Sommaire des résultats d’antibiorésistance des souches de Neisseria gonorrhoeae au Québec : 2018

Sommaire des résultats d’antibiorésistance des souches de Neisseria gonorrhoeae au Québec : 2018

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Depuis 1988, le Laboratoire de santé publique du Québec, en collaboration avec le réseau des laboratoires du Québec et le Ministère de la Santé et des Services sociaux, maintient un programme de surveillance des infections gonococciques. L’analyse des données du programme permet d'établir un portrait de l’antibiorésistance chez les souches isolées au Québec avec une emphase sur les résultats obtenus au cours de l'année 2018, particulièrement en ce qui a trait aux données de sensibilité réduite aux céphalosporines de troisième génération (C3G) et de résistance à l’azithromycine. Les détails méthodologiques sont disponibles dans les rapports de surveillance antérieurs déposés sur le site web du LSPQ.

Résultats

Alors que trois souches non sensibles à la céfixime ont été identifiées en 2017, dont une aussi non sensible à la ceftriaxone (Lefebvre et al., 2018), aucune souche non sensible aux C3G n’a été identifiée en 2018 (Tableau 1).

Tableau 1 - Sommaire des antibiogrammes de N. gonorrhoeae au Québec en 2018 (n = 1836)

AntibiotiquesPourcentage*
SIR
Ceftriaxone100---0,0
Céfixime100---0,0
Azithromycine72,4---27,6
Ciprofloxacine26,00,473,6
Tétracycline11,269,519,3

S : sensible; I : intermédiaire; R : résistant
* Selon les critères du CLSI (M100-S28).

Tel que détaillé au tableau 2, une augmentation de la sensibilité réduite (SR) aux C3G a été observée il y a quelques années (céfixime 1,9 % en 2015; ceftriaxone 3,9 % en 2014). Les analyses des souches isolées en 2018 démontrent que six d’entre elles (0,3 %) présentent une sensibilité réduite (SR; 0,25 mg/L) à la céfixime (OMS, 2012). Une d’entre elle (0,1 %) présente également une SR à la ceftriaxone (0,12 mg/L).

La sensibilité à l’azithromycine (≤ 1 mg/L) a atteint un creux de 69 % en 2017; elle est de 72 % en 2018 (Figure 1). Une baisse de sensibilité à l’azithromycine est également observée au Canada (ASPC, 2019). Cet antibiotique n’est plus recommandé en monothérapie, mais est utilisé en association avec une C3G dans plusieurs situations (INESSS, 2018a; INESSS, 2018b).

Entre 2010 et 2015, la sensibilité à la ciprofloxacine a oscillé entre 52 % et 68 %. Bien que cet antibiotique ne fasse pas partie des schémas thérapeutiques recommandés au Québec depuis plus de 10 ans, une diminution de la sensibilité semble s’installer, avec un taux de 40 % en 2016, 32 % en 2017 et 26 % en 2018 (Tableau 3). Au Canada, une diminution de la sensibilité à  la ciprofloxacine est également observée atteignant environ 50 % en 2017 (ASPC, 2019).

Uniquement 11 % des souches sont sensibles à la tétracycline (70 % intermédiaires et 19 % résistantes).  Cet antibiotique est un indicateur de sensibilité à la doxycycline, utilisée en association avec une C3G dans certaines situations (INESSS, 2018a; INESSS, 2018b).

La gentamicine a fait son apparition dans les guides de traitement pharmacologique en 2018 (INESSS, 2018a; INESSS, 2018b). Selon les critères utilisés par le Laboratoire national de microbiologie (ASPC, 2019), 13 % des souches seraient sensibles à la gentamicine et 87 % seraient intermédiaires. En utilisant les critères du CLSI (2018) des entérobactéries, seulement 13 % des souches seraient sensibles à la gentamicine (77 % intermédiaires et 10 % résistantes).

Pour plus de détails, consulter les rapports de surveillance sur le site du LSPQ : https://www.inspq.qc.ca/lspq/rapports-de-surveillance.

 

 

Tableau 2 - Sensibilité réduite* aux C3G chez N. gonorrhoeae au Québec, 2010 – 2018
Années (Nombre de souches testées)2010
(n = 920)
2011
(n = 797)
2012
(n = 772)
2013
(n = 714)
2014
(n = 906)
2015
(n = 1031)
2016
(n = 1260)
2017
(n = 1478)
2018
(n = 1836)
Céfixime 0,25 mg/L2
(0,2 %)
6
(0,8 %)
4
(0,5 %)
3
(0,4 %)
2
(0,2 %)
20
(1,9 %)
3
(0,2 %)
14
(0,9 %)
6
(0,3 %)
Ceftriaxone 0,12 mg/L1
(0,1 %)
1
(0,1 %)
3
(0,4 %)
3
(0,4 %)
35
(3,9 %)
37
(3,6 %)
4
(0,3 %)
1
(0,1 %)
Ceftriaxone 0,25 mg/L000000000

n : nombre de souches testées; * Selon les critères recommandés par l’OMS (OMS, 2012).

 

Tableau 3 - Sensibilité* aux antibiotiques de N. gonorrhoeae au Québec, 2010 – 2018
Années (Nombre de souches testées)2010
(n = 920)
2011
(n = 797)
2012
(n = 772)
2013
(n = 714)
2014
(n = 906)
2015
(n = 1031)
2016
(n = 1260)
2017
(n = 1478)
2018
(n = 1836)
Azithromycine909
(98,8 %)
789
(99,0 %)
759
(98,3 %)
702
(98,3 %)
845
(93,3 %)
903
(87,6 %)
1009
(80,1 %)
1021
(69,1 %)
1330
(72,4 %)
Céfixime920
(100 %)
797
(100 %)
772
(100 %)
714
(100 %)
906
(100 %)
1029
(99,8 %)
1259
(99,9 %)
1475
(99,8 %)
1836
(100 %)
Ceftriaxone920
(100 %)
797
(100 %)
772
(100 %)
714
(100 %)
906
(100 %)
1031
(100 %)
1260
(100 %)
1477
(99,9 %)
1836
(100 %)
Ciprofloxacine622
(67,6 %)
516
(64,7 %)
402
(52,1 %)
431
(60,4 %)
571
(63,0 %)
551
(53,4 %)
503
(39,9 %)
474
(32,1 %)
477
(26,0 %)

n : nombre de souches testées; * Selon les critères du CLSI (M100-S28).

Conclusion

La surveillance de la sensibilité aux antibiotiques chez N. gonorrhoeae est primordiale. Elle doit être maintenue, particulièrement en présence d’une diminution importante du niveau de la sensibilité à l’azithromycine et de l’apparition de souches non sensibles aux C3G. Cette surveillance permet d’orienter les guides thérapeutiques et soutenir la pratique clinique.

Références