Veille scientifique : Amélioration de la qualité nutritionnelle des aliments transformés, octobre 2024, vol. 5, n° 2

Cette veille est destinée aux acteurs de santé publique, de la filière bioalimentaire, d’organismes gouvernementaux et non gouvernementaux ainsi qu’à toute personne interpellée par la qualité nutritionnelle des aliments transformés. Les publications recensées dans cette veille ont été choisies pour leur pertinence en regard de l’amélioration de la qualité nutritionnelle globale des aliments transformés et de leur similitude au contexte québécois. Plus spécifiquement, elles abordent les thématiques de reformulation, de politiques alimentaires et de programmes de subvention.

Mise en contexte et méthodologie

L’industrialisation des systèmes alimentaires dans les pays développés a engendré une modification importante des habitudes alimentaires et de la culture culinaire au cours des dernières décennies (Monteiro et al., 2013). L’accentuation de la présence des aliments transformés et ultra-transformés (ci-après nommés aliments transformés) dans notre alimentation s’est faite au détriment des plats cuisinés à base d’aliments frais et peu transformés (Moubarac, 2017; Moubarac et al., 2014). Or, les aliments transformés sont souvent riches en gras saturés, en sucre et en sodium; des nutriments qui, lorsque consommés en excès, sont défavorables à la santé. Pour contrer cette problématique, différentes mesures visant l’amélioration spécifique de la qualité nutritionnelle des aliments transformés peuvent être mises en place.

Le gouvernement du Québec s’est engagé, par le biais de la Politique gouvernementale de prévention en santé, à travailler à l’amélioration de la qualité nutritionnelle des aliments transformés (MSSS, 2016). S’inscrivant dans ces travaux, cette veille périodique vise à documenter les thématiques suivantes : reformulation volontaire ou réglementaire des aliments transformés, politiques alimentaires visant l’amélioration des produits vendus au grand public et programmes de subvention visant l’amélioration de la qualité nutritionnelle des aliments transformés.

Pour ce numéro de veille, un processus de vigie prospective non exhaustive de la littérature scientifique et de la littérature grise a été mené du 1er novembre 2023 au 31 mai 2024. Plus précisément, les flux RSS des organismes d’expertise reconnus en santé publique ont été scrutés à l’aide de mots-clés dans le logiciel Inoreader; les infolettres d’organismes de santé publique reconnus ont aussi été consultées.

Des stratégies de recherche ont été développées pour le catalogue de Santécom et les bases de données Embase, Global Health, AgeLine, CINAHL, Environment Complete, ERIC, Health Policy Reference Center, MEDLINE Complete, Political Science Complete, Psychology and Behavioral Sciences Collection, PsycINFO, Public Affairs Index et SocINDEX with full text, dans les plateformes EBSCO Host et Ovid.

La sélection manuelle des publications, dans le but d’évaluer leur pertinence, a initialement été effectuée sur la base du titre et, par la suite, du corps de texte.

Pour les résumés présentés dans le volet analytique de ce bulletin de veille, une priorité a été accordée aux publications provenant du Québec, du Canada ou d’un pays ou d’une juridiction avec un contexte similaire. Une priorité a également été donnée aux revues de littérature et aux publications gouvernementales portant sur l’évaluation de mesures visant l’amélioration de la qualité nutritionnelle des aliments transformés. L’équipe de rédaction a convenu de résumer de cinq à huit publications par bulletin. Il est à noter que la qualité scientifique des publications n’a pas été pas évaluée.

Cliquez sur l’hyperlien de la référence pour obtenir plus de détails ou pour accéder au texte intégral. Pour obtenir le texte intégral lorsque celui-ci n’est pas disponible gratuitement, adressez-vous à la bibliothèque ou au centre de documentation de votre institution.

Publications répertoriées

Cette section présente les 48 publications répertoriées qui traitent de l’amélioration de la qualité nutritionnelle des aliments transformés au Québec. Les références ont été classées selon les types de mesures qu’elles abordent : la réduction des teneurs en sodium, en sucre (incluant la taxation des boissons sucrées), en calories ou en plusieurs nutriments, l’augmentation des teneurs en fibres, l’étiquetage nutritionnel ou la restriction du marketing alimentaire. Les références qui abordent plusieurs mesures sont classées dans une catégorie distincte.   

Réduction des teneurs en sodium

Réduction des teneurs en sucre

Réduction des teneurs en calories

Réduction des teneurs en plusieurs nutriments

Augmentation des teneurs en fibres

Étiquetage nutritionnel

Restriction du marketing alimentaire

Plusieurs types de mesures

Résumés des publications clés

La section qui suit présente les résumés des huit publications sélectionnées en fonction des critères énoncés dans la section Mise en contexte et méthodologie.

Sel ou sodium?

À l’international, les dénominations sel et sodium sont utilisées pour désigner la consommation de sel. Au Canada, c’est le terme sodium qui est généralement employé puisqu’il s’agit de la composante du sel de table (chlorure de sodium, NaCl) à l’origine de l’hypertension artérielle.

1 g de sel de table ≈ 400 mg de sodium

Le terme sodium est utilisé dans les résumés ci-dessous, en dépit du terme employé dans la publication originale. Les quantités de sel sont traduites en sodium, selon l’équivalence disponible ci-dessus.

À noter que, dans les résumés, « cibles de reformulation » réfère à la définition générale de la politique publique, tandis que « cibles de réduction » est utilisé pour désigner les cibles de reformulation qui visent la réduction d’un nutriment en particulier (sucre, sodium, etc.).


Les effets positifs de la taxe sur les boissons avec sucres ajoutés du Royaume-Uni semblent plus marqués chez les ménages les plus défavorisés d’Angleterre

Contexte

La taxe sur les boissons avec sucres ajoutés du Royaume-Uni a comme objectif d’encourager la réduction des teneurs en sucre dans ces boissons, puisqu’elle est appliquée selon deux seuils de teneurs en sucre (entre 5 et 8 g par 100 ml et 8 g ou plus par 100 ml). Depuis son implantation en 2018, la taxe a entraîné une diminution des achats de sucre provenant des boissons, mais ses effets auprès des ménages des régions les plus défavorisées demeuraient jusqu’ici inconnus.

Objectifs et méthodes

Cette étude visait à mesurer l’effet de la taxe sur la quantité hebdomadaire de sucre achetée par les ménages anglais, en fonction de leur niveau de défavorisation socioéconomique. Pour ce faire, les auteurs ont réalisé des analyses de séries chronologiques interrompues en utilisant la quantité hebdomadaire moyenne de sucre provenant des achats de boissons (g/ménage/semaine). Les données d’achats et de teneurs en sucre utilisées provenaient de la société d’étude de marché Kantar, qui recrute un échantillon représentatif des ménages anglais (moyenne hebdomadaire de 17 717 ménages) et leur demande de scanner le code-barres des produits qu’ils achètent. La base de données apparie ensuite les codes-barres aux données de teneurs en sucre recueillies par l’équipe de Kantar. Les données utilisées pour cette étude ont été recueillies de mars 2014 à novembre 2019. 
L’effet de la taxe a été estimé en analysant la quantité hebdomadaire moyenne de sucre achetée provenant des boissons,19 mois après l’implantation de la taxe (novembre 2019). Puis, cette moyenne a été comparée à une moyenne hypothétique correspondant au scénario où aucune taxe n’aurait été implantée. Cette valeur a été calculée à partir des données d’achats recueillies de 2014 à 2016 et a permis aux auteurs de prendre en considération les tendances prétaxe d’achat de boissons. Enfin, les analyses ont été stratifiées par quintiles de l’indice de défavorisation multiple, une mesure de la défavorisation socioéconomique basée sur le lieu de résidence.

Ce que l’on y apprend

Les auteurs ont rapporté les résultats suivants :

  • Globalement, l’étude montre une réduction significative de la quantité hebdomadaire moyenne de sucre achetée provenant des boissons, par rapport au scénario où aucune taxe n’aurait été mise en œuvre (réduction de 15,0 g/ménage/semaine);
  • Les réductions les plus importantes ont été observées chez les ménages les plus défavorisés (- 37,5 et - 29,2 g/ménage/semaine, pour le premier et le deuxième quintile, respectivement). Toutefois, les ménages les plus défavorisés étaient encore ceux dont les achats de sucre provenant des boissons étaient les plus élevés;
  • Les quantités hebdomadaires moyennes de sucre provenant des achats de boissons des deux quintiles les plus favorisés semblaient aussi avoir diminué depuis la mise en œuvre de la taxe (- 10,9 à - 3,76 g/ménage/semaine pour le cinquième et quatrième quintile, respectivement).

Les auteurs qualifient ces résultats d’encourageants, mais ils mentionnent tout de même que des analyses supplémentaires devraient être réalisées pour évaluer l’impact financier de la taxe pour les ménages.

Cobiac, L. J., Rogers, N. T., Adams, J., Cummins, S., Smith, R., Mytton, O., White, M., & Scarborough, P. (2024). Impact of the UK soft drinks industry levy on health and health inequalities in children and adolescents in England : An interrupted time series analysis and population health modelling study. PLOS Medicine, 21(3), e1004371.


La mise en place d’une taxe sur les boissons sucrées pourrait diminuer les apports en calories des Canadiens

Contexte

Plusieurs pays et juridictions, dont la province de Terre-Neuve-et-Labrador, ont mis en place une taxe visant les boissons sucrées. L’Organisation mondiale de la Santé reconnaît d’ailleurs la taxation des boissons sucrées comme une intervention optimale pour réduire la consommation de sucre. Malgré cela, et bien que ce type de boissons contribue considérablement aux apports en sucre des Canadiens, aucune taxe à portée nationale sur les boissons sucrées n’a encore été implantée.

Objectifs et méthodes

En utilisant les données de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes de 2015, les auteurs ont modélisé l’effet que pourrait avoir la mise en place hypothétique de deux types de taxe sur l’apport moyen en calories des Canadiens provenant des boissons sucrées en fonction de certaines variables sociodémographiques. Les taxes suivantes ont été utilisées pour les analyses de modélisation :

  • une taxe forfaitaire de 20 % sur le prix global du produit;
  • une taxe à paliers, soit 10 % appliqué sur le prix global du produit pour les boissons contenant de 2 à 4,9 g de sucre/100 ml, 20 % pour les boissons contenant de 5 à 7,9 g/100 ml et 30 % pour celles qui contiennent 8 g/100 ml ou plus. Ces paliers se basent sur ceux de la taxe britannique sur les boissons avec sucres ajoutés.

Pour chaque scénario, l’effet du changement de prix sur la consommation de boissons sucrées a été modélisé en utilisant des élasticités de prix, dérivées des résultats d’une méta-analyse récente. Cette méta-analyse visait à évaluer les associations entre différentes taxes sur les boissons sucrées et des variables comme le prix et la consommation de ces boissons.

Ce que l’on y apprend

Les analyses de modélisation ont révélé que :

  • Si une taxe forfaitaire de 20 % était mise en place au Canada, l’apport moyen en calories provenant des boissons sucrées diminuerait significativement de 29 kcal par jour par habitant, représentant une réduction de 1,3 % de l’apport calorique quotidien;
  • Si le Canada mettait plutôt en place la taxe par paliers, l’apport moyen en calories provenant des boissons sucrées diminuerait de 40 kcal par jour par habitant, ce qui représente une réduction de 1,8 % de l’apport calorique quotidien;
  • Pour les deux types de taxe, les réductions des apports moyens en calories provenant des boissons sucrées seraient significativement plus importantes pour les 2 à 18 ans, les hommes et les personnes en situation d’insécurité alimentaire, comparativement aux personnes de 19 ans et plus, aux femmes et aux personnes en situation de sécurité alimentaire, respectivement.

Les auteurs rappellent que, même si ces résultats potentiels sont prometteurs, d’autres éléments doivent être considérés pour s’assurer que la mise en œuvre d’une taxe sur les boissons sucrées soit juste pour tous. Ils mentionnent, entre autres, la transparence quant à la raison d’être de la taxe et la façon dont les revenus générés par la taxe seront réinvestis pour équilibrer la charge fiscale inéquitable qui pèse sur les consommateurs avec un statut socioéconomique plus faible, pour qui la consommation de boissons sucrées est plus élevée.

Smith, B. T., Warren, C. M., Anderson, L. N., Hammond, D., Manuel, D. G., Li, Y., Andreacchi, A. T., Rosella, L. C., Fu, S. H., & Hobin, E. (2024). The equitable impact of sugary drink taxation structures on sugary drink consumption among Canadians : A modelling study using the 2015 Canadian Community Health Survey-Nutrition. Public Health Nutrition, 1‑27.


La taxation des aliments à teneur élevée en gras, en sucre et en sodium pourrait aider les consommateurs à faire de meilleurs choix alimentaires

Contexte

La taxation des aliments défavorables à la santé se définit comme une taxe appliquée de manière sélective à des catégories d’aliments qui sont susceptibles d’avoir des effets néfastes sur la santé. Ce type de taxe est de plus en plus reconnu comme une politique publique favorable à la santé, car elle a le potentiel de diriger les consommateurs vers de meilleurs choix alimentaires. L’exemple le plus connu est la taxation des boissons sucrées, mais certains pays décident aussi d’imposer des taxes sur les aliments riches en gras, en sucre et en sodium.

Objectifs et méthodes

Cette revue systématique de la littérature avait notamment comme objectif d’évaluer les effets de la taxation d’aliments riches en gras, en sucre et en sodium sur les achats, et la consommation de ces aliments ainsi que les apports alimentaires. Les bases de données Ovid, Medline, Scopus, ainsi que le Cochrane Central Register of Controlled Trials (CENTRAL) ont été questionnés pour identifier des études publiées jusqu’en 2021 inclusivement.

Ce que l’on y apprend

La stratégie de recherche a identifié vingt études publiées de 2015 à 2021. Sept de ces études ont estimé les effets de taxes hypothétiques, tandis que les treize autres ont évalué les effets de vraies taxes mises en œuvre au Mexique, aux États-Unis, en Hongrie et au Danemark. Les taxes réelles et hypothétiques visaient des catégories d’aliments comme les collations riches en calories, les confiseries, les pâtisseries et les aliments à teneur élevée en gras. 
Les constats suivants ont pu être dégagés par les auteurs :

  • La majorité (90 %) des études analysées suggèrent qu’après la mise en œuvre d’une taxe réelle ou hypothétique, l’achat et la consommation d’aliments riches en gras, en sucre et en sodium qui étaient visés par la taxe diminuait. Les effets observés étaient cependant variables et de faible ampleur;
  • Les effets des taxes réelles ou hypothétiques sur la réduction des achats d’aliments riches en gras, en sucre et en sodium semblaient être plus importants pour les taxes qui avaient un taux d’imposition plus élevé, celles qui étaient mises en œuvre avec des mesures d’aide pour l’achat d’aliments plus sains (p. ex. des coupons pour l’achat de fruits, légumes et d’aliments à grains entiers) et celles qui étaient appliquées à un large éventail d’aliments;
  • Les ménages dont le statut socioéconomique était plus faible réduisaient davantage leurs achats d’aliments assujettis à une taxe, comparativement aux autres groupes socioéconomiques.    

Enfin, les auteurs ont mentionné la grande hétérogénéité dans les types de taxes, les taux d’imposition, les catégories d’aliments imposées, les variables mesurées et les analyses statistiques utilisées, ce qui a limité la comparabilité des études et rendu impossible la réalisation d’une méta‑analyse.

Pineda, E., Gressier, M., Li, D., Brown, T., Mounsey, S., Olney, J., & Sassi, F. (2024). Review: Effectiveness and policy implications of health taxes on foods high in fat, salt, and sugar. Food Policy, 123, 102599.


Peu de progrès réalisés au Royaume-Uni quant à la réduction des teneurs en calories des aliments transformés

Contexte

Dans le cadre de son programme de reformulation, qui inclut également des cibles de réduction du sodium et du sucre, le Royaume-Uni a publié en 2020 des cibles de reformulation volontaires visant le contenu en calories de douze catégories d’aliments transformés. Ces cibles visent des réductions allant de 5 à 20 % des teneurs en calories qui, initialement, devaient être réalisées d’ici 2024. L’échéancier pour atteindre les cibles a depuis été prolongé d’un an (2025). En plus des pourcentages de réduction, d’autres types de seuils, dont des seuils sous forme de teneurs caloriques maximales, ont aussi été établis pour toutes les catégories d’aliments visées par ces cibles.

Objectifs et méthodes

Le rapport de l’Office for Health Improvement and Disparities présente l’évaluation des progrès réalisés de 2017 à 2021 quant à la réduction du contenu calorique des aliments transformés. Pour le secteur de la vente au détail, des données d’achats de la société Kantar (2017 et 2021), recueillies par les ménages qui scannent les codes-barres des produits qu’ils achètent, ont été analysées. Ces données ont ensuite été appariées aux données nutritionnelles collectées sur les emballages des produits. Pour le secteur de la restauration, les données d’achats des panels de Lumina Intelligence’s Eating Out Panel et Kantar Out of Home Purchase Panel ont été utilisées respectivement en 2017 et 2021. Ces données ont été combinées aux teneurs en calories des produits provenant de données librement accessibles sur les sites Web des restaurants ou transmises par les restaurateurs. Les auteurs du rapport n’ont pas été en mesure d’évaluer la significativité statistique des changements dans les teneurs en calories.

Ce que l’on y apprend

Les résultats suivants ont été observés pour le secteur de la vente au détail :

  • Les teneurs moyennes en calories des aliments vendus en portion unique sont demeurées stables de 2017 à 2021 pour un peu plus de la moitié des catégories concernées. La réduction la plus importante était celle rapportée pour le pain à l’ail/au fromage (- 7,8 %) et les augmentations les plus marquantes ont été rapportées pour les pizzas (3,5 %) et les croustilles et produits à base de pommes de terre (2,1 %);
  • Parmi les aliments vendus en portion unique, la proportion de produits respectant les teneurs maximales proposées était plus faible en 2021, comparativement à 2017, pour trois des sept catégories, alors qu’elle était plus élevée en 2021 pour les quatre catégories restantes;
  • De 2017 à 2021, la quantité de calories achetées a augmenté pour toutes les catégories d’aliments, sauf pour celle des repas principaux.

Pour le secteur de la restauration, les constats suivants ont été rapportés :

  • Les teneurs moyennes en calories par portion ont légèrement augmenté (1,0-2,3 %) dans toutes les catégories, sauf pour celle des pizzas pour laquelle une diminution d’environ 4 % a été observée;
  • La proportion de produits respectant les teneurs maximales proposées a augmenté de 2017 à 2021, et ce, dans toutes les catégories, sauf pour celle des entrées et accompagnements.

Les auteurs du rapport mentionnent que le peu de progrès observé pourrait être dû à la courte période entre la mise en œuvre des cibles (septembre 2020) et la collecte de données de la présente évaluation (septembre 2021).

Office for Health Improvement and Disparities. (2024). Analysis of food categories in the calorie reduction guidelines : 2017 to 2021 et Calorie reduction programme : Industry progress 2017 to 2021.


L’évaluation des cibles de reformulation de l’Australie montre des réductions de faibles ampleurs dans le contenu en sucre et en sodium de l’offre alimentaire

Contexte

Depuis 2020, l’Australie met en œuvre des cibles volontaires de reformulation visant une réduction des teneurs en sucre, en sodium et en gras saturés dans les aliments transformés dans le cadre d’une collaboration volontaire entre l’industrie alimentaire, la santé publique et le gouvernement. L’évaluation de l’atteinte des cibles diffusées dans le cadre d’une première vague a été publiée en 2023 et a montré une faible réduction des teneurs en sodium et en gras saturés dans les aliments transformés. L’évaluation de l’atteinte des cibles de la deuxième vague, qui incluait des cibles de réduction du sucre et du sodium pour de nouvelles catégories d’aliments, est résumée ci-dessous.

Objectifs et méthodes

Ce rapport présente l’évaluation des progrès réalisés vers l’atteinte des cibles de réduction du sucre et du sodium qui ont été mises en œuvre lors de la deuxième vague du programme de reformulation de l’Australie, et ce, deux ans après leur mise en œuvre. Les teneurs en sucre et en sodium des 410 produits évalués ont été partagées par les fabricants alimentaires en juin 2021 et en juin 2023. Ces teneurs ont ensuite été appariées à des données d’achats alimentaires de 2022-23, ce qui a permis d’isoler l’effet de la reformulation sur la consommation de sucre et de sodium de la population australienne. À noter que la significativité statistique des analyses réalisées dans le cadre de ce rapport n’a pas été évaluée.

Ce que l’on y apprend

Les principaux constats du rapport sont les suivants :

  • De 2021 à 2023, les teneurs en sucre et en sodium ont diminué pour 32 et 16 % des produits évalués, respectivement;
  • Les teneurs moyennes en sucre des produits analysés ont diminué de 3,8 % de 2021 à 2023. Cette diminution était principalement due à des réductions dans les teneurs moyennes en sucre des yogourts aromatisés (- 10,3 %), des céréales à déjeuner sans fruits séchés (- 7,7 %) et des barres tendres (- 1,4 %);
  • Une diminution de 2 % des teneurs moyennes en sodium a été observée dans les produits évalués. Les teneurs en sodium des céréales à déjeuner de type soufflées, en flocons ou extrudées ont diminué de 9,1 %, tandis que les teneurs en sodium des produits de maïs soufflé ont augmenté de 6,7 %;
  • Selon l’appariement des données d’achats alimentaires aux données de composition nutritionnelle, les réductions rapportées entraîneraient une diminution modeste de la consommation de sucre (- 1,3 %; <-0,1 g/pers./jour) et de sodium (- 0,01 %; -0,3 mg/pers./jour) de la population australienne.

Australian Bureau of Statistics (2024). Healthy Food Partnership Reformulation Program: Wave 2, two-year progress.


Quatre ans après la mise en œuvre de cibles de reformulation, les aliments offerts en Espagne ont des teneurs moins élevées en sucre, en gras et en sodium

Contexte

Comme beaucoup d’autres pays européens, l’Espagne a mis en œuvre en 2017 des cibles volontaires de reformulation visant la réduction des teneurs en sucre, en gras (totaux et saturés) et en sodium des aliments transformés (Plan). Ces cibles incluent des seuils sous forme de pourcentages de réduction des teneurs (allant de 3,5 à 18 %) pour 57 sous-catégories d’aliments. Les réductions devaient avoir été réalisées d’ici 2020.

Objectifs et méthodes

L’objectif de cette étude était d’analyser les progrès réalisés quant à la réduction des teneurs en sucre, en gras et en sodium dans les aliments transformés, ainsi que d’évaluer l’atteinte des seuils établis par les cibles de reformulation de l’Espagne. Les données de composition nutritionnelle présentes sur les tableaux de la valeur nutritive des produits visés par les cibles et vendus par les compagnies engagées dans le Plan ont été collectées en 2021 (n = 3 118), puis comparées aux données de composition nutritionnelle de 2016, qui ont seulement été collectées pour les produits considérés comme les meilleurs vendeurs (n = 1 173). Les auteurs ont aussi comparé les réductions des teneurs en sodium, en sucre et en gras aux recommandations de la commission européenne en lien avec les initiatives de réduction de certains nutriments dans l’offre alimentaire (-10 % sucre et gras, - 16 % sodium). À noter que les auteurs n’ont pas rapporté la significativité statistique de leurs résultats.

Ce que l’on y apprend

Les résultats suivants ont été rapportés par les auteurs de l’étude :

Les auteurs rappellent que le nombre de produits évalués lors de la première collecte de données de composition nutritionnelle en 2016 était beaucoup plus faible que lors de la collecte de 2021. Ces deux collectes de données ont été réalisées dans le cadre de deux études qui avaient des méthodologies et des objectifs différents.

Yusta-Boyo, M. J., González, E. G., García-Solano, M., Rollán Gordo, A., Peña-Rey, I., & Rodríguez-Artalejo, F. (2023). Reduction of sugar, salt and fat content in foods over the period 2016-2021 in Spain : The National Food Reformulation Plan. European Journal of Clinical Nutrition.


Références

  1. Monteiro, C. A., J.–C. Moubarac, G. Cannon, S. W. Ng et B. Popkin (2013). « Ultra-processed products are becoming dominant in the global food system », Obesity reviews, vol. 14, n° S2, p. 21–28.
  2. Moubarac, J.-C. (2017). « Ultra-processed foods in Canada: consumption, impact on diet quality and policy implications ». Montréal TRANSNUT, Université de Montréal.
  3. Moubarac, J.-C., M. Batal, A. P. B. Martins, R. Claro, R. B. Levy, G. Cannon et C. Monteiro (2014). « Processed and ultra-processed food products: consumption trends in Canada from 1938 to 2011 », Canadian Journal of Dietetic Practice and Research, vol. 75, n° 1, p. 15‑21.
  4. MSSS (2016). « Politique gouvernementale de prévention en santé : un projet d’envergure pour améliorer la santé et la qualité de vie de la population ».

Pour des questions ou des commentaires concernant cette veille scientifique, veuillez contacter Claudia Savard à [email protected]

Les numéros précédents sont disponibles sur le site de l’INSPQ à l’adresse suivante : https://www.inspq.qc.ca/veille-scientifique-amelioration-de-la-qualite-nutritionnelle-des-aliments-transformes

Cette veille est réalisée grâce à la participation financière du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec.

Rédactrice

Claudia Savard, Dt.P., Ph. D., conseillère scientifique spécialisée 
Unité Milieux de vie inclusifs, sains et sécuritaires 
Direction du développement des individus et des communautés

Avec la collaboration de : 
Gabrielle Durette, Dt.P., M.Sc., conseillère scientifique
Julie Maltais Giguère, Dt.P., M. Sc., conseillère scientifique
Aurélie Maurice, M.D., M. Sc., FRCPC, médecin spécialiste en santé publique et médecine préventive
Unité Milieux de vie inclusifs, sains et sécuritaires 
Direction du développement des individus et des communautés

Sous la coordination de : 
Maryse Caron, cheffe d’unité scientifique 
Unité Milieux de vie inclusifs, sains et sécuritaires 
Direction du développement des individus et des communautés

Relecture et mise en page : 
Sarah Mei Lapierre, agente administrative
Direction du développement des individus et des communautés

Les reproductions à des fins d’étude privée ou de recherche sont autorisées en vertu de l’article 29 de la Loi sur le droit d’auteur. Toute autre utilisation doit faire l’objet d’une autorisation du gouvernement du Québec qui détient les droits exclusifs de propriété intellectuelle sur ce document. Cette autorisation peut être obtenue en formulant une demande au guichet central du Service de la gestion des droits d’auteur des Publications du Québec à l’aide d’un formulaire en ligne accessible à l’adresse suivante : http://www.droitauteur.gouv.qc.ca/autorisation.php, ou en écrivant un courriel à : [email protected].

Les données contenues dans le document peuvent être citées, à condition d’en mentionner la source.