Surveillance du virus du Nil occidental - Évaluation de l'utilisation du Système intégré de données de vigie sanitaire

Afin de supporter la prise de décision chez les professionnels affectés au dossier du virus du Nil occidental (VNO), l'Institut national de santé publique du Québec a été mandaté par le ministère de la Santé et des Services sociaux pour développer un Système intégré des données de vigie sanitaire (SIDVS) capable à la fois de regrouper des données de surveillance provenant de plusieurs sources et de les rendre disponibles en temps réel. Ce système a été implanté progressivement entre les mois de mai et d'octobre de la saison du VNO en 2003. Le présent rapport concerne l'évaluation de son utilisation dont les objectifs visaient principalement à cibler les difficultés rencontrées avec le SIDVS, ainsi qu'à identifier les facteurs pouvant expliquer d'une part son utilisation en 2003 et d'autre part l'intention de s'en servir en 2004.

Au total, 94 personnes ayant eu accès au SIDVS en 2003 ont participé à l'étude : 49 s'en étaient servi au moins une fois par semaine, 29 moins d'une fois par semaine et 16 ne l'avaient jamais utilisé. Par rapport aux autres participants, les grands utilisateurs (≥ 1 fois par semaine) ont rapporté plus souvent avoir rencontré des difficultés (surtout liées à l'apprentissage) ayant nui ou empêché l'usage du système. Malgré cela, une grande proportion d'entre eux a considéré l'utilisation du SIDVS adaptée aux tâches professionnelles, et utile pour le suivi épidémiologique et la prise de décision.

Diverses perceptions – autres que celles ayant été associées à l'utilisation du SIDVS en 2003 – ont été déterminantes pour différencier les participants selon leur intention de se servir du système lors de la saison 2004 (moyenne ou forte intention versus peu ou pas), soit la perception que son usage était utile pour l'obtention de données pertinentes et valides, en plus d'être stimulant intellectuellement et un gain pour l'autonomie professionnelle. Notons cependant qu'une plus forte intention de se servir du SIDVS au cours de la prochaine saison a été associée avant tout à une plus grande utilisation du système en 2003. Cette observation concernait surtout les organismes centraux et les directions de santé publique (DSP) à moindre risque car dans les autres DSP, la relation entre l'utilisation et l'intention allait plutôt dans le sens inverse.

La perception que l'utilisation du SIDVS portait atteinte à l'autonomie professionnelle pourrait avoir contribué à diminuer l'intention chez certains participants des DSP à haut risque d'éclosions du VNO. Le contexte d'implantation du SIDVS n'est également pas à sous-estimer. En effet, le développement et l'expérimentation du système ont été réalisés de façon concomitante à l'élaboration et à la mise en œuvre d'une approche intégrée visant la surveillance d'un problème de santé en émergence pour lequel il n'y avait ni vaccin, ni traitement spécifique. Or, les participants des DSP à haut risque d'éclosions ont été au cœur de cette démarche, et des stress qu'elle a suscités. Conséquemment, il est probable qu'une partie de la démotivation de certains participants de ces DSP n'ait pas été causée directement par l'utilisation du SIDVS, mais plutôt par la conjoncture dans laquelle s'est insérée la mise en place de cette nouvelle technologie de l'information, ce qui était en soi un changement majeur dans la pratique professionnelle.

Certaines recommandations ont émergé des résultats, comme :

  • la nécessité de bien définir les rôles et les tâches des différentes personnes impliquées dans le dossier de la surveillance du VNO (p. ex. qui fait quoi au sein d'une même organisation), et s'il y a lieu de fournir les ressources nécessaires à la réalisation des activités engendrées par l'utilisation du SIDVS;
  • le besoin d'investir plus de temps pour la formation des nouveaux utilisateurs, tout au moins de prévoir du matériel pour les supporter de façon continue;
  • l'importance de faire la promotion du SIDVS mis de l'avant dans une perspective de surveillance intégrée, entre autres pour informer les utilisateurs ayant eu accès au SIDVS en 2003 des corrections qui ont été apportées au système jusqu'à maintenant.

En conclusion, la saison 2003 a permis de développer une expertise québécoise sans précédent dans le domaine de la surveillance du VNO au Canada et tout ce qui y fût réalisé, de la plus petite à la plus importante décision, servira d'assise pour les prochaines années. Répondre aux recommandations de ce rapport ne pourrait que contribuer à bonifier l'ensemble de cette démarche innovatrice en protection de la santé publique.

Auteur(-trice)s
Diane Bélanger
Ph. D., Institut national de la recherche scientifique et Centre de recherche du Centre hospitalier universitaire de Québec
Pierre Gosselin
M.D., MPH, Institut national de santé publique du Québec, Institut national de la recherche scientifique
Type de publication
ISBN (imprimé)
2-550-43348-3
Notice Santécom
Date de publication