Le risque relié au virus du Nil occidental au Québec et les interventions à privilégier
L’introduction du virus du Nil occidental (VNO) sur le continent nord-américain en 1999 a nécessité l’adoption et la mise œuvre d’un plan d’intervention gouvernemental ayant pour but de protéger la santé de la population québécoise. Ce plan d’intervention a été adopté en 2002 et a fait l’objet de mises à jour en 2003, 2004 et 2005.
Pour l’année 2005, le Plan d’intervention gouvernemental de protection de la santé publique contre le VNO prévoyait la mise en place d’un programme de surveillance des cas humains, des moustiques vecteurs et des oiseaux infectés par le VNO de même que l’adoption de mesures de protection personnelle, domestique et communautaire (Gouvernement du Québec, 2005). Sur les recommandations de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) (Bolduc et al., 2005), un programme de réduction du risque de transmission du VNO avec des larvicides a également été mis en oeuvre. Des applications de larvicides à des fins de contrôle ont aussi été effectuées sur la base des données de vigie sanitaire enregistrées durant la saison. Le Plan d’intervention gouvernemental de 2005 considérait finalement, en situation exceptionnelle uniquement, l’utilisation d’adulticides.
En prévision de la saison 2006, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) a demandé à l'INSPQ d'analyser, après quatre années d'observation, le risque que représente le virus du Nil occidental au Québec et d'identifier les interventions à privilégier pour la prochaine saison.
Afin de répondre à la demande adressée par le MSSS, l'INSPQ a réuni des responsables oeuvrant dans le domaine des maladies infectieuses et de la santé environnementale au sein de son organisation. Les lignes qui suivent présentent les éléments qui ont été considérés pour l'analyse du risque ainsi que pour l'identification des interventions à favoriser pour la saison 2006 de même que les conclusions du groupe.
Considérant :
- L’épidémiologie actuelle du VNO au Québec (maladie rare; très faible probabilité au Québec d’une éclosion majeure, survenue attendue de 3 à 20 cas annuellement et possiblement de petites éclosions localisées);
- Le peu d’efficience de maintenir un programme de traitement préventif annuel demandant beaucoup d’efforts pour tenter de réduire efficacement le nombre de cas qui pourraient survenir lors d’une peu probable, imprévisible et hypothétique flambée épidémique majeure au Québec;
- Le peu d’efficacité et d’efficience des moyens de correction disponibles durant une éclosion au Québec, ainsi que l’effort important en ressources pour maintenir une vigie nécessaire aux prises de décision tel que réalisée jusqu’à présent.
Mais considérant par ailleurs :
- Que des cas d’infection au VNO continueront à survenir au Québec et que le risque d’éclosion n’est pas nul;
- Que les infections à VNO demeurent des maladies à déclaration obligatoire, ce qui implique donc tout de même le maintien d’activités de vigie et d’enquête dans les équipes régionales de santé publique;
- Qu’il est possible que les changements climatiques à venir fassent augmenter au cours des 40 prochaines années au Québec la probabilité et la fréquence de certains évènements climatiques plus favorables à des épisodes de flambée épidémique occasionnelle, locale ou générale.
Il faut revoir le programme actuel d’intervention contre la transmission du VNO de manière à ce qu’il soit plus proportionnel au niveau de risque et de protection recherché.
Par ailleurs, malgré les progrès réalisés dans la connaissance de l’histoire naturelle et de l’épidémiologie du VNO, ainsi qu’à propos des moyens de gérer le risque, il existe encore plusieurs lacunes et incertitudes dans l’information disponible pour évaluer le risque et juger de l’efficacité des interventions contre le VNO. Ainsi, deux scénarios d’intervention sont proposés ici aux autorités de santé publique, variant selon le niveau de protection recherché et la tolérance au risque d’éclosion.