Étude d'impact stratégique du Plan d'intervention gouvernemental de protection de la santé publique contre le virus du Nil occidental : rapport sectoriel 7 - Évaluation des risques écotoxicologiques associés à l'utilisation de pesticides
Au début des années 2000, les autorités de la santé publique ont été témoins de la progression du virus du Nil occidental (VNO) en Amérique du Nord. En l'absence de traitement spécifique pour les infections causées par le VNO et de vaccin pour l'humain, plusieurs stratégies de prévention de la transmission du virus à l'humain ont été étudiées. Ces stratégies comprennent des mesures de prévention via la sensibilisation des populations concernées, un contrôle local des larves de moustiques directement sur les sites de reproduction par le biais de larvicides biologique et chimique et, en cas d'épidémie, le contrôle des populations de moustiques porteurs du virus à l'aide d'adulticides chimiques.
La présente étude s'inscrit dans le cadre des travaux préparatoires à l'application éventuelle des mesures de contrôle des populations de moustiques et vise à évaluer les risques potentiels pour l'environnement associés à l'utilisation de pesticides pour la prévention et le contrôle du VNO. Les produits étudiés comprennent trois larvicides (Bacillus thuringiensis var. israelensis (Bti), le Bacillus sphaericus (Bsph) et méthoprène), quatre adulticides (malathion, pyréthrines, d-trans-alléthrine, resméthrine) et deux produits utilisés pour augmenter la toxicité de certains adulticides (butoxyde de pipéronyle (PBO) et N-octyl bicycloheptène dicarboximide (MGK-264)). Toutefois, seuls les produits susceptibles de représenter un risque pour les espèces biologiques non visées (insectes, poissons, amphibiens, reptiles, oiseaux et mammifères) sont traités de façon détaillée. Ainsi, les larvicides qui, de par leur mode d'action spécifique (Bti et Bsph), leur faible toxicité pour les organismes non visés et leur mode d'application particulier (méthoprène), ne sont pas susceptibles d'affecter les récepteurs non visés, sont présentés dans ce rapport uniquement de façon succincte.
La méthodologie suivie dans le cadre de cette analyse s'inspire des ouvrages réalisés par New York City Department of Health and Mental Hygiene et Westchester County Board of Health dans le cadre de l'évaluation des programmes de contrôle des moustiques vecteurs du VNO de même que sur les études de risque réalisées par l'Environmental Protection Agency (EPA) dans le cadre de la procédure d'homologation des pesticides aux États-Unis. De façon générale, les modèles et les hypothèses formulés pour évaluer les risques sont simplificateurs de la réalité et tendent à surestimer le risque. Cette approche permet de statuer sur l'innocuité d'un produit mais ne permet pas de quantifier le risque avec précision.
Les différents adulticides étudiés sont considérés comme présentant un risque négligeable pour les amphibiens au stade adulte, les reptiles, les oiseaux et les mammifères. Par contre, tous les adulticides étudiés représentent un risque potentiel pour les insectes et autres invertébrés terrestres non visés par les interventions.
Le malathion représente un risque pour les invertébrés aquatiques, les poissons et possiblement pour les amphibiens au stade têtard. Le risque pour les amphibiens demeure toutefois incertain faute de données toxicologiques permettant d'évaluer le risque de toxicité chronique avec plus de précision.
Les données toxicologiques sur les pyréthrines synergisées étant également limitées, il est difficile dans le cadre de la présente évaluation de statuer sur les risques que l'utilisation de cet adulticide peut représenter pour les invertébrés aquatiques et les amphibiens. Le risque pour les poissons est toutefois considéré comme négligeable.
Le risque associé à l'utilisation de d-trans-alléthrine est jugé négligeable pour les populations de poissons. Le manque de données toxicologiques sur la d-trans-alléthrine synergisée ne permet toutefois pas de conclure sur l'innocuité du produit pour les invertébrés aquatiques et les amphibiens.
Enfin, la resméthrine représente un risque pour les insectes non visés, les invertébrés aquatiques, les poissons et les amphibiens au stade têtard.
Les résultats indiquent que les deux produits utilisés pour augmenter la toxicité de certains adulticides (PBO et le MGK-264) sont par eux-mêmes peu toxiques et ne représentent pas un risque significatif pour la faune.