Proportion de la population ayant augmenté sa consommation d’alcool au cours de la pandémie de COVID-19 et facteurs associés
Cette synthèse des connaissances fournit de l’information au sujet de la proportion de personnes qui ont augmenté leur consommation d’alcool au cours de la pandémie de COVID-19, au sein de la population générale et de celle des buveurs au Canada et dans d’autres pays occidentaux. Elle identifie les caractéristiques sociodémographiques qui y sont associées et examine ses liens avec les états de santé mentale, qui englobent à la fois la santé mentale, le bien-être et les troubles mentaux, de même que les motifs évoqués afin de l’expliquer. Les résultats s’appuient sur vingt-deux études issues de huit pays. Une de ces études a été menée au Québec, une au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse et neuf dans l’ensemble du Canada, principalement auprès des 18 ans et plus. La période couverte par l’ensemble des études est du 21 mars 2020 au 28 avril 2021 et du 29 mars 2020 au 28 avril 2021 dans le cas de celles menées au Canada.
Les résultats des études évaluées comme étant de haute qualité méthodologique indiquent qu’en contexte pandémique :
- 14 % des Québécois et 14 % à 20 % des Canadiens auraient augmenté leur consommation d’alcool. Chez les buveurs canadiens, 20 % à 24 % auraient fait de même, alors que 18 % ont déclaré avoir bu cinq verres d’alcool ou plus les jours où ils en avaient consommé au cours du mois précédent.
- Au Canada, l’augmentation de la consommation d’alcool a été associée à :
- Des caractéristiques sociodémographiques : 1) Être âgé dans la trentaine ou dans la quarantaine (également noté dans l’étude québécoise); 2) Être de sexe masculin; 3) Ne pas être membre d’un groupe racialisé ni être immigrant; 4) Avoir un ou plusieurs enfants de moins de 18 ans; 5) Avoir travaillé au cours de la dernière semaine plutôt que de ne pas avoir d’emploi ou de ne pas avoir travaillé au cours de cette période; 6) Détenir un diplôme universitaire plutôt qu’un diplôme d’études professionnelles, secondaires ou moins; 7) Avoir des revenus de ménage élevés;
- Une santé mentale perçue comme étant passable ou mauvaise et au fait de voir son bien-être affecté par des soucis financiers liés à la pandémie;
- La présence de symptômes de trouble d’anxiété généralisée modéré à sévère ou de symptômes de trouble dépressif majeur;
- L’ennui, le stress, la solitude, l’insomnie, l’absence d’horaire régulier, la présence plus fréquente au domicile et la facilité d’accès à l’alcool.
Considérant les changements observés en matière d’usage d’alcool en temps de pandémie, il apparaît important de poursuivre la surveillance de la consommation d’alcool, de ses conséquences ainsi que des facteurs associés, dont ceux qui favoriseraient le maintien, voire l’amplification de la consommation d’alcool à des fins d’adaptation ou d’automédication. À cet effet, il importe de rappeler que consommer de l’alcool pour composer avec des émotions difficiles présente le plus grand risque de conséquences négatives, dont celui de développer un trouble de l’usage de l’alcool. Cet élément mériterait donc d’être considéré dans la mise en œuvre de services ou d’activités en matière de prévention, de réduction des méfaits et de prise en charge des problèmes de santé reliés à l’alcool, notamment en période de crise sanitaire et au cours des phases de rétablissement.