œuvre des politiques.

Ce qu’on y apprend

La mise en œuvre de politiques sur la publicité alimentaire dans les espaces extérieurs et sur les biens publics est possible et justifiée puisque neuf politiques existantes ont été précisées. Ces dernières restreignaient la publicité d’aliments malsains dans les transports en commun, dans les édifices du ministère de la Santé, et comme au Québec, sur l’extérieur des édifices d’enseignement. Plusieurs facteurs facilitants et obstacles à l’implantation de ces politiques sont exposés dans l’article tels que la volonté politique, la concertation des acteurs concernés ou l’existence de cadre législatif. Cependant, cette synthèse narrative rapporte n’avoir recensé aucune étude sur les impacts potentiels sanitaires ou économiques des politiques mises en œuvre.

Enfin, elle note que la publicité d’aliments malsains est répandue autour des écoles et dans les transports en commun. Les résultats des études sur sa présence selon la défavorisation des quartiers demeurent toutefois contradictoires. L’impact de ces mesures, l’ampleur du phénomène, ainsi que sa variation selon les conditions socioéconomiques doivent être davantage explorés.

Commentaires du rédacteur

Un cadre législatif existe déjà au Québec pour limiter la publicité aux enfants. Ceci est établi comme un élément favorable à la mise en place de restriction du marketing d’aliments malsains dans d’autres lieux publics. Comme les institutions publiques ont un impératif d’exemplarité en matière d’offre alimentaire, il y a lieu de s'interroger si la même logique pourrait s’appliquer à la publicité alimentaire.

Chung, A., C. Zorbas, D. Riesenberg, A. Sartori, K. Kennington, J. Ananthapavan et K. Backholer (2022). « Policies to restrict unhealthy food and beverage advertising in outdoor spaces and on publicly owned assets: A scoping review of the literature », Obesity Reviews, 23(2):e13386.

Environnement bâti

L’environnement bâti, toujours un déterminant de l’obésité infantile

Contexte

Au Canada, en 40 ans, la proportion de jeunes considérés comme en embonpoint ou obèse a presque doublé. En 1978-1979, environ 23 % des enfants étaient considéré en embonpoint ou étaient obèse. Cette proportion s’approchait de 31 % en 2012-2013. L’obésité infantile persiste souvent à l’âge adulte, avec des conséquences importantes pour la santé, c’est pourquoi il s’avère important d’agir préventivement notamment en modifiant les environnements afin de les rendre favorables à la santé.

Objectif

L’objectif de cette revue systématique est d’évaluer à partir de données épidémiologiques les liens entre les caractéristiques de l’environnement bâti (bruit environnemental, pollution de l’air, accessibilité aux parcs et espaces verts, densité des intersections et potentiel piétonnier) et l’obésité infantile chez les jeunes de moins de 18 ans.

Ce qu’on y apprend

Les études recensées étaient généralement de haute qualité méthodologique, utilisant des mesures objectives de l’environnement bâti et d’obésité chez les jeunes et ajustant pour les facteurs de confusion (p. ex. âge, sexe, éducation de la mère). Cependant, certaines études avaient des échantillons de petite taille. Dans l’ensemble, 42 % des études ont utilisé des données longitudinales.

Les résultats ont démontré une association entre, d’une part, la pollution atmosphérique liée au trafic (exposition au dioxyde d’azote et aux oxydes d’azote) et les caractéristiques de l’environnement bâti (densité des intersections de rues et accès aux parcs et espaces verts) et, d’autre part, l’obésité infantile. Selon les auteurs, les mécanismes expliquant ces mesures d’associations restent toutefois difficiles à expliquer. Par exemple, certaines hypothèses sur le mécanisme impliqué dans l’exposition au dioxyde d’azote et aux oxydes d’azote à la fois pendant la grossesse et l’enfance ont été mises en évidence dans des publications précédentes. De plus, les routes à densité élevée de circulation constituent une source importante de pollution atmosphérique et leurs aménagements (p. ex. : nombre de voies, largeur) sont souvent peu propices à la marche ou au vélo.

Commentaires du rédacteur

Les conclusions doivent être interprétées avec prudence car il n’a pas été possible de réaliser une méta-analyse en raison de la grande hétérogénéité des résultats des études, ce qui aurait pu influencer la validité des conclusions. Toutefois, les auteurs ont utilisé des tests statistiques permettant d’évaluer et de quantifier la force des associations.

Au Québec, la future politique nationale d’architecture et d’aménagement du territoire confirmera l’importance d’un aménagement du territoire sain et sécuritaire. Les orientations qui seront proposées devront se traduire par des interventions favorables aux saines habitudes de vie en particulier chez les jeunes.

Malacarne, D., Handakas, E., Robinson, O., Pineda, E., Saez, M., Chatzi, L., & Fecht, D. (2022). The built environment as determinant of childhood obesity: A systematic literature review. Obesity Reviews, 23, e13385.

La sécurité des quartiers, facteur important dans le mode de vie actif des enfants

Contexte

Bouger est bénéfique pour la santé globale à tous les âges. Les directives canadiennes en matière de mouvement sur 24 heures recommandent que les enfants et les jeunes (de 5 à 17 ans) réalisent une activité physique d’intensité moyenne à élevée au moins 60 minutes par jour et qu’ils bougent plusieurs heures à intensité légère de manière structurée ou non (Canadian Society for Exercise Physiology, 2021).

Objectif

Cette revue systématique a pour objectif d’étudier les liens entre la sécurité perçue ou réelle d’un quartier et les comportements actifs des enfants (CAE) du primaire (5-12 ans). Les auteurs segmentent les CAE en trois : transport actif, jeu actif et entraînement/activité sportive.

Ce qu’on y apprend

Parmi les 29 études internationales recensées, la sécurité du quartier est mesurée de manière hétérogène : perception des parents ou des enfants de la sécurité du quartier, mesure objective de la sécurité et perception du danger des rues. La mesure des CAE a été majoritairement réalisée à l’aide de mesures subjectives (perception de CAE) et, dans quelques études, avec des mesures objectives (GPS, accéléromètres, podomètres, etc.).

Les chercheurs ont observé que les niveaux de CAE sont plus élevés chez les enfants de sexe et de genre masculin et que les niveaux de CAE augmentent avec l’âge. Ces deux relations étaient médiées par le jour de la semaine/fin de semaine, par l’heure de la journée et la distance parcourue par les enfants lors des transports actifs. Les données disponibles semblent également indiquer que la possession d’une automobile par les parents est liée négativement aux CAE. Les liens entre les CAE et l’ethnie et le niveau socioéconomique variaient d’une étude à l’autre, empêchant d’établir un constat.

La perception élevée de sécurité par les parents est liée positivement aux CAE, et ce, surtout pour le transport actif. Aussi, il semble que les inquiétudes parentales concernant la sécurité de la route à emprunter par l’enfant réduisent les CAE.

À la lumière des résultats de cette revue, les chercheurs estiment que des iniquités sont présentes pour les enfants résidant dans des quartiers moins sécuritaires, ou perçus comme tels, puisqu’ils vivent dans des conditions moins favorables aux CAE. Comme la perception de la sécurité du quartier par les parents influence les CAE, il est nécessaire, selon les chercheurs, d’en tenir compte lors de projets d’aménagement ou de réaménagement. Aussi, ils indiquent qu’il sera important de tenir compte des effets du sexe et du genre dans le développement de stratégies visant à augmenter les CAE.

Commentaires du rédacteur

Tout comme les chercheurs, nous estimons que la sécurité des quartiers semble être un élément important à considérer lors de la transformation des environnements bâtis pour soutenir le mode de vie actif.

Canadian Society for Exercise Physiology. (2021). Enfants et jeunes 5 à 17 ans – Directives en matière de mouvement sur 24 heures.
Zougheibe, R., Jepson, B., Norman, R., Gudes, O., & Dewan, A. (2021). Is there a correlation between children’s outdoor active mobility behaviour and neighbourhood safety? A systematic review of the evidence. BMJ Open, 11(7), e047062.

Équipe Saine alimentation et mode de vie actif

Pour des questions ou des commentaires concernant cette veille scientifique, veuillez contacter Julie Maltais-Giguère à [email protected]

Les numéros précédents sont disponibles sur le site de l’INSPQ à l’adresse suivante : https://www.inspq.qc.ca/saine-alimentation-mode-vie-actif/veille-scientifique

Cette veille est réalisée grâce à la participation financière du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec (MSSS)


Rédacteurs

Amélie Bergeron
Maryse Caron
Gabrielle Durette 
Annie Gauthier
Julie Maltais-Giguère

Marie-Claude Paquette
Éric Robitaille

Équipe Saine alimentation et mode de vie actif
Unité Milieux de vie inclusifs, sains et sécuritaires
Direction du développement des individus et des communautés

Sous la supervision de Caroline Delisle
Unité Milieux de vie inclusifs, sains et sécuritaires
Direction du développement des individus et des communautés

Révision linguistique : Marie-Cloé Lépine
Direction du développement des individus et des communautés

L’inclusion des articles présentés dans ce bulletin de veille ne signifie pas leur endossement par l’Institut. Le jugement professionnel demeure essentiel pour évaluer la valeur de ces articles pour votre pratique. Cette veille a été réalisée grâce à la participation financière du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec (MSSS).