Usage de drogues par injection et interventions visant à réduire la transmission du VIH et VHC : revue systématique de la littérature et validation empirique

L’usage de drogues par injection compte parmi les principaux facteurs de risque dans la transmission du virus de l’immunodéficience humaine (VIH) et du virus de l’hépatite C (VHC). Des actions préventives ont été mises en oeuvre et soutenues par la stratégie de lutte aux infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) du Service de lutte aux ITSS du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec (MSSS). Cette stratégie fait périodiquement l’objet d’une évaluation en vue d’ajuster les pratiques aux situations qui évoluent dans le temps. Le but du présent rapport est de fournir des informations sur la base de données factuelles et de résultats probants afin de guider la réflexion sur les aspects entourant la prévention du VIH et du VHC chez les personnes faisant usage de drogues par injection.

Au plan méthodologique, la recherche s’organise autour de trois objectifs. Objectif 1 - une revue systématique de littérature québécoise entourant les personnes utilisatrices de drogues par injection (UDI) et l’analyse transversale des données de recherches sur le profil des consommateurs et sur les facteurs de risque pour les infections à VIH et à VHC et pour le partage du matériel d’injection; Objectif 2 - une revue systématique de la littérature sur les interventions en prévention auprès des clientèles UDI d’ici et d’ailleurs dans le monde, doublée d’une analyse transversale de ces interventions; Objectif 3 - une validation empirique des données issues de la revue de la littérature auprès des personnes concernées par la prévention du VIH et du VHC.

Les données factuelles et les résultats probants issus des deux revues de littérature (études québécoises auprès de personnes UDI et interventions en prévention) ont été organisées en fiches synthèses pour la consultation auprès des personnes UDI qui fréquentent les programmes de prévention du VIH et du VHC et des intervenants de ces programmes. La technique du groupe nominal a été utilisée pour la consultation sur les interventions et les stratégies jugées efficaces et sur les comportements à risque pour le partage du matériel d’injection. Les entrevues d’une durée de deux heures ont aussi fourni du matériel qualitatif qui a fait l’objet d’une analyse de contenu.

Les principaux résultats de l’objectif 1 montrent que : les personnes UDI qui participent aux études réalisées au Québec ont différentes caractéristiques comme être un jeune de la rue, fréquenter les programmes d’échange de seringues, avoir été incarcérées, s’adonner à la prostitution pour les femmes ou être sans domicile fixe. Il faut souligner que les caractéristiques des personnes recrutées sont intimement liées aux lieux de recrutement que sont la cohorte des jeunes de la rue, la cohorte St-Luc et les programmes d’échange de seringues dans plusieurs régions du Québec. Pour ces consommateurs, on observe un vieillissement des populations (sauf chez les jeunes de la rue), une modification dans les produits consommés et dans les pratiques de partage du matériel d’injection.

Dans les résultats de l’objectif 2, la classification des interventions tirées de la littérature tient compte d’approches de réduction des méfaits, d’approches préventives en santé publique et d’approches basées sur des théories en promotion de la santé. Compte tenu de l’objectif de consultation auprès des clientèles à qui sont destinées les interventions, il convenait de développer une typologie qui soit cohérente, mais facile d’accès pour la consultation. Les activités de prévention-promotion de la santé ont été regroupées suivant deux axes : a) les interventions (distribution du matériel stérile, l’information-éducation, le dépistagecounselling, la relation d’aide et thérapie et le traitement de substitution ou la substitution à l’injection) et b) les stratégies (le travail de milieu, l’intervention par les pairs, l’intervention sociale de mobilisation et le lieu d’injection supervisé). Ces catégories ont été utilisées pour l’analyse transversale des interventions réalisées au niveau international et de celles réalisées au Québec. Ce même canevas sera aussi utilisé pour la consultation dans le cadre de la validation empirique.

Les principaux résultats de l’objectif 3 prennent appui sur les résultats des objectifs un et deux. Une consultation auprès des personnes fréquentant les programmes d’échange de seringues et les intervenants a été réalisée dans le cadre de groupes de discussion. Les principales observations entourant les cinq types d’intervention, les quatre stratégies d’intervention et les facteurs de risque pour le partage du matériel d’injection ont été présentées aux participants qui devaient juger de la pertinence des interventions et des stratégies à mettre en oeuvre pour agir sur les comportements à risque en vue de réduire le partage du matériel d’injection et la transmission du VIH et du VHC.

Finalement, toutes les stratégies d’intervention sont apparues intéressantes du point de vue des personnes UDI avec en tête de liste l’intervention par les pairs. Les intervenants et les personnes UDI n’ont pas la même conception d’un pair-aidant. Alors que les personnes UDI identifient le pair-aidant comme un membre actif de la communauté, les intervenants choisissent des anciens consommateurs comme pairs-aidant.

Miser sur une plus grande participation des personnes UDI dans le développement et la mise en oeuvre des stratégies d’intervention, préparer des interventions avec des approches théoriques et les évaluer ainsi que développer une stratégie nationale de prévention de la toxicomanie et des infections devraient faire partie des priorités pour lutter contre le VIH et le VHC chez les personnes UDI.

Type de publication

ISBN (électronique)

978-2-550-49823-0

ISBN (imprimé)

978-2-550-49822-3

Notice Santécom

Date de publication