Réseau sentinelle de surveillance de l’infection gonococcique, de l’antibiorésistance et des échecs de traitement au Québec : Résultats du 1er septembre 2015 au 31 décembre 2019

L’augmentation constante de la résistance de Neisseria gonorrhoeae aux antibiotiques est une préoccupation mondiale. Les cultures s’avèrent un outil indispensable pour le suivi de la résistance. En 2014, après avoir constaté une diminution du recours à la culture, une réflexion a eu lieu à propos de la mise en place d’un Réseau sentinelle de surveillance. Une meilleure connaissance des caractéristiques épidémiologiques des cas infectés par des souches sensibles ou résistantes apparaissait nécessaire. Les données recueillies par le Réseau sentinelle de surveillance de l’infection gonococcique, de l’antibiorésistance et des échecs de traitement au Québec de septembre 2015 à décembre 2019 permettent de dégager les messages suivants :

  • La proportion d’épisodes pour lesquels au moins un prélèvement pour culture a été effectué a diminué significativement, de 68 % en 2015-2017 à 61 % en 2018-2019. Promouvoir la détection par culture lorsqu’indiqué doit demeurer une priorité.
  • La résistance à l’azithromycine touche particulièrement, mais pas exclusivement, des personnes rapportant des antécédents d’infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) et les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HARSAH).
  • Des concentrations minimales inhibitrices (CMI) élevées pour la céfixime et la ceftriaxone sont associées à un nombre élevé de partenaires sexuels et au fait d’être HARSAH.
  • Plus de 85 % des traitements prescrits en première intention par les cliniciens et cliniciennes suivaient les recommandations en vigueur.
  • Une hausse de tests de contrôle a été observée, de 56 % en 2015-2017 à 62 % en 2018-2019.
  • Dix-huit échecs de traitement ont été documentés. Un seul cas présentait une résistance à l’un des antibiotiques utilisés pour le traitement. Parmi les autres causes potentielles fréquemment observées, mentionnons notamment l’infection pharyngée ainsi que le traitement non optimal pour ce site anatomique.
  • La promotion de l’adhésion de la personne au traitement, au respect de la période d’abstinence post-traitement, au rendez-vous de suivi pour test de contrôle et à l’usage adéquat du condom est importante pour réduire la transmission des souches résistantes aux antibiotiques.
  • Les souches non sensibles à la ceftriaxone, en particulier, représentent une menace à la santé, car la ceftriaxone est la dernière option de traitement efficace dans certaines situations comme l’atteinte inflammatoire pelvienne et l’infection pharyngée.

Les résultats du Réseau sentinelle contribuent à l’ajustement des recommandations faites au niveau national, pour le Guide québécois de dépistage des ITSS du MSSS et les guides d’usage optimal (GUO) ou guides de traitements pharmacologiques des ITSS de l’Institut d’excellence en santé et services sociaux (INESSS).