Impact des comorbidités sur les risques de décès et d’hospitalisation chez les cas confirmés de la COVID-19 durant les premiers mois de la pandémie au Québec
Durant les premiers mois de la pandémie le virus SRAS-CoV-2 a infecté plus de 50 000 Québécois, nécessitant l’admission en centre hospitalier de plus de 6 000 d’entre eux et entraînant le décès de plus de 5 000 personnes. L’identification des facteurs de risque associés à une sévérité accrue de la COVID-19 a rapidement été l’une des priorités de recherche dans les pays touchés par la pandémie. La présence de conditions médicales préexistantes chez les cas de la COVID-19 a rapidement été identifiée comme un facteur de risque de complications pouvant mener au décès (Guan et al., 2020; Reilev et al., 2020; Williamson et al., 2020). Rapidement, l’équipe de vigie et de surveillance de la COVID-19 de l’Institut national de santé publique du Québec a réussi à documenter les conditions médicales préexistantes pour l’ensemble des cas confirmés de la COVID-19 par laboratoire ou par lien épidémiologique au Québec.
Plusieurs études menées principalement en Asie ont identifié que de nombreuses maladies chroniques dont l’hypertension, les troubles respiratoires, les maladies cardiovasculaires et les maladies auto-immunes semblaient associées au risque de décès ou d’hospitalisation chez les personnes atteintes de la COVID-19 (Guan, 2020; Liang, 2020; Reilev, 2020; Sun, 2020; Williamson, 2020; Zeng, 2020). Actuellement, aucune étude évaluant l’impact des conditions préexistantes n’a été effectuée au Québec.
L’étude des comorbidités associées au décès ou à l’hospitalisation chez les cas de la COVID-19 du Québec permettra d’identifier des sous-groupes de la population où l’application des mesures de prévention ou de contrôle des infections (incluant la vaccination) serait plus bénéfique pour limiter le fardeau et les complications liées à la COVID-19.
Objectif
Ce rapport vise à quantifier l’effet des comorbidités sur le risque de décès chez les cas confirmés de la COVID-19. Spécifiquement, il a pour objectifs : 1) d’identifier les comorbidités associées au risque de décès; 2) d’évaluer l’impact du cumul de comorbidités sur le risque de décès selon le milieu de vie et l’âge. En analyse secondaire, nous nous sommes intéressés à l’impact des comorbidités sur le risque d’hospitalisation.
Faits saillants
- Parmi les cas confirmés de la COVID-19 de février à juillet 2020, près de 55 % avaient au moins une condition médicale préexistante, alors que ce pourcentage est de 40 % dans la population générale.
- Chez les cas décédés, il y avait une condition médicale préexistante dans 97 % des cas. Parmi les cas hospitalisés, 87 % avaient une condition médicale préexistante.
- Quatorze comorbidités ont été identifiées comme ayant un impact sur le risque de décès et 17 sur le risque d’hospitalisation. Les comorbidités les plus prévalentes incluent : les maladies cardiovasculaires, les maladies respiratoires, le diabète et l’anémie.
- Le cumul de comorbidités a un impact sur le risque de décès et d’hospitalisation chez les cas confirmés de la COVID‑19.
- L’impact du cumul des comorbidités varie selon l’âge et le milieu de vie.
- Chez un cas confirmé de la COVID-19 âgé de moins de 60 ans, vivant à domicile et ayant une seule comorbidité, le risque de décès est 5 fois plus élevé que pour un cas sans comorbidité d’âge identique. L’excès de risque diminue avec l’âge.
- Le cumul de comorbidités a un impact faible sur le décès chez les individus de 80 ans et plus résidant en CHSLD ou en résidence privée pour aînés (RPA).