Maladies reliées à l'exposition au béryllium au Québec : étude des réclamations soumises à la Commission de la santé et de la sécurité du travail entre 1999 et 2002
Les dossiers des travailleurs ayant soumis une réclamation pour maladie professionnelle pulmonaire reliée à l'exposition au béryllium à la Commission de la santé et de la sécurité du travail du Québec (CSST) et qui ont fait l'objet d'une décision du Comité spécial des Comités des maladies professionnelles pulmonaires (CSCMPP) du Ministère du Travail entre 1999 et 2002 ont été retenus dans l'étude. Ils ont été revus afin de connaître l'incidence des cas de bérylliose chronique et subclinique et de la sensibilisation au béryllium. L'étude visait aussi à décrire les caractéristiques et les symptômes présentés par les travailleurs au moment de la première décision du CSCMPP à leur égard.
Soixante-huit travailleurs ont été vus par le CSCMPP entre 1999 et 2002. Seize (23%) présentaient une bérylliose chronique, 12 (18%) une bérylliose subclinique, 21 (31%) une sensibilisation au béryllium et 19 (28%) n'avaient pas de pathologie reliée au béryllium.
Les travailleurs étudiés ne sont pas représentatifs de l'ensemble des travailleurs exposés au béryllium puisqu'ils proviennent en majorité de quelques entreprises ayant offert un dépistage à leurs employés. L'ensemble des travailleurs était âgé en moyenne de 47 ans au moment du diagnostic et les travailleurs avec une pathologie reliée au béryllium avaient été exposés en moyenne significativement plus longtemps (18 ans) à ce métal que les travailleurs sans pathologie (12 ans). La majorité des expositions étaient survenues dans l'industrie de la première transformation des métaux (63%) et dans l'industrie des constructeurs, promoteurs et entrepreneurs généraux (21%). Près de 75% des travailleurs appartenaient au personnel des métiers, du transport, de la machinerie, de l'installation et de la réparation, ainsi qu'à celui associé à la transformation, la fabrication et les services d'utilité publique.
Les travailleurs avec une bérylliose chronique rapportaient principalement de la dyspnée (32%), de la fatigue (25%), des râles (19%) et des sibilances (19%), tous des symptômes non spécifiques. Les travailleurs sans pathologie reliée au béryllium, mais avec une atteinte respiratoire, présentaient également des symptômes respiratoires et de la fatigue, qui peuvent être expliqués parce que la majorité d'entre eux souffraient d'une autre maladie, principalement de sarcoïdose. Les travailleurs atteints de bérylliose subclinique présentaient également des symptômes, contrairement à ce qui était attendu. Ceci confirme la difficulté de «nbsp;cernernbsp;» le portrait clinique de ces maladies.
Soixante-dix pour cent des travailleurs ont été investigués aux États-Unis, dont tous les travailleurs atteints d'une bérylliose subclinique. Ceci a pu avoir une influence sur le diagnostic puisque la biopsie est effectuée plus couramment aux États-Unis qu'au Québec et qu'elle permet de départager, par la présence de granulomes, les travailleurs sensibilisés des travailleurs atteints de bérylliose subclinique, les deux groupes étant par définition asymptomatiques. Finalement, neuf travailleurs ont fait l'objet de plus d'une évaluation durant la période de l'étude et la décision du CSMPP a été modifiée pour trois d'entre eux.
Cette étude mériterait d'être reprise en ajoutant les informations sur les travailleurs investigués après 2002 car l'augmentation du nombre de dossiers permettrait de décrire plus en détail la source d'exposition au béryllium et les tableaux cliniques présentés par les travailleurs.