L’usage de la cigarette au Québec : portrait et évolution de 2000 à 2018 selon les cohortes de naissances

Lire le document

Du fait de ses nombreux effets délétères, l’usage du tabac constitue un problème de santé publique majeur au Québec. De nombreuses actions ont été menées au Québec dans les dernières décennies afin de prévenir l’initiation au tabagisme, diminuer l’exposition à la fumée de tabac et favoriser le renoncement au tabac. Parmi les types de mesures, on compte des campagnes médiatiques, des services de soutien au renoncement et des mesures législatives encadrant la vente et l’usage des produits du tabac. Au tout début des années 2000, la prévalence d’usage de la cigarette dans l’ensemble de la population du Québec âgée de 12 ans et plus était significativement plus élevée comparativement à une vingtaine d’années plus tard. Il n’est toutefois pas bien établi si cette réduction de prévalence est observée pour chaque cohorte de naissances, ou si elle est plutôt le fait de certaines cohortes.

L’étude présentée dans ce document analyse les données de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC) recueillies auprès des Québécois âgés de 12 à 35 ans de 2000‑2001 à 2017-2018. Ce groupe a été ciblé par plusieurs interventions de lutte contre le tabagisme depuis les années 2000 et est identifié comme une cible prioritaire dans la Stratégie pour un Québec sans tabac 2020-2025. L’étude vise à faire le portrait de l’usage actuel (quotidien ou occasionnel) de la cigarette au cours des décennies 2000 et 2010 chez les adolescents et les jeunes adultes, en fonction de l’âge, de la période et de la cohorte de naissances. L’analyse des données a permis de dégager des effets d’âge, de période et de cohorte en matière d’usage de la cigarette chez les Québécois de 12 à 35 ans :

Un effet d’âge très net est observé en ce qui concerne l’usage de la cigarette au Québec, soit une augmentation marquée à partir de l’adolescence et un sommet atteint près de la mi-vingtaine. Les analyses portant sur l’effet global de l’âge ont permis de constater des augmentations très importantes entre 12-13 ans et 18-19 ans suivies de hausses plus légères jusqu’à 22-23 ans, où un plateau est atteint et se maintient jusqu’à 26-27 ans avant de redescendre progressivement.
Un effet de période est également constaté, soit une baisse progressive de l’usage de la cigarette entre 2000 et 2018 pour tous les groupes d’âge considérés. Notons toutefois que de plus fortes diminutions du tabagisme ont été enregistrées chez les 14 à 21 ans que chez les 22 à 35 ans.
Deux effets de cohorte distincts sont identifiés chez les Québécois de 12 à 35 ans, soit un effet à la hausse pour les cohortes nées en 1986-1987 ou 1988-1989, soit les personnes dans la mi-trentaine en 2022, et un effet à la baisse pour les cohortes nées en 1996-1997, 1998‑1999 ou 2000-2001, soit les personnes âgées de 21 à 26 ans en 2022.

Les données utilisées ne permettent pas d’imputer aux mesures de lutte contre le tabagisme d’effet causal ou associatif sur l’évolution de la prévalence du tabagisme chez les adolescents et les jeunes adultes québécois. Néanmoins, il est à considérer que les personnes nées dans les années 1990 ont vécu leur adolescence dans un environnement où de nombreuses mesures législatives visant à mettre en place des environnements favorables au non-usage du tabac, à réduire la visibilité des produits du tabac et à bannir la vente de produits du tabac aromatisés étaient en vigueur. Les résultats suggèrent par ailleurs que les interventions visant à favoriser le renoncement au tabac au Québec gagneraient à cibler plus spécifiquement les fumeurs nés à la fin des années 1980, donc dans la trentaine en 2022, et en particulier les femmes de cette tranche d’âge, qui apparaissent présenter un excès de prévalence d’usage de la cigarette par rapport aux femmes plus âgées.