COVID-19 : Eau potable

Questions-réponses

Ce document fait état des connaissances actuelles sur le risque de transmission de la COVID-19 par l’eau potable. La COVID-19 est une infection causée par un virus appelé SRAS-CoV-2 qui fait partie de la famille des coronavirus. Les informations présentées dans cette fiche sont basées sur une revue narrative de la littérature grise et scientifique. Les éléments surlignés en jaune désignent les mises à jour majeures à la date indiquée, sur la base de la littérature scientifique publiée du 1er septembre 2020 au 30 avril 2021. Quant aux informations portant sur la méthodologie relative à l’élaboration de ce document, elles se trouvent à l’annexe 1.

Sommaire

Les mesures existantes de protection des réseaux d’aqueduc et des puits individuels sont considérées comme suffisantes pour éviter la transmission de la COVID-19 par l’eau potable. De plus, le SRAS-CoV-2 n’a pas été détecté dans l’eau potable et il n’existe aucune preuve jusqu’à maintenant qu’il peut être transmis par l’eau potable. Cependant, le risque infectieux relié à d’autres microorganismes pathogènes d’origine hydrique est toujours présent, d’où l’importance de suivre toutes les recommandations relatives à la protection des sources, à la désinfection ainsi qu’au suivi réglementaire visant à assurer la qualité de l’eau potable.


Quels sont les risques de transmission de la COVID-19 par l’eau potable distribuée par les réseaux municipaux?

Le risque de transmission du virus SRAS-CoV-2 par l’eau potable est considéré comme faible (Organisation mondiale de la Santé [OMS], 2020). En effet, selon la revue réalisée par La Rosa et al. (2020), aucun cas de transmission d’origine hydrique de coronavirus n’a été répertorié chez l’humain. Quelques études ont rapporté la présence du matériel génétique (ARN) du SRAS-CoV-2 dans l’eau de rivières possiblement contaminées par des rejets d’eaux usées non traitées ou traitées inefficacement (Rimoldi et al., 2020; Guerrero-Latorre et al., 2020). Cependant, les données sont à ce jour encore limitées quant au potentiel infectieux du virus dans les eaux de surface (Rimoldi et al., 2020). Ainsi, il n’y a actuellement aucune preuve laissant croire à un risque de transmission de la COVID-19 par l’eau potable (Centers for Disease Control and Prevention [CDC], 2021; Global Water Research Coalition [GWRC], 2020; OMS, 2020).

Les coronavirus sont des virus enveloppés typiquement très sensibles aux effets des oxydants, p. ex. le chlore (La Rosa et al., 2020; OMS, 2020; Waterra, 2020), couramment utilisés dans les procédés de traitement des usines d’eau potable au Québec. Dans une étude expérimentale effectuée avec des eaux usées, un coronavirus apparenté au SRAS-CoV-2 montrait une plus grande sensibilité au chlore qu’Escherichia coli (Wang, Li, et al., 2005). Ainsi, il est attendu que les méthodes conventionnelles de traitement utilisées dans les systèmes de distribution d’eau, telles la filtration et la désinfection, soient en mesure d’inactiver le SRAS-CoV-2 (CDC, 2021; La Rosa et al., 2020; OMS, 2020).

Au Québec, certains réseaux municipaux loin des grands centres distribuent de l’eau souterraine qui n’est pas toujours désinfectée. Il convient de rappeler que le Règlement sur la qualité de l’eau potable (RQEP) exige la démonstration que ces eaux proviennent de sources protégées d’un risque de contamination. Il exige également que la qualité microbiologique de l’eau distribuée soit analysée régulièrement. Les consommateurs peuvent donc boire ou utiliser l’eau des réseaux municipaux qui respectent les exigences du RQEP avec confiance.

Recommandations pour la remise en service des réseaux d'eau après une période d'inoccupation prolongée d'un bâtiment

Plusieurs activités économiques ont dû être temporairement interrompues en raison de la pandémie de COVID-19, entraînant l’inoccupation de plusieurs bâtiments pendant une longue période. Après une période d’inoccupation prolongée, la qualité de l’eau d’un bâtiment peut se dégrader, puisque de l’eau stagnante y est demeurée longtemps. Ces conditions peuvent augmenter le risque de problèmes de corrosion, accroître les concentrations de plomb et de cuivre dans l’eau potable et contribuer à la croissance de certaines bactéries telles que Legionella pneumophila (CDC, 2020). Pour connaître les recommandations sur la remise en service des réseaux d’eau, consultez la page Web Réouverture des bâtiments – Recommandations pour la remise en service de l’eau de la Régie du bâtiment du Québec.


Quels sont les risques de transmission de la COVID-19 par l’eau potable provenant d’un puits individuel?

À priori, comme mentionné précédemment, aucun coronavirus humain n’a été détecté jusqu’à maintenant dans les eaux de surface et les eaux souterraines (La Rosa et al., 2020). Un puits bien aménagé et situé à une distance réglementaire des sources éventuelles de contamination, telles des fosses septiques, n’est pas à risque de contamination par le virus SRAS-CoV-2. Les recommandations habituelles du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques aux propriétaires de puits, se trouvant sur la page Web La qualité de l’eau de mon puits, doivent continuer d’être appliquées.

Les propriétaires de puits individuels sont d’ailleurs invités à consulter cette page Web afin de s’assurer qu’ils connaissent bien et appliquent de façon appropriée ces recommandations. Des analyses régulières de la qualité microbiologique de l’eau (Escherichia coli, entérocoques, coliformes totaux) par un laboratoire agréé sont également recommandées (voir la page Web La qualité de l’eau de mon puits).

Il faut rappeler que, lorsqu’un propriétaire soupçonne l’infiltration de matières fécales dans son puits (provenant par exemple d’une fosse septique, d’animaux domestiques, du lisier, du fumier), des microorganismes pathogènes et des bactéries indicatrices de la présence de matières fécales (p. ex. E. coli) sont susceptibles d’être présents. Il doit alors faire bouillir l’eau de son puits au moins une minute à gros bouillon avant de la consommer ou utiliser une autre source d’eau dont la qualité aura été vérifiée. Il est recommandé de consulter la page Web La qualité de l’eau de mon puits pour en savoir plus sur les autres mesures à prendre lorsqu’une contamination d’origine fécale est soupçonnée dans l’eau d’un puits.


Qu’en est-il de la transmission fécale-orale de la COVID-19?

À ce jour, aucun cas de transmission du virus SRAS-CoV-2 par la voie fécale-orale n’a été rapporté (Amirian, 2020; La Rosa et al., 2020; CDC, 2021; Waterra, 2020). Le virus causant la COVID-19 a cependant été détecté dans les selles de personnes infectées (CDC, 2021; OMS, 2020; Parasa et al., 2020). Cette excrétion fécale persisterait d’ailleurs plusieurs jours (Kitajima et al., 2020; Parasa et al., 2020) et, la plupart du temps, elle pourrait se poursuivre même lorsque les prélèvements respiratoires sont négatifs (van Doorn et al., 2020). La plupart des études ont surtout démontré la présence du virus dans les selles, sans toutefois évaluer le caractère cultivable des particules virales excrétées. Quelques auteurs rapportent avoir détecté des particules virales cultivables, ou des indices de leur viabilité, dans les selles de personnes infectées (Wang et al., 2020; Xiao et al., 2020; Zhang et al., 2020). Cependant, davantage d’études devront être menées pour confirmer ces observations et déterminer le réel risque infectieux relié aux selles. Conséquemment, le risque de transmission par les selles d’une personne infectée est jugé faible (CDC, 2021; OMS, 2020).

Références

Annexe 1

Méthodologie en bref – Liste de vérification
Avis scientifique intérimaire

Lorsque fondé sur une synthèse rapide des connaissances

Mise en garde méthodologique institutionnelle
Oui Non Si non, pourquoi?
  X  
1. Formulation explicite des questions de recherche couvertes ou des objectifs de la synthèse
Oui Non Si non, pourquoi?
X    
2. Stratégie de recherche documentaire (plus d’une réponse est possible)
a. Utilisation de la veille signalétique institutionnelle quotidienne COVID-19  
b. Utilisation d’une veille signalétique institutionnelle ciblée COVID-19 (p. ex. CHSLD) X
c. Utilisation de la veille signalétique institutionnelle sur la littérature grise Préciser le type de la veille signalétique (p. ex. COVID-19 générale ou prévention/promotion) pour a et b et la période d’examen couverte pour les trois. Veille signalétique santé environnementale, jusqu’au 31 mars 2021.
d. Établissement d’une stratégie de recherche documentaire spécifique (rétrospective) Préciser les mots-clés utilisés, les bases de données interrogées (minimalement deux), les dates de début et de fin de la période de repérage et enfin, la date à laquelle la recherche a été lancée (et relancée, le cas échéant). Indiquer l’ensemble des sources de littérature grise, le cas échéant, et les dates de la période de repérage.  
e. Autre, préciser (p. ex. technique boule de neige) Recherche de la littérature grise pour les positions des organismes reconnus.
3. Recours à des critères d’inclusion
Oui
Si oui, préciser ces critères utilisés.
Non
  X
4. Traitement des articles en prépublication
Mention de leur inclusion Repérage facilité dans le document Décision de les exclure
Les articles en prépublication ont été traités, mais ne sont pas identifiés comme tels dans le document    
5. Extraction des données
Inclusion de tableaux de preuve (évidences scientifiques)
Oui Non
  X
6. Appréciation de la qualité des articles (études) ou du niveau de preuve (ou d’appui) des évidences
Oui
Si oui, préciser la méthode, les critères ou l’instrument utilisé ainsi que les catégories de qualité ou d’appui.
Non
À noter que cette appréciation n’est pas essentielle pour ce type de réponse rapide.
  X
7. Modalités d’implication des experts en cours d’élaboration pour la formulation des recommandations (plus d’une réponse est possible)
a. consultation écrite sur une version préliminaire du document X
b. consultation lors d’une rencontre de travail avec présentation des grands constats/recommandations  
c. réunion d’établissement de consensus avec panel d’experts  
d. délibérations du Comité d’experts responsable de l’élaboration des recommandations  
e. autre, préciser.  
8. Usage de critères a priori pour l’élaboration des recommandations
Oui
Si oui, préciser ces critères (et l’instrument, le cas échéant).
Non
  X
9. Inclusion des forces et des limites du présent avis scientifique intérimaire
Oui Non
  X
10. Révision par les pairs (liste des noms des personnes et de leur provenance à la page de crédits pour b, c et d) (plus d’une réponse est possible)
a. par les membres du Comité d’experts concerné X
b. par des membres des autres cellules thématiques COVID-19 de l’INSPQ  
c. par des réviseurs autres de l’INSPQ n’ayant pas participé aux travaux  
d. par des réviseurs externes à l’Institut n’ayant pas participé aux travaux X
e. aucune révision par les pairs  
f. autre modalité apparentée, préciser  
COVID-19 : Eau potable
Auteur(-trice)s
Vicky Huppé
M. Sc., conseillère scientifique, Institut national de santé publique du Québec
Caroline Huot
M.D., M. Sc., FRCPC, médecin spécialiste, Direction de la santé environnementale et de la toxicologie
Sujet(s)
COVID-19
Date de publication