Le poids corporel chez les enfants et adolescents du Québec : de 1978 à 2005
Dans le cadre des activités de surveillance de l'état de santé de la population à l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), ce rapport dresse d'une part un portrait récent du statut corporel des Québécois âgés de 2 à 17 ans. D'autre part, il examine l'évolution de la prévalence de l'embonpoint et de l'obésité chez les jeunes de différents groupes d'âge, et dans une moindre mesure, celle de l'insuffisance de poids chez les adolescents, en comparant les prévalences mesurées ou autodéclarées depuis 1978.
Selon les données anthropométriques de 2004, soit les plus récentes mesurées à ce jour pour l'ensemble des enfants et adolescents québécois âgés de 2 à 17 ans, plus d'un jeune sur cinq présente un surplus de poids1. Plus spécifiquement, 15,5 % des enfants et adolescents sont en situation d'embonpoint, 7,1 % souffrent d'obésité et les garçons sont autant affectés que les filles dans ces catégories.
La prévalence de l'insuffisance de poids, qui fait plus rarement l'objet d'étude, est estimée à 6,3 %E2, sans qu'il n'y ait de différence significative entre les sexes. La proportion des jeunes québécois touchés par le surplus de poids se serait accrue de 55 % en 25 ans, passant de 14,6 %E à 22,6 % entre 1978 et 2004. L'augmentation plus importante de l'obésité expliquerait cet écart, considérant que les prévalences de l'embonpoint et de l'insuffisance de poids sont demeurées relativement stables au cours de cette période.
Comparativement aux autres canadiens, les jeunes du Québec se démarquent positivement en 2004 avec une plus faible prévalence de surplus de poids; par contre, la proportion de jeunes obèses n'est pas significativement différente de celle du reste du Canada. Quant à la prévalence de l'insuffisance de poids, bien qu'elle soit un peu plus élevée chez les jeunes québécois, elle demeure comparable à celle du reste du Canada.
L'analyse spécifique du surplus de poids mesuré chez les Québécois âgés de 2 à 17 ans selon certaines caractéristiques en 2004 démontre une variation de la prévalence selon le groupe d'âge. À cet égard, les adolescents de 12 à 14 ans (27,3 %) suivis des tout-petits de 2 à 5 ans (26,1 %) sont plus nombreux à présenter de l'embonpoint ou de l'obésité, alors que les enfants de 6 à 11 ans sont les moins touchés (18,4 %). Le statut socioéconomique du ménage est une condition qui influerait sur la prévalence du surplus de poids, alors que les jeunes de 2 à 17 ans vivant dans les ménages plus scolarisés ou à revenu élevé sont moins nombreux à présenter de l'embonpoint ou de l'obésité que dans les autres ménages. Par ailleurs, le lieu de résidence (milieu urbain vs milieu rural) et l'indice de défavorisation du milieu ne semblent pas affecter la prévalence du surplus de poids chez les jeunes.
L'évolution temporelle de la prévalence de l'embonpoint et de l'obésité chez les jeunes québécois de différents groupes d'âge entre 1978 et 2005 a été examinée en utilisant des données anthropométriques réelles et autodéclarées. Les données autodéclarées, plus disponibles que celles mesurées directement, révèlent une stabilisation de la prévalence de l'embonpoint et de l'obésité regroupés et séparés, au cours de la période étudiée, pour chaque groupe d'âge. Quant aux données anthropométriques réelles, elles semblent aller dans le même sens entre 1999 et 2004, alors que la prévalence de l'embonpoint et de l'obésité regroupés et séparés est restée stable pour chaque groupe d'âge entre 6 et 17 ans.
Pour l'insuffisance de poids, les données autodéclarées récentes démontrent une prévalence élevée chez les adolescents québécois en 2005 alors qu'elle touche un jeune sur dix âgé de 12 à 17 ans. Toutefois, les filles sont plus nombreuses que les garçons à en être affectées, soit 15,4 % c. 5,6 %E. Il n'y a pas eu d'augmentation significative de la prévalence entre 2000 et 2005 pour ce groupe d'âge (8,8 % c. 10,3 %), bien qu'on observe chez les filles âgées de 12 à 14 ans une hausse importante de l'insuffisance de poids avec une proportion passant de 11,0 % à 17,2 % au cours de cette période.
La prévalence de l'embonpoint et de l'obésité chez les jeunes québécois est élevée mais semble être en voie de se stabiliser. D'autres sources de données seront nécessaires dans les années à venir pour confirmer ces observations. Par ailleurs, le paradoxe observé chez les adolescents âgés de 12 à 14 ans dont la prévalence du surplus et de l'insuffisance de poids est élevée, suggère de poursuivre en parallèle la surveillance de ces deux catégories de poids chez les jeunes québécois.
1 L'expression « surplus de poids » est aussi utilisée dans le texte comme synonyme pour exprimer l'embonpoint et l'obésité regroupés chez les jeunes.
2 La lettre E signifie que l'estimation présente une imprécision importante et doit être interprétée avec circonspection.